Spécial Mise à l'herbe

Tétanie d'herbage

Entérotoxémies

Attention aux attaques de tiques

Spécial Mise à l'herbe

TÉTANIE D’HERBAGE

La mise à l’herbe peut être source, dans certains élevages, d’apparition de troubles nerveux liés à des carences nutritionnelles en ma-gnésium, aussi appelés tétanies d’herbage.

Circonstances d’apparition

La tétanie d’herbage est une affection rencontrée plus particulièrement au pâturage, au printemps et lors des repousses automnales. Elle est caractérisée par un état d’hyperexcitabilité neuromusculaire et est due à une carence en magnésium. La fréquence d’apparition est augmentée chez les animaux plus âgés (diminution de l’absorption du magnésium et des possibilités de mobilisation des faibles réserves en magnésium osseux), trop gras (plus sensibles au stress lipomobilisateur) ou trop maigres (déjà carencés). Les risques sont également augmentés chez les femelles laitières ou allaitantes en raison de l’export de magnésium dans le lait. Mais elle peut aussi concerner les jeunes animaux lors de leur première sortie au pâturage, suite à un excès d’exercice musculaire.

Symptômes 

La maladie apparaît brutalement et le plus souvent l’animal est retrouvé mort au pré, le matin après une nuit froide ou pluvieuse. On peut cependant observer des formes aiguës avec des troubles du comportement, une raideur de la démarche, des grincements de dents et des réactions brusques à la moindre excitation : convulsions, trismus, accélération de la fréquence cardiaque. Cette crise peut aboutir à la mort.

Traitement 

Il consiste en l’apport par voie injectable, intra-veineuse si possible, d’un soluté magnésien et calcique. Ce traitement doit être poursuivi par voie orale.

Prévention 

  • Mise à l’herbe progressive, en privilégiant les prairies anciennes, permanentes ou de graminées,
  • Distribution de fourrages secs pour assurer un lest et de concentrés énergétiques facilement digestibles,
  • Éviter les mises à l’herbe en période d’intempéries et éviter les stress,
  • Distribution d’un minéral riche en magnésium (minimum 10%) et en oligo-éléments, 1 mois avant et jusqu’à 1 mois après la mise à l’herbe et les repousses automnales. Plusieurs formes d’apports sont disponibles sur le marché : poudre ou liquide à mélanger à la ration ou à l’eau de boisson (MAGNEPHYT 0108081 , NUTRI-AP MAG 0104179 ), seau minéral (ALIMAL HERBE 0200199 ), blocs à lécher (SODIVERT’ACTIF  0200672 , NUTRIFIX HERB 0200337 ). Cet apport de magnésium peut également passer chez les bovins par la mise en place d’un bolus de magnésium, 15 jours avant la mise à l’herbe (ALIMAL MAGNE BOLUS 0104093 ).

ENTEROTOXEMIES

Origine 

Cette pathologie est la conséquence d’un déséquilibre de la flore digestive, généralement occasionné par un ou plusieurs facteurs alimentaires retrouvés à la mise à l’herbe : brusque changement d’alimentation (absence ou insuffisance de transition alimentaire), trop faible proportion de fibres dans la ration, ration riche en protéines et glucides facilement fermentescibles. Ce déséquilibre de la flore digestive perturbe la digestion au niveau de la panse, entraînant un passage de particules alimentaires dans l’intestin grêle où se développent alors des bactéries telles que les Clostridium. La synthèse par ces bactéries de toxines et le passage de celles-ci à travers la muqueuse digestive lésée conduit à une intoxination des animaux ; c’est l’entérotoxémie.

L’apparition d’une entérotoxémie peut aussi être déclenchée par tout facteur responsable d’un ralentissement du transit digestif (stress mécanique, climatique, variation de pression atmosphérique...) ou d’une augmentation de la perméabilité de la muqueuse digestive aux toxines (parasitisme digestif, insuffisance hépatique...), éléments bien présents lors de la mise à l’herbe.

Symptômes et lésions

Ce sont souvent les animaux les plus « beaux » qui sont atteints. Deux formes cliniques peuvent être observées :

- suraiguë : animal retrouvé mort sans que l’on ait pu observer de symptômes,

- aiguë : la mort est rapide (24 à 48 heures) et suit des signes nerveux convulsifs : animal couché avec pattes raides et tête en arrière, salivant beaucoup et présentant des tremblements et des grincements de dents.

A l’autopsie, les lésions sont assez caractéristiques et permettent de mettre en évidence l’entérotoxémie : putréfaction rapide du cadavre (coloration « bleuâtre »), foie décoloré et « cuit », rein « pulpeux », muqueuse ruminale qui se décolle, pétéchies et épanchement péricardiques.

Traitement et prévention :

Le traitement antibiotique qui peut être tenté sur la forme aiguë est très rarement couronné de succès.

La prévention est d’abord d’ordre alimentaire : respect d’une transition alimentaire par mise à l’herbe progressive lorsque cela est possible et/ou distribution de concentrés pendant quelques jours au pâturage. Ne pas oublier l’abreuvement au pré.

La vaccination reste la meilleure prévention. Si les animaux ne sont pas encore correctement vaccinés, il faut se souvenir qu’en cas de primovaccination, la protection n’est effective et complète qu’après la deuxième injection, réalisée 4 à 6 semaines après la première injection. Il faut d’ailleurs savoir que plus le délai se rapproche des 6 semaines, meilleure est la protection vaccinale obtenue. Il est donc nécessaire de s’y prendre suffisamment à l’avance. Un calcul rapide montre que la rentabilité d’une telle vaccination apparaît par exemple dès le deuxième agneau sauvé sur un lot de 200 vaccinés.


ATTENTION AUX ATTAQUES DE TIQUES

Ces parasites acariens, dont la taille varie de 2 à 30 mm (photo 1), s’accrochent sur la peau des ruminants et se nourrissent de leur sang. 


Ils sont ainsi responsables chez leurs hôtes d’irritations et d’anémies plus ou moins sévères, surtout chez les agneaux et les veaux que l’on peut retrouver couverts de plusieurs dizaines de tiques sur les zones chaudes et déclives du corps, particulièrement sous le ventre et à l’intérieur des cuisses (Photos 2 et 3).

 

Les tiques sont également susceptibles de transmettre de nombreuses maladies (piroplasmose, anaplasmose...). Les tiques vivent dans les bois et dans la végétation épaisse. Leur activité est maximale entre avril et mai, mais des attaques peuvent survenir dès le mois de mars si les conditions climatiques sont favorables, c’est-à-dire plutôt chaudes et humides.

Pour protéger le troupeau contre ces attaques, une prévention précoce, parfois dès la mise à l’herbe, s’impose. Cette prévention peut faire appel à l’administration ou l’application de médicaments vétérinaires à action antiparasitaire externe et à des produits répulsifs (exemple : TIKEPUCE 0104164 ). On peut aussi ajouter une complémentation alimentaire minérale riche en extraits végétaux d’ail, dont on connaît les propriétés insectifuges.

A noter que le recours précoce à des médicaments antiparasitaires externes peut permettre d’avoir également une action importante dans le cadre de la prévention contre les myiases à Wohlfahrtia magnifica, qui sévissent sur le bassin ovin allaitant du Centre-Ouest. En effet, l’application en protection corporelle de ces produits à action insecticide permet de couper les premiers cycles de développement de cette mouche, et d’éviter ainsi ensuite une pression parasitaire trop importante durant l’été.