L'information élevage par l'Alliance Pastorale

Rappel sur la Fasciola Hépatica

Situation Sanitaire Février/ Mars 2023

La répartition des parasites -eu égard aux résultats des coprologies- est sensiblement identique entre le premier trimestre 2023 et le premier trimestre 2022. On note cependant qu’il y a eu, à l’analyse dans notre laboratoire, environ 8 fois moins de résultats avec de la grande douve. On sait que le diagnostic de la grande douve est aléatoire dans les coprologies mais la baisse considérable de diagnostics de ce Trématode, est à mettre en relation avec une sécheresse intense qui s’est étalée de mai à octobre 2022 empêchant les limnées de se développer au printemps 2022 et donc empêchant le déroulement de leur cycle. Comme il y a eu peu de métacercaires (larve infestante) autour des rares points d’eau, il y a eu peu de transmission aux ovins. Rien ne peut pour l’instant dire si le cycle reprendra au printemps 2023 et à quelle intensité. Il faudra donc garder un œil sur le parasitisme des troupeaux. On notera par ailleurs que malgré la sécheresse de nombreux parasites ont réussi à passer la période sèche et sont bien présents cet hiver. En particulier on notera que la petite douve et les strongles digestifs maintiennent leurs présences dans tous les départements du PSE ces derniers 3 mois.


Cf Bulletin de l'Alliance N°941 - Mars 2023


Rappel sur Fasciola Hépatica :


Biologie :

La grande douve est un ver plat à l’état d’adulte, triangulaire et de couleur nacrée. Le parasite adulte mesure de 2 à 2,5 cm de long.


Les œufs sont émis dans les fèces de l’hôte définitif (ruminant). Une larve s’en extrait pour rejoindre un Escargot aquatique nommée Limnée (l’hôte intermédiaire). A l’intérieur de ce Mollusque, la larve poursuit son développement. Elles finissent par s’en extraire sous forme de Métacercaires qui viendront se fixer aux végétaux proches d’un point d’eau. Une empreinte de sabot avec peu d’eau peut suffire.

Enfin la métacercaire est avalée par l’hôte définitif et la boucle est bouclée.

A l’intérieur de l’hôte définitif, les larves s’enkystent dans le tube digestif puis évoluent en jeunes adultes avant de traverser l’intestin et de migrer dans le foie.


Epidémiologie :

Les œufs ne résistent pas une forte sécheresse, ni à des températures inférieures à 0°C. Les larves ne peuvent poursuivre leur développement à l’extérieur qu’à des températures supérieures à 10°C.

Les agneaux et les agnelles sont particulièrement sensibles. La sensibilité est accrue aussi pour les brebis gestantes et les ovins maigres.

La contamination, eu égard au cycle, dépend du climat, de la conduite d’élevage et des prairies. Une infestation massive ralentit le développement parasitaire et des jeunes douves peuvent rester dans le foie plusieurs mois à l’état d’immature.


Les périodes à risques :

- La mise à l’herbe : la contamination est due aux larves qui ont subsisté pendant l’hiver ;

- Fin juin en zones tempérées : Les Escargots reprennent leurs activités après la pause hivernale et les larves finissent leurs développements avant d’être avalées. Les agneaux y sont particulièrement sensibles.  Il semble néanmoins qu’une sécheresse importante à cette période, limite le développement et la multiplication de la grande douve.

- Fin septembre : contamination la plus forte qui contamine toutes les catégories des ovins. 


Lésions :

La migration des larves crée des lésions qui se fibrosent dans le parenchyme hépatique. Il y a entre autres une spoliation sanguine entraînant des baisses d’ingestion (moins 15%), une baisse de la fertilité et très souvent, en l’absence de traitement, la mort.


Diagnostic

- Symptômes : Signe de la bouteille - Amaigrissement - Muqueuses blanches ou jaunes.

- Examens coprologiques

Les larves ne sont pas toujours présentes dans les fèces car la grande Douve pond de manière aléatoire. Il est notamment recommandé de faire une coprologie sur les animaux à l’entrée en bergerie.

- Sérologie : on ne peut faire des sérologies ELISA que sur les agneaux et agnelles. En principe il faut prélever une dizaine d’animaux par lot.

- Abattoir : les saisies à l’abattoir renseignent sur les éventuelles contaminations

- Diagnostic thérapeutique : on confirme le diagnostic si l’état des animaux s’améliore en 4 à 6 jours après un traitement contre la Grande Douve.


Prévention :

On peut limiter la présence de l’hôte intermédiaire en drainant les pâturages humides ou en installant des clôtures pour en empêcher l’accès.


Thérapeutique :

Le traitement systématique avec un douvicide. Tous les produits ne traitent pas les jeunes larves. Les deux médicaments qui agissent sur presque tous les stades larvaires sont :

- Le Triclabendazole (3 à 16 semaines).

- Le Closantel (6 à 16 semaines).



Luc Rozette 

Dr Vétérinaire

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