- Par Laurent Saboureau
Mouches et moucherons : la belle saison est de retour
La fin de l’hiver et la perspective du printemps marquent le retour des insectes dans les bâtiments d’élevage et à l’intérieur des véhicules de transport du bétail. Comme chaque année, il va falloir prévenir puis traiter la présence des mouches, à la fois dans les locaux mais aussi sur les animaux. Néanmoins, cette année, il faudra également être particulièrement vi-gilant vis-à-vis des moucherons du genre Culicoïdes, vecteurs de deux maladies en fort développement dans l’hexagone, la Fièvre Catarrhale Ovine (FCO) et la Maladie Hémorragique Epizootique (MHE).
Mouches
Les mouches appartiennent à l’ordre des diptères, insectes à cycle complet de métamorphose. De nombreuses espèces se développent autour de la présence des animaux, parmi lesquelles la mouche domestique est la plus connue et la plus fréquente dans les bâtiments d’élevage (voir figure 1). Parmi les autres espèces présentes en élevage de ruminants, on trouve aussi la mouche charbonneuse dans les bâtiments, la mouche d’automne en extérieur, la mouche des cornes dont le mâle et la femelle sont hématophages, etc…
Le cycle de développement de la mouche dure de 8 jours à 6 semaines, selon les conditions de température. Plus les températures se réchauffent, plus le développement est rapide. A titre d’exemple, à 30 °C, la mouche domestique accomplit son cycle de développement en moins de 10 jours. Durant cette période, une mouche va pouvoir pondre jusqu’à 1000 œufs. Ces œufs, pondus dans la litière, vont donner naissance à plusieurs stades larvaires, puis à des pupes et enfin à de nouveaux adultes (voir figure 2), occasionnant ainsi, en peu de temps, une descendance très importante à l’origine d’infestations massives dans les bâtiments. Ces infestations importantes génèrent alors des désagréments importants pour les animaux et la transmission de nombreuses maladies (voir figure 3).
On considère que le nombre de larves dans la litière est au minimum 4 fois plus élevé que le nombre de mouches adultes observées (figure 4). Afin de lutter efficacement contre les mouches en bâtiment d’élevage, il est donc important d’agir aux beaux jours, dès l’apparition des premières mouches adultes, en intervenant sur les différents stades de vie de l’insecte. Il est ainsi nécessaire d’avoir recours à la combinaison d’un larvicide (NEPOREX, MAGGOTS) et d’un adulticide en granulés (ADVION, INSECTAN GRANULES JAUNES), en badigeon (IMAGO 100 DG, AGITA) et/ou en pulvérisation (AURODIL, KELION, SANITERPEN DK).
La présence de débris, de matières organiques (fèces) et d’humidité est une des conditions de survie des larves et de leur développement. Avant d’utiliser un insecticide, un nettoyage (avec une détergence) et une désinfection (SANITERPEN PLUS, PROPHYL S, VULKAN MAX, VIRKON S) des locaux et matériels de transport sont donc conseillés pour une efficacité maximale sur la rupture du cycle de l’insecte. L’intérêt d’un produit biocide à la fois désinfectant et insecticide peut être un plus dans certaines conditions où la réduction des étapes et du temps de traitement est importante (voir encart MEFISTO SHOCK).
Moucherons
Les moucherons Culicoïdes comportent plus de 1300 espèces, dont 84 sont présentes en France. Les adultes sont de petits diptères piqueurs de 1 à 4 mm. Seules les femelles sont hématophages et certaines espèces sont très agressives. Leur dispersion active est faible, mais ils peuvent être transportés passivement sur de longues distances par le vent. Leur longévité est de 10 à 20 jours (exceptionnellement 60 à 90 jours à basse température). Les œufs éclosent 2 à 8 jours après la ponte. Ils sont pondus sur un sol humide riche en matières organiques d’origine végétale en décomposition (trous d’arbres, souches pourries, feuilles mortes...) ou recyclées par les animaux (bouses, fèces...). Le développement larvaire (4 stades) peut durer de 2 semaines l’été à plusieurs mois l’hiver. Ensuite, la larve se transforme en nymphe, d’où, après 2 à 10 jours, émerge l’adulte.
Par leur piqûre, les femelles hématophages peuvent transmettre les deux maladies épizootiques et d’évolution rapide en France depuis l’année dernière, la FCO et la MHE (voir figure 5). Ces maladies des ruminants, non transmissibles à l’homme, occasionnent des symptômes voisins. La plupart de ceux-ci sont liés à des lésions des muqueuses localisées :
- aux narines avec écoulement nasal,
- à la bouche avec congestion de la langue (langue bleue ou « blue tongue » des ovins), hypersalivation et difficultés à avaler (dysphagie),
- au mufle avec œdème et croûtes, aux yeux avec conjonctivite et larmoiements,
- aux pieds avec boiteries,
- à la mamelle avec œdème, ulcères et croûtes sur les trayons.
S’y ajoutent une fièvre souvent fugace (2 jours à 40 C°), de l’apathie et de l’abattement.
Là encore, la désinsectisation préventive et curative des locaux et des véhicules de transport avec des insecticides est nécessaire, et rendue obligatoires par les mesures officielles de police sanitaire.
Nouvelle référence : MEFISTO SHOCK
A la fois bactéricide, virucide, fongicide, et insecticide à 1%, il est homologué pour le logement, le matériel de transport et le matériel d’élevage des animaux. Ce biocide TP3 et TP18 est composé de glutaraldehyde et d’ammonium quaternaire aux propriétés désinfectantes et de deltaméthrine pour l’efficacité insecticide. Sur cette seconde activité, il agit sur le système nerveux de l’insecte par contact et ingestion, provoquant rapidement sa paralysie par effet choc « knock down », puis sa mort.
Son utilisation, dès la sortie de l’hiver et le début des beaux jours, doit être précédée idéalement d’un curage et d’une détergence du bâtiment (DT FOAM). Il s’applique sur l’ensemble des surfaces, avant un rinçage des équipements d’abreuvement et de distribution des aliments. Dès séchage complet du bâtiment, une rentrée des animaux est possible.
Après la sortie définitive des animaux, en vide sanitaire, les étapes suivantes sont recommandées, comme pour toute désinfection :
1 - Préparation du bâtiment
- Sortie du matériel à l’extérieur du bâtiment : nettoyage et désinfection du matériel à la brosse ou par
immersion dans une solution d’eau chaude avec du détergent, puis désinfection par immersion ou pulvérisation,
- Dépoussiérage des parties hautes, des entrées et sorties d’air,
- Enlèvement de la litière,
- Raclage du sol et/ou balayage.
2 – Nettoyage (cette étape peut précéder le curage de la litière dans les bâtiments en terre battue, afin d’absorber l’eau utilisée)
- Décapage : pompe haute pression avec rotabuse : 140 bars et 25 L/min (pour les zones : jet plat et basse pression),
- Détergence sous forme de mousse ou basse pression sur les parois. Laisser agir 20-30 minutes,
- Rinçage à l’eau claire basse pression.
3 – Désinfection
Pulvérisation de Mefisto® Shock à 1 %, sous forme de mousse ou à basse pression (0,3 L/ m²), sur une surface encore humide mais non détrempée.
4 - Vide sanitaire/ séchage
Durée optimale : au moins 1 mois.
Pour toute utilisation de produit biocide, il est essentiel de porter l’équipement de protection individuelle (EPI) approprié : combinaison de risque chimique type 4 à usage unique, gants nitriles EN374, demi-masque avec cartouches adaptés et lunettes de protection ou masque complet.