La monieziose de l’agneau

Encore appelée Téniasis il s’agit d’une maladie parasitaire interne due à la présence dans l’intestin grêle des ovins de ténias adultes du genre Moniezia. Cette parasitose a été très fréquente ce printemps provoquant de la mortalité et nécessitant des traitements répétés.

La monieziose  de l’agneau

Le parasite

C’est un cestode, vers plat de forme rubannée composé de segments disposés en chaîne. A son extrémité antérieure il est muni d’un organe de fixation composé de 4 ventouses. Sa longueur est de 3 à 5 mètres pour une largeur de 1 à 2 cm.

Son cycle de développement nécessite un hôte intermédiaire.

Chez le mouton (hôte définitif)

Moniezia est un vers hermaphrodite qui vit fixé dans l’intestin grêle du mouton. Il est composé de nombreux segments dont les plus postérieurs peuvent contenir jusqu’à 10 000 œufs embryonnés.

Ces segments dits ovigères sont expulsés avec les matières fécales dans le milieu extérieur et leur éclatement libère alors les œufs qui contiennent chacun un embryon.

La résistance de ces œufs dépend de l’hygrométrie ambiante : 4 mois en milieu humide, 1 mois en milieu sec. 

Ils sont sensibles au gel et aux rayons UV, ainsi qu’aux variations thermiques : destruction en 1 à 3 jours à 45°C, en 20 à 25 jours à 30°C.

Chez l’hôte intermédiaire

C’est un acarien (même famille que la tique) appelé Oribate mesurant de 0.5 à 1 mm qui vit dans le sol. Essentiellement coprophage (matières fécales) il peut se déplacer sur les végétaux mais pas suffisamment pour disséminer le parasite d’une pâture contaminée à une pâture saine. Sa longévité est de 12 à 18 mois ; peu sensible aux variations de température il craint la sécheresse.

Il s’infeste en ingérant les œufs issus des segments ovigères émis avec les crottes des moutons parasités. Les embryons libérés dans le tube digestif de l’acarien se transforment en larves dites cysticercoïdes. Un Oribate peut héberger 3 à 4 de ces larves qui peuvent vivre aussi longtemps que leur hôte soit de 12 à 18 mois, sont détruites par la sécheresse mais survivront à l’hiver (ce qui explique en partie la persistance de ce parasitisme au sein du troupeau). 

Les pâtures sont infestées uniquement par les moutons parasités. 

L’infestation se pérennise par la survie de l’Oribate pendant l’hiver surtout dans les parcs humides et recouverts d’humus (moins sur les prairies artificielles réensemencées après labour).

La clinique

Ce sont les agneaux de moins de 6 mois qui sont les plus sensibles, une réaction immunitaire s’installant chez les ovins plus âgés.

L’agneau s’infeste par ingestion de l’Oribate lors d’un repas d’herbe. La larve cysticercoïde est alors libérée dans l’intestin grêle où elle se fixe à la paroi et se développe en se segmentant. Un ténia adulte capable de pondre sera formé en 6 semaines environ.

C’est une maladie à caractère saisonnier (printemps et automne) qui touche l’agneau d’herbe. Les signes cliniques dus à la présence de ténias dans l’intestin sont essentiellement : un état de sub-anémie, une laine sèche et cassante, une alternance de diarrhées constipation et ballonnements, un retard de croissance. On observe aussi souvent de la mortalité par entérotoxémie consécutive à une infestation massive. On peut noter la présence d’anneaux de ténias dans les crottes et autour de l’anus. 

Un parasitisme interne est fréquemment associé : coccidiose, strongylose ; d’où l’intérêt de réaliser des examens coproscopiques pour choisir le traitement le plus adapté, tout en sachant que le ténia n’est pas toujours mis en évidence lors de ces examens. L’autopsie permet de visualiser la présence de ces vers en incisant les anses de l’intestin grêle où ils peuvent se trouver en nombre impressionnant.

Le traitement

Il s’agit essentiellement de contrôler cette parasitose en tenant compte de la période d’infestation maximale (liée à la période d’agnelage) et d’activité de l’Oribate, du mode de logement des brebis et agneaux depuis la mise-bas (plein-air, semi plein-air, bergerie) et de la nature des pâtures. On ne négligera pas la possibilité d’un parasitisme associé.

Quel que soit le produit utilisé il n’a pas d’action ovicide (destruction des œufs) et la destruction des segments ovigères va donc réensemencer le milieu extérieur avec des œufs vivants susceptibles de recontaminer les animaux ; il convient donc de laisser les agneaux après traitement 12 heures en bergerie avant de les remettre sur les pâtures. Le fumier sera laissé dans la bergerie au moins 1 mois pour obtenir la dessiccation et donc la mort des œufs émis.

Le traitement peut être renouvelé toutes les 3 à 4 semaines pendant les périodes à risque.ténia dans l'intestin et oeufs de moniezia

N.B : la Cysticercose est aussi une parasitose due à un ténia ; mais dans ce cas le mouton est l’hôte intermédiaire d’un ténia qui vit à l’état adulte dans l’intestin du chien (Taenia hydatigena). C’est la forme larvaire qui provoque des lésions du tissu hépatique et forme des vésicules contenant une larve («boule d’eau») qui se fixent à la surface du foie ou sur le péritoine, ce qui entraîne des saisies à l’abattoir. On ne peut pas traiter les ovins ; la prophylaxie consiste à traiter très régulièrement les chiens de l’exploitation contre le ténia (3 à 4 fois par an) et bien-sûr à ne pas leur faire manger des viscères parasités pour rompre le cycle parasitaire.