La diarrhée virale bovine (BVD) ou maladie des muqueuses

Cette maladie des bovins a fait beaucoup parler d’elle dans les années 1990 provoquant alors de nombreuses pertes en élevage (diarrhées néonatales, avortements…) ; puis peut-être suite à une vaccination plus ou moins systématique son incidence a fortement diminué.

Vers 2010 de nouveaux cas sont apparus probablement suite au renouvellement des troupeaux et à l’arrêt de la vaccination.

La diarrhée virale  bovine (BVD) ou maladie  des muqueuses

Origine de la maladie 


Elle est due à un Pestivirus de la même famille que le virus de la Peste porcine classique et que le virus de la Border disease chez le mouton.

Il existe 2 espèces virales de virus BVD ainsi que 2 biotypes : cytopathogène et non cytopathogène.

C’est un virus qui a un tropisme pour les cellules épithéliales et les cellules sanguines. Il est donc transmis par les sécrétions nasales, la salive, le sang, les urines, les bouses, les placentas, le sperme (IA et monte naturelle), les embryons (lors de transfert embryonnaire).

Sa résistance dans le milieu extérieur est inférieure à 10 jours dans les bouses, quelques minutes sur une pince-mouchette ou une aiguille (d’où une transmission possible avec du matériel d’injection). L’air peut être contaminant sur une dizaine de mètres autour d’un animal excrétant du virus. La transmission pourrait aussi être effectuée par les insectes piqueurs.

Lorsqu’un animal rentre en contact pour la première fois avec le virus il est dit infecté transitoire : la virémie débute après 2 à 4 jours et dure environ 10 jours pendant lesquels la charge virale excrétée est faible. Puis se forment des anticorps et le virus est éliminé.

Lorsqu’une vache gestante est infectée par le virus BVD les conséquences varient selon le stade de gestation :  

  • mort embryonnaire lors du premier mois,
  • avortement à partir du deuxième mois,
  • malformations congénitales entre 3 et 6 mois,
  • induction d’un IPI (Infecté Permanent Immunotolérant) entre 30 et 125 jours. Ces animaux qui ont été infectés in utero par une souche non cytopathogène seront virémiques toute leur vie et donc excréteront du virus BVD toute leur vie. Lorsque l’on pratique un examen sanguin ils ont une antigénémie positive (virus dans le sang) mais une sérologie (taux d’Anticorps) négative (sauf s’il persiste des Ac colostraux ou si l’IPI est infecté par une souche virale cytopathogène). 7 % d’entre eux atteignent l’âge adulte (et une vache IPI générera alors systématiquement des veaux IPI), 50 % meurent avant l’âge de 1 an. Ce sont naturellement ces animaux Infectés Permanents Immunotolérants qui assurent la circulation du virus et pérennisent la maladie au sein d’un cheptel ; on estime qu’un animal IPI peut infecter 90 % d’un troupeau en 3 mois… On avance le chiffre de 1 % de prévalence des IPI dans le cheptel national.


Les symptômes 

 La maladie des muqueuses peut se présenter sous de nombreuses formes cliniques :


- La forme subclinique :

elle représente 90 % des infections dues au virus BVD. Il s’agit essentiellement d’une forme oro-nasale avec atteinte des amygdales accompagnée d’anorexie, de baisse de production laitière ; la guérison survient en quelques jours.

           

- La forme entéritique :

c’est la BVD (diarrhée virale bovine) qui atteint les animaux de 6 à 18 mois et se caractérise par de la diarrhée, de la fièvre, de l’abattement, de l’anorexie, de la toux, des écoulements oculaires et nasaux, une hyper salivation due à des ulcères buccaux ; la mortalité est élevée.


- Les diarrhées néonatales : 

lors d’une infection du fœtus en fin de gestation ou dans les premiers jours de vie du veau. Ce sont alors des entérites mortelles.


-  La forme hémorragique :

elle concerne les animaux à tout âge et se caractérise par une hyperthermie puis l’apparition d’un purpura thrombocytopénique avec diarrhée hémorragique, sang dans les urines, ecchymoses et pétéchies. La mortalité est élevée.


- Les troubles de la reproduction :

infécondité (retours en chaleur sur plusieurs cycles consécutifs) et avortements (essentiellement dans les 2 premiers tiers de gestation et parfois en série dans une même exploitation avec possibilité de fœtus momifiés).


- Les anomalies congénitales :

lors d’une infection de la vache entre 3 et 6 mois de gestation. On rencontre des malformations nerveuses (hypoplasie cérébelleuse, hydrocéphalie), des malformations oculaires (microphtalmie, cataracte), des anomalies du poil (hypo trichose, alopécie).


- Le syndrome du veau «têtu» :  

le veau refuse de téter et meurt en quelques jours.

         

- La maladie des muqueuses forme aiguë :

elle atteint les bovins âgés de 6 mois à 2 ans et se caractérise par de la fièvre, de l’anorexie, de l’abattement, par un jetage nasal mucopurulent, des érosions dans le tube digestif et sur les naseaux, de la boiterie avec refus de se lever. La mort survient dans les 3 à 10 jours après le début des signes cliniques.


- La maladie des muqueuses forme chronique :

les animaux atteints présentent de l’inappétence, une diarrhée continue, un jetage nasal et oculaire, des pertes de poils, des lésions érosives chroniques (bouche, muqueuses, peau), des boiteries, de l’anémie, une perte de poids importante. Ces bovins devenus cachectiques peuvent survivre plusieurs mois.


La prévention 

Sachant que la maladie des muqueuses est entretenue par les animaux IPI, il convient en premier lieu de les détecter dans le troupeau et de les éliminer le plus vite possible ; ceci est réalisé par prélèvements sanguins et analyse PCR (recherche du matériel génétique du virus BVD).

Naturellement lors de l’introduction d’animaux dans un cheptel on réalisera systématiquement un dépistage en mettant en quarantaine les bovins achetés. Ne pas oublier qu’une vache gestante non IPI peut être porteuse d’un veau IPI (si elle a été contaminée entre 30 et 125 jours de gestation) et il faudra tester ce veau ultérieurement.

Plusieurs vaccins sont disponibles sur le marché, ils seront utilisés sur les vaches et les génisses ; l’objectif est de protéger les gestantes entre 30 et 125 jours afin d’éviter la naissance de veaux IPI.