La tuberculose bovine

En 2000, l’Union Européenne a reconnu la France officiellement indemne de tuberculose bovine. Mais depuis 2004 on assiste à une augmentation du nombre de nouveaux foyers détectés dans certains départements.

En 2017, 86 % des foyers français étaient situés en Nouvelle Aquitaine.

La tuberculose bovine

La maladie

La tuberculose bovine est due à une bactérie : Mycobacterium bovis qui est très résistante dans le milieu extérieur, pouvant survivre plusieurs mois dans les bouses, dans le sol ou dans l’eau. D’où la difficulté de lutte contre la maladie car il est impossible d’assainir l’environnement.

Le mode de transmission principal de la tuberculose est respiratoire, nécessitant un contact de mufle à mufle entre animaux. Mais les bovins peuvent aussi s’infecter en ingérant, en inhalant ou en léchant des matières contaminées : lait, eau, aliments, blocs à lécher…

La durée d’incubation est longue, au minimum 2 mois. Les symptômes sont très peu marqués, non spécifiques et n’apparaissent souvent qu’en fin d’évolution : perte de poids, poil piqué, baisse de l’état général. Plusieurs localisations anatomiques de l’infection sont possibles, mais c’est la forme pulmonaire qui est la plus fréquente et se traduit par de la toux associée à des difficultés respiratoires. Plus rarement on peut rencontrer des formes intestinales, mammaires, utérines de la tuberculose.

Attention la tuberculose bovine est une zoonose, c’est à dire qu’elle est transmissible à l’homme.


Dépistage de la tuberculose

A l’abattoir

L’inspection sanitaire systématique des carcasses de bovins est réalisée. Certains organes font l’objet d’une surveillance particulière notamment les poumons et les ganglions médiastinaux. En cas de lésions suspectes de tuberculose les organes ou les ganglions sont prélevés et soumis à des analyses de laboratoire (histologie, PCR, culture) afin de confirmer ou d’infirmer le diagnostic de tuberculose.

Lors des prophylaxies

Le dépistage est réalisé par un test d’intradermo-tuberculination.

L’intadermotuberculination simple (IDS) consiste, après tonte au niveau de l’encolure, en une première mesure du pli de peau (J 0) puis en l’injection intradermique de tuberculine bovine.

L’intradermotuberculination comparative (IDC) consiste en 2 injections intradermiques : de la tuberculine bovine et de la tuberculine aviaire. Cette méthode est plus spécifique que l’IDS car elle permet d’éviter les réactions croisées dues à des mycobactéries non pathogènes.

La lecture de l’intradermo-tuberculination est réalisée 72 heures après l’injection (J 3) par mesure du pli de peau. Le test est interprété positif s’il y a épaississement du pli de peau entre J 0 et J 3 et l’animal est alors suspecté d’être infecté de tuberculose bovine.

Pour une bonne réalisation du test et l’interprétation des résultats, la contention des bovins doit être la plus efficace possible ; elle est sous la responsabilité du détenteur des animaux.

Lors des introductions

L’IDS est obligatoire à l’achat pour les bovins âgés de plus de 6 semaines si la durée du transport est supérieure à 6 jours, ou si les bovins proviennent des départements suivants : Ariège (09), Bouches du Rhône (13), Charente (16), Corse du nord (2A), Corse du sud (2B), Côte d’Or (21), Dordogne (24), Gard (30), Hérault (34), Landes (40), Lot et Garonne (47), Pyrénées Atlantiques (64). Les animaux seront maintenus en quarantaine en attendant les résultats des contrôles.

Dans les élevages à risque

Le dépistage de la tuberculose est réalisé aussi dans les élevages qui ont un lien épidémiologique avec un foyer, c’est à dire :

- un élevage ayant acheté des bovins dans un troupeau qui par la suite s’est révélé être infecté par la tuberculose bovine.

- un élevage ayant vendu des bovins dans un troupeau qui par la suite s’est révélé être infecté par la tuberculose bovine.

- un élevage voisin d’un troupeau infecté par la tuberculose bovine ou voisin avec un cas avéré de tuberculose dans la faune sauvage.

Protocole en cas d’animal réagissant

Un bovin qui réagit à la tuberculination n’est pas forcément infecté par la tuberculose bovine, il y a juste suspicion d’infection. Mais il est nécessaire de poursuivre les investigations afin de confirmer ou d’infirmer la maladie.

Donc lorsqu’un (ou des) bovin(s)présente(nt) une réaction non négative à la tuberculination, la qualification “officiellement indemne de tuberculose bovine” du troupeau est suspendue et l’élevage est placé sous arrêté préfectoral de mise sous surveillance (APMS).

La DDCSPP (Direction Départe-mentale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations) classe alors la suspicion : faible ou forte en fonction du contexte épidémiologique (circonstances du dépistage, historique du troupeau, voisinage de foyers …).

En cas de suspicion faible : il y a 2 possibilités

- La voie rapide :

c’est l’abattage diagnostique du (ou des) bovin(s) ayant réagi à la tuberculination. Après inspection à l‘abattoir si les résultats sont favorables la suspicion est levée et le troupeau retrouve sa qualification indemne de tuberculose bovine. En revanche si les résultats sont défavorables et mettent en évidence que l’animal est porteur de Mycobacterium bovis, l’élevage est déclaré infecté et placé sous arrêté préfectoral de déclaration d’infection (APDI).

- La voie conservatoire :

il s’agit d’un double recontrôle du (ou des) bovin(s) ayant réagi à la tuberculination d’abord par un test sanguin de l’Interferon Gamma (IFG, test réalisé sur simple prélèvement de sang par un nombre limité de laboratoires mais qui n’est à l’heure actuelle reconnu et autorisé par la Commission Européenne qu’en complément de la tuberculination et ne peut être interprété seul), puis par IDC réalisée 42 jours minimum après la première tuberculination.

Recontrôle IFG : si au moins un bovin présente un résultat positif : abattage diagnostique de l’animal (mais pas de recontrôle du troupeau).

Recontrôle IDC : si tous les bovins présentent une réaction négative la suspicion est levée et le troupeau retrouve sa qualification indemne de tuberculose bovine. Si un bovin présente une réaction non négative : abattage diagnostique de l’animal.

En cas de suspicion forte

Abattage diagnostique du (ou des) bovin(s) ayant réagi à la tuberculination et l’ensemble du troupeau doit être recontrôlé.

NB : les bovins abattus à titre diagnostic font l’objet d’une indemnisation : 900 euros s’ils sont âgés de 6 semaines à 24 mois, 1900 euros s’ils sont âgés de plus de 24 mois. L’éleveur perçoit la différence entre ces montants et le montant de la valorisation bouchère des animaux abattus. S’il s’agit de bovins inscrits à un livre généalogique ou des reproducteurs reconnus le montant de l’indemnisation est fixé par un expert habilité.

Si la suspicion d’infection est confirmée l’élevage est donc placé sous APDI. Il doit être assaini, c’est à dire que le troupeau doit faire l’objet d’un abattage total obligatoire. Mais depuis 2014 il est possible de demander une dérogation à l’abattage total auprès de le DGAL, c’est l’assainissement par abattage sélectif. Le protocole est alors le suivant : après élimination des animaux à risque 3 séries de contrôles doivent être réalisés sur tous les bovins de plus de 6 semaines et espacés de 2 à 6 mois.

Un contrôle est considéré favorable si aucune des conditions suivantes n’est observée :

- au moins un bovin présente un résultat positif en IDC

- au moins un bovin présente un résultat positif en IFG

- confirmation à l’abattage diagnostique de l’infection pour au moins un animal.

Un cheptel ne peut être requalifié qu’à l’issue de 3 contrôles consécutifs favorables suivis d’un nettoyage et d’une désinfection des bâtiments et d’un vide sanitaire.

Comme on peut le constater l’abattage sélectif permet certes d’éviter l’abattage total, mais c’est un protocole long pendant lequel le cheptel perd sa qualification (6 à 8 mois) et les animaux ne peuvent être vendus que pour l’abattoir. De plus, les nombreuses manipulations des animaux nécessitent un matériel de contention adapté.

Enfin si un nombre important de bovins sont confirmés infectés lors des contrôles, la DDCSPP peut interrompre ce protocole et ordonner l’abattage total.

Surveillance de la faune sauvage

Les cervidés, les sangliers et les blaireaux pouvant être porteurs de Mycobacterium bovis, depuis septembre 2011 un dispositif national de surveillance de la tuberculose dans la faune sauvage est opérationnel ; il consiste en une surveillance des lésions évocatrices de tuberculose lors de l’examen de carcasses dans le cadre de la chasse, ou sur des cadavres.