L'information élevage par l'Alliance Pastorale

Maladies à vecteur (FCO, MHE, SBV)

Situation sanitaire novembre/ décembre 2023

Cf Bulletin de l'Alliance N°949 - Décembre 2023

Coprologies
La situation parasitaire est sensiblement identique à celle de l’an dernier. Les strongles de bergerie semblent légèrement moins présents mais cette diminution peut aussi s’expliquer par de moindres naissances sur la période de septembre/octobre.
La petite douve est elle bien présente pour ce début d’hiver. Les zones où elle est active dépendent beaucoup des conditions météo de l’été (plus il fait sec et plus il y a de risque qu’elle soit là). On rappellera que l’impact est important au moment de l’agnelage et qu’il faut donc la prendre en charge avant agnelage. Les molécules actives peuvent être employées sans difficulté en fin de gestation, les précautions ne concernent que le début de gestation. Si les luttes ont été étalées, effectuer le traitement au tri des brebis avant mise bas (celles qui ont du ventre et de la mamelle peuvent être vermifugées).
Le constat de présence hétérogène est fait également pour la grande douve, elle est déjà bien présente et surtout dans les zones qui ont bénéficié d’orages cet été.


Autopsies
On constate une égale répartition entre les causes parasitaires et les causes infectieuses dans les résultats des autopsies du mois passé. A noté que les animaux ayant souffert pendant l’été sont plus susceptibles de développer des maladies graves (parasitaire ou infectieuse), ce qui explique une partie de la surmortalité constaté cet automne, notamment avec des tableaux lésionnels multiples (de nombreuses maladies et parasites retrouvés sur le cadavre). Ces animaux, avec multiples pathologies, sont souvent difficiles à guérir car il faut soigner toutes les maladies en même temps tandis que le problème de base (épuisement par suite d’un début d’automne difficile) n’est pas solvable.


Maladies à vecteur (FCO, MHE, SBV)


Alors que la MHE, pour son coté exotique et pénalisant les relations commerciales, fait amplement parler d’elle, la fièvre catarrhale (FCO), véhiculée par le même insecte, remonte gentiment du sud sans faire de vagues. Certes de nombreux éleveurs y ont déjà fait face et savent comment y réagir, mais quelques rappels peuvent aider ceux qui ont oublié ou n’y ont jamais été confronté.


La problématique est double. La première est celle que l’on rencontre principalement en ce moment. C’est la partie la plus visible : les cas cliniques sur bovins et ovins. Les fièvres sont intenses, les animaux très affectés sont faibles, immobiles, ils bavent, ont mal aux lèvres, refusent de manger et de boire, parfois des lésions sont présentes dans la bouche, souvent les lèvres ou le cou sont gonflés. Les plus atteints respirent avec peine du fait de la forte congestion pulmonaire. La langue bleue est rarement constatée et ne doit pas être considérée comme un critère fiable. Le traitement d’urgence repose sur des anti-inflammatoires, parfois stéroïdiens quand l’animal tombe très bas et des diurétiques pour faire dégonfler. La mortalité n’est pas négligeable.


La deuxième, n’est pour le moment pas constatée, mais a fortement impacté les troupeaux sur le passage 2008-2009. Il s’agit de l’effet sur la réussite des reproductions : stérilité (au moins temporaire) des mâles, avortements et mortalité embryonnaire sont des signes réguliers de FCO. Pour imiter l’impact économique, vous pouvez, à minima, changer de mâle(s) tous les 2 cycles. Idéalement profitez du changement de mâle, pour contrôler l’état des testicules des taureaux et béliers. Les échographies des femelles sont fortement conseillées pour gérer les échecs de reproduction, reconstituer les lots et mieux surveiller les naissances dans un contexte ou l’étalement des mises bas risque d’être plus important. Les mâles détectés anormaux, seront recontrôlés 2 mois après. Si les anomalies persistent ils devront être reformés.

Seule une sérologie peut permettre de diagnostiquer avec certitude, de faire connaître l’ampleur de la situation et d’exclure la MHE.


A noter également que la troisième maladie véhiculée par ce moucheron (maladie de Schmallenberg) a également fortement touché les agnelages d’octobre et début novembre, en se manifestant sous la forme d’avortements tardifs, de forte mortalité néonatale, couplés à des malformations assez typiques (colonne vertébrale, pattes, mâchoires).


Delphine Daniel 

Dr Vétérinaire

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