La fièvre Q, une zoonose sous-estimée

Cette maladie dont les ruminants sont le principal réservoir est sous-diagnostiquée comme le montrent les résultats d’une étude réalisée dans 2 départements du Grand Ouest : 56 % des éleveurs, 90 % des vétérinaires et 12 % des donneurs de sang de la population globale présentent des anticorps indiquant qu’ils avaient déjà été en contact direct avec la bactérie responsable. Les professions travaillant en contact étroit avec des animaux d’élevage sont donc une population à risque élevé car on estime que plus de la moitié des troupeaux ovins et caprins et près de 30 % des troupeaux bovins seraient exposés à la fièvre Q. Le risque reste cependant non négligeable pour le reste de la population.


La fièvre Q, une zoonose sous-estimée

La pathologie 

     

L’agent causal 

C’est une bactérie : Coxiella burnetii, intracellulaire elle se multiplie dans les macrophages et les monocytes. Elle est caractérisée par une grande résistance dans le milieu extérieur : elle supporte de grandes variations de pH, elle peut survivre 30 minutes à 60°C, elle résiste à la dessication et à de nombreux antiseptiques et désinfectants aux concentrations habituelles, elle survit 40 mois dans du lait conservé à température ambiante, 2 ans à – 20°C, 7 à 9 mois dans de la laine à 20°C, 24 mois dans la litière…


Modes de contamination

Les voies d’excrétion de Coxiella les plus fréquentes sont les sécrétions vaginales, les matières fécales, l’urine et le lait.

Chez l’homme et l’animal la contamination se fait essentiellement par inhalation d’aérosols contenant la bactérie provenant de produits de la parturition, de l’urine et des excréments d’une femelle infectée. La bactérie en suspension dans l‘air étant très résistante peut facilement être transportée par le vent et contaminer des personnes sans contact étroit avec des animaux.

L’ingestion d’aliments souillés par les produits de parturition est un autre mode de contamination chez les animaux.


Symptômes chez les ruminants 

Souvent l’infection est asymptomatique ; en cas de signes cliniques ce sont essentiellement des troubles de la reproduction : avortement en fin de gestation, mise-bas prématurée, mortinatalité, naissance d’animaux chétifs, infertilité.


Symptômes chez l’homme

Dans 60 % des cas l’infection est asymptomatique.

Le plus souvent la fièvre Q se manifeste sous une forme aigüe avec fièvre et douleurs musculaires (symptômes pseudo-grippaux) ; on rencontre aussi des hépatites, des pneumopathies, des méningo-encéphalites dont des formes graves nécessitant une hospitalisation.

On rencontre aussi des formes chroniques à l’origine chez les femmes enceintes de grossesses perturbées (fausses couches, morts foetales, accouchements prématurés), ou d’endocardites et d’infections vasculaires chez les personnes immunodéprimées ou atteintes de valvulopathies. Ces formes chroniques sont invalidantes et de pronostic plus sombre que les formes aigües.


Prévention de la fièvre Q 

La prévention a pour but de diminuer l’incidence économique sur le troupeau mais aussi et surtout de limiter la contamination humaine.

Lors d’un épisode d’avortements il faut penser à la fièvre Q et effectuer une déclaration auprès du vétérinaire  (qui est obligatoire et prise en charge dans le cadre de la surveillance de la brucellose) afin de faire réaliser des prélèvements à des fins de diagnostic : une prise de sang sur les femelles avortées permet de faire une sérologie (test Elisa), un prélèvement de placenta et de mucus vaginal (écouvillon) permettent de faire une analyse PCR pour mettre en évidence Coxiella burnetii . Ces analyses doivent être réalisées dans les 7 jours, une prise en charge financière existe dans certains départements.

Il convient d’isoler les femelles avortées et d’adopter des mesures de biosécurité : lavage des mains, changement de tenue, désinfection après intervention sur les animaux, port de masque et de gants, prélèvement et destruction systématiques des placentas , gestion des effluents ( le fumier en particulier ) avec stockage à l’abri du vent , bâchage éventuel , manipulation par temps calme et humide , compostage des fumiers et enfouissement immédiat après épandage afin de limiter la population de Coxiella par voie aéroportée.


Le deuxième volet de la prévention passe par la vaccination du troupeau afin de limiter les avortements, améliorer la fertilité et diminuer l’excrétion de bactéries dans l’environnement.

Il n’existe qu’un seul vaccin sur le marché français : Coxevac ND ; il possède une AMM pour les bovins et les caprins ; le protocole vaccinal consiste en 2 injections à 3 semaines d’intervalle sur les femelles dès 3 mois d’âge, puis un rappel annuel ;  une durée de 5 ans de vaccination est nécessaire pour l’assainissement du troupeau.


Chez les ovins suite à un épisode d’avortements dû à la fièvre Q le même vaccin peut être utilisé : on vaccinera chaque année les agnelles de renouvellement dès l’âge de 3 mois avec 2 injections à 3 semaines d’intervalle afin d’acquérir progressivement une immunité de troupeau.