L'information élevage par l'Alliance Pastorale

Face à un risque parasitaire, un suivi des lots par coproscopie est fortement conseillé

Situation sanitaire Octobre-Novembre 2025

Comparativement à la période d’octobre à décembre 2024, les analyses coproscopiques des départements contributeurs du 11 septembre au 10 octobre 2025 ne proviennent que de 7 départements.   

L’ensemble des parasites internes sont présents : le risque d’impact parasitaire et de réinfestation automnale est donc particulièrement élevé. Il serait bon que les coproscopies soient effectuées systématiquement sur les lots à la rentrée en bâtiment, mais également sur les lots restant au pâturage cet hiver, pour maximiser les performances des animaux.

(cf Bulletin de l'Alliance N°970 - Novembre 2025)

5 des 7 autopsies effectuées pendant la période montrent une cause parasitaire : 

• Chez les agneaux : strongles de la caillette et ténia.

• Chez les adultes : strongles de la caillette et petite douve.


La présence de repousse d’herbe à l’automne dans de nombreux secteurs a permis de remettre en état les cheptels ovins : cela peut expliquer la diminution du nombre d’échantillons reçus en ce début d’automne. Attention toutefois, un bon indice corporel et une alimentation riche peuvent masquer la présence des parasites. La coproscopie permet de vérifier le statut parasitaire actuel pour éviter une dégradation de la situation en fin de gestation, et donc maintenir les performances de l’exploitation en gardant le bénéfice de la repousse automnale.


Les strongles digestifs ainsi que les strongles de bergerie sont bien présents, tout comme la petite douve. Sur le terrain, dans certains secteurs, la paramphistomose a connu un retour important : le parasite étant peu pondeur, les cheptels doivent être suivis avec attention.


Paramphistomose : 

Ce parasite est lié aux limnées que l’on retrouve dans les biotopes humides. 

Une forme aiguë est liée à une infestation massive d’immatures qui vont se nicher dans la muqueuse intestinale et provoquent une diarrhée. Les symptômes typiques de la forme chronique liée à la présence massive du parasite adulte sont la régurgitation et la présence de boules d’herbe ou de foin dans les auges et litières ou encore dans les prés. Une symptomatique plus générale recouvre un amaigrissement progressif ainsi qu’une diarrhée intermittente.

Le parasite vit plusieurs années : il peut donc rester discret et ne se révéler qu’en cas d’infestation massive certaines années.


ATTENTION :

Le traitement se fait avec l’oxyclosanide, molécule active contre le stade adulte du paramphistome à un dosage proche de la concentration toxique pour son hôte : il est donc à réserver à des périodes physiologiques peu à risque, hors début et fin de gestation notamment.


Petite Douve

Ce parasite du foie est connu pour son impact sur la lactation des brebis dès la mise-bas, et peut également pénaliser la fin de croissance des agneaux d’herbe (animaux corrects en gabarit mais ne se finissant pas).


ATTENTION : 

Un traitement contre la petite douve doit impérativement se faire en dehors des deux premiers mois de gestation : en effet, la molécule active au dosage préconisé contre ce parasite est incompatible avec le début de développement embryonnaire, occasionnant des déformations foetales !!


Face à un risque parasitaire notamment en strongles gastro-intestinaux et petite douve, démontré par les résultats coproscopiques de notre laboratoire, il est conseillé d’effectuer un suivi par coproscopie des lots dès à présent : l’absence ou la minimisation du parasitisme au pré, mais également à la rentrée en bergerie va permettre une meilleure valorisation de la ration pour des animaux en finition ou en fin de gestation, permettant d’une part une prise de poids et de gabarit optimisés (agneaux de boucherie, agnelles de renouvellement / développement fœtal donc poids des agneaux à la mise-bas), et d’autre part des économies de fourrage et concentrés.


ATTENTION : pour une bonne efficacité des traitements, il vous faut :

•  Bien choisir la molécule active : il n’existe pas de produit miracle traitant tous les parasites ! De même, les résistances sont nombreuses, en particulier concernant les strongles gastro-intestinaux. N’hésitez pas à contacter votre vétérinaire spécialisé, qui vous conseillera le produit adéquat.

• Bien choisir le moment de traitement : les dosages de traitement de la petite douve sont tératogènes, ils ne peuvent pas être utilisés pendant les deux à trois premiers mois de la gestation !

• Ne pas sous-évaluer le poids des animaux à traiter : ce problème concerne en premier lieu les lots hétérogènes ainsi que les brebis en fin de gestation. Or un traitement sous-dosé n’élimine pas le parasitisme, et augmente le risque d’apparition des résistances !


ALLOTER LES ANIMAUX ET TRAITER AVEC LE BON PRODUIT A LA BONNE DOSE !


Maya Diehl

Dr Vétérinaire

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