- Par Laurent Saboureau
Ensemencement et stimulation de flores favorables
Favoriser une flore bactérienne favorable au détriment d’une flore pathogène, ou installer la première pour éviter que la seconde ne se développe dans un environnement sain, est une solution alternative en élevage afin de maintenir de bonnes conditions d’hygiène et la bonne santé des animaux. Dans le premier cas, on stimule le développement de bactéries bénéfiques naturellement présentes en les nourrissant avec des éléments favorables, les prébiotiques. Dans le second cas, on ensemence le milieu (environnement ou animal) non encore contaminé avec des bactéries dites pro-biotiques qui vont lui être bénéfiques et éviter que ne s’installent des bactéries pathogènes. Les deux stratégies peuvent également être associées.
Voici quelques exemples.
Le tube digestif des ruminants nouveau-nés
A la naissance, le jeune ruminant naît avec un tube digestif «stérile». Les premières bactéries ou germes qui vont être ingérés vont donc pouvoir se développer sans obstacle et coloniser le tube digestif. S’il s’agit de bactéries pathogènes, cette colonisation va conduire à des entérites néonatales (souvent colibacilloses) avec diarrhée, déshydratation et affaiblissement.
Dès la naissance, sur tous les nouveau-nés ou seulement les plus faibles selon le contexte d’élevage, il est donc bénéfique d’ensemencer le tube digestif avec des pro-biotiques favorables. Ils vont s’installer et agir comme premiers occupants, en empêchant la colonisation par des bactéries pathogènes. Le plus efficace est de faire ingérer individuellement un aliment complémentaire adapté (Ex : FLOR-ALLIANCE 0111017 ). Cet ensemencement peut être complété par une distribution collective libre-service (Ex : PHYT-AP KEFIR DEMARRAGE 0111020 ou mélangé à l’aliment d’allaitement (Ex : PHYT-AP JEUNES ANIMAUX 0100370 ) de pré- et /ou probiotiques. L’amélioration de l’hygiène digestive permet également de mieux encadrer le développement parasitaire digestif.
Sur les ruminants adultes, la flore digestive étant quantitativement plus importante et qualitativement plus complexe et multiforme, on a davantage recours aux pré-biotiques pour la stimuler, la réguler ou la réorganiser à la suite des accidents digestifs ou lors de distribution de ration à risque sur le plan digestif. Pour se faire, les micro-nutriments issus de la fermentation de levures sont particulièrement efficace (Ex : FLORISTAR XP 0110133 ).
La litière des bâtiments
L’hygiène des litières passe par un paillage et un curage régulier, mais aussi par la stabilisation grâce à l’épandage de produits poudre, appelés couramment «asséchants de litière». La nature et l’objectif des produits présents sur le marché sont cependant très divers. Il peut en effet s’agir de simples «asséchants» donnant un aspect moins humide à la litière, de produits captant plus définitivement cette humidité et ayant un effet antiseptique, jusqu’à des produits plus innovants permettant l’ensemencement de la litière en bactéries positives.
C’est le cas de VETALHY NURSERY, complexe bactérien (bactéries lactiques et sporulées) lyophilisé sur support asséchant, qui a pour but de permettre un réveil et une multiplication rapide de ses bactéries dès l’ensemencement de la litière, tout en assurant un assèchement du milieu. L’inhibition des bactéries pathogènes ainsi induite se fait par colonisation et compétition spatiale et nutritive de la litière, mais également grâce à la production de substances inhibitrices (acides organiques, peroxyde d’hydrogène…) des bactéries pathogènes par ces bactéries positives.
L’effet produit est bénéfique sur le plan sanitaire, avec une baisse des dégagements d’ammoniac en bâtiment et au curage, une réduction du nombre de bactéries pathogènes dans la litière (voir figure 1) et ainsi moins de risque de contamination des animaux (voir figure 2). A noter que face à la pénurie à venir de foin et le transfert de l’utilisation de la paille de la litière vers l’alimentation, le recours au VETALHY NURSERY permet de réduire le rythme et les quantités de paillage, par l’amélioration de la tenue de la litière qu’il procure.
L’utilisation a également un effet bénéfique sur la valorisation agronomique du fumier issu des litières traitées, avec une augmentation de l’azote sous forme organique de 30 % et une baisse des volumes à épandre.
Les bactéries du VETALHY NURSERY sont inoffensives pour l’homme, l’animal et l’environnement et le produit est utilisable en Elevage Biologique. En ruminant, les préconisations d’utilisation sont de 80 g / jour et / m² de litière dans les cases et box de mise-bas et 40 g / animal avant le premier paillage puis 40 g / animal / semaine dans les autres zones de couchage.
A noter que le produit peut également s’utiliser en séchage des jeunes animaux à la naissance (y compris la zone du nombril), tout en permettant la constitution d’un biofilm positive sur leur peau.
Les pieds des animaux
L’utilisation de pédiluve sec dans les programmes de lutte contre le piétin et les affections du pied va croissante en élevage. Ce type de pédiluve apporte des avantages indéniables par rapport aux pédiluves liquides à base de sulfate de cuivre ou de zinc, de formol ou d’autres préparations spécifiques :
- passage plus aisé des animaux qui sont moins apeurés,
- moindre salissement et nettoyage plus aisé à la pelle ou au râteau,
- temps de stationnement limité, le produit se collant aux pieds des animaux,
- meilleur respect de l’environnement par une élimination plus aisée des éventuels résidus du pédiluve.
Les essais menés par le Pôle Santé Animale avec le GREEN AGRON 0200607 avait montré cette facilité d’utilisation d’un pédiluve sec et les résultats positifs obtenus sur des lésions de mal blanc ou de piétin (Bulletin de l’Alliance n° 855 – Mais 2015). Le principe du produit est d’abaisser le pH au niveau du pied pour le rendre impropre au développement des bactéries du piétin, de favoriser la régénération de la peau et de renforcer la corne.
Une autre voie d’action pour le pédiluve sec peut être de créer au niveau du pied un biofilm bactérien positif qui va s’opposer au développement des bactéries pathogènes du pied, et particulièrement celles du piétin (Fusobacterium necrophorum et Dichelobacter nodosus). C’est le résultat obtenu avec le VETALHY NURSERY, qui trouve ici une nouvelle application (voir figures 3 et 4).
Tout comme lors de son utilisation sur la litière, les bactéries du VETALHY NURSERY 0110132 s’opposent aux bactéries du piétin par compétition spatiale et alimentaire, mais également par la production de substances inhibitrices de ces bactéries pathogènes. L’équilibre qui s’installe entre les deux populations bactériennes empêche le développement de la maladie. Il est cependant fragile et nécessite un passage régulier dans le pédiluve 0400606 pendant toute la période à risque, lorsque les animaux sont au pré. En bâtiment, l’utilisation du VETALHY NURSERY sur la litière permet d’assurer le relais et ce contact régulier du produit avec les pieds des animaux.