L'information élevage par l'Alliance Pastorale

2023, une année difficile pour le marché des viandes bio

En 2023, le marché des viandes bio a connu des fluctuations importantes dans un contexte économique incertain. Si les comportements de consommation ont été bouleversés, notamment en raison du niveau d’inflation, la production d’animaux biologiques a reculé pour la deuxième année consécutive. Les acteurs de la filière ont dû faire preuve d’une grande capacité d’adaptation pour équilibrer l’offre et la demande, et continuer à offrir des produits de qualité aux consommateurs.

Quelques éléments marquants révélés par Interbev dans ses résultats de l’Observatoire des Viandes Bio 2023 : 

- Diminution de 18% de la production totale d’animaux biologiques  

- Diminution des abattages de gros bovins bio (-14%), de veaux bio (-12%), de porcs bio (-23%), de brebis bio (-12%) 

- Diminution de 17% de la consommation de viandes bio depuis 2019 

- Baisse de la consommation dans la majorité des circuits de distribution : en grande distribution (-26%), en boucheries artisanales (-25%), en magasins spécialisés (-12%) mais une progression de la vente directe (+4%)  


Zoom sur la filière bovine bio

Avec des défis notables tant sur le plan de la production que de la consommation. La production totale de viande bovine bio a atteint 26149 tonnes, marquant une baisse de 14% par rapport à l’année précédente. Cette baisse s’explique en partie par une contraction du cheptel total de bovins bio et des réaffectations d’animaux vers le conventionnel.

Les abattages de gros bovins bio allaitants ont accusé un recul de -18% entre 2023 et 2022 en volume (tonnes équivalent carcasse). Une baisse due à la compression du marché, des prix de vente élevés en conventionnel, et une stagnation du nombre de producteurs engagés en BIO ainsi que du cheptel allaitant BIO.

Du côté de la consommation, la grande distribution (GMS) demeure le principal débouché pour la viande bovine bio, représentant plus de 52% des ventes en 2023. Cependant, les ventes en GMS ont été affectées par une baisse de la consommation et des référencements des viandes bio en magasins, tandis que la part relative de la restauration hors domicile (RHD) et de la vente directe a progressé, reflétant une diversification des circuits de distribution. Les ventes de viande de boeuf bio (haché et piècés) dans les rayons libre-service des grandes surfaces ont diminué de 20%, passant de 4432 tonnes en 2022 à 3 551 tonnes en 2023. Sur deux ans, la baisse de consommation de viande bovine bio en volume en GMS est de -37 %.

Pour les bovins laitiers et mixtes, les abattages ont diminué de 7% entre 2022 et 2023. Cette baisse moindre s’explique par un écart de prix plus important entre BIO et conventionnel, ce qui a permis de mieux alimenter le marché du steak haché.

Malgré une diminution contrôlée des abattages en bovins laitiers, une proportion importante des troupeaux de bovins allaitants, laitiers et mixtes a continué d’alimenter le marché du steak haché et des viandes prêtes à découper.

En 2023, les abattages de veaux bio connaissent une baisse de -12 % des volumes (tonnes équivalent carcasse). Les baisses de volumes constatées en GMS et en boucherie n’ont pu être compensées par les ventes en RHD, et le relatif dynamisme de la vente directe.

La filière bovine biologique doit continuer à s’adapter aux fluctuations du marché et à trouver des moyens innovants pour stimuler la demande et soutenir les producteurs, notamment à travers des campagnes de promotion et des initiatives de valorisation des produits biologiques.


Zoom sur la filière ovine bio

En 2023, la filière ovine bio a également rencontré des difficultés importantes, en termes de production et de consommation. Les abattages d’ovins bio ont diminué de 12%, une baisse significative qui reflète les défis persistants dans cette filière. Le nombre d’agneaux abattus en BIO par brebis a également chuté en raison de la réaffectation des agneaux bio vers des marchés conventionnels, souvent en raison de la difficulté à trouver des débouchés adéquats sur le marché bio.

La production de la filière ovine a, malgré ces défis, continué de progresser en termes de cheptel, avec une augmentation de 3,3% du cheptel de brebis viande et une hausse de 5,6% du nombre d’éleveurs. Cette croissance du cheptel contraste avec la baisse des abattages, suggérant une difficulté persistante à valoriser correctement la production bio sur les marchés existants.

Les ventes d’agneaux bio ont été particulièrement touchées dans les grandes surfaces (GMS), enregistrant une baisse de 13%, une tendance similaire à celle observée dans les boucheries artisanales (-13%) et les magasins spécialisés (-14%). En revanche, la restauration hors domicile (RHD) a connu une légère augmentation de 3%, tout comme la vente directe, qui a progressé de 1%. Il est important de noter que l’agneau bio est la viande la plus commercialisée en vente directe, représentant environ 25% des volumes, ce qui montre l’importance de ce canal pour les éleveurs.

Pour répondre à ces défis, les professionnels de la filière ont multiplié les initiatives visant à promouvoir la viande d’agneau bio toute l’année. De telles initiatives sont cruciales pour gérer la saisonnalité de la production et pour encourager une consommation régulière tout au long de l’année.

La filière ovine biologique doit donc continuer à innover et à diversifier ses débouchés pour soutenir les éleveurs et maximiser la valorisation de leurs produits.


Intensifier ses efforts...

Le bilan 2023 de la filière des viandes biologiques en France révèle des défis majeurs liés à la baisse de la consommation et aux ajustements de production. Néanmoins, la filière continue de s’adapter et de diversifier ses circuits de distribution pour répondre aux nouvelles réalités du marché. Le soutien à la production et les efforts de promotion restent essentiels pour assurer la pérennité et la croissance de la filière bio, notamment pour offrir des débouchés aux jeunes éleveurs souhaitant s’installer en bio. En s’appuyant sur les forces de l’agriculture biologique, la filière peut surmonter ces défis et continuer à croître.

Les défis de la filière sont nombreux, mais les opportunités le sont tout autant. En renforçant les partenariats avec les distributeurs, en développant de nouveaux marchés et en investissant dans l’innovation, la filière des viandes bio peut répondre aux attentes des consommateurs et contribuer à un avenir plus durable.


Par ailleurs, le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a annoncé en 2024 un nouveau dispositif d’aide à l’agriculture biologique de 90 millions € pour soutenir les exploitations agricoles biologiques ayant subi des pertes économiques importantes. Ce fonds vient s’ajouter aux 104 millions alloués en 2023.

De plus, les consommateurs tiennent une place centrale dans le soutien de la filière des viandes bio. En faisant des choix éclairés et en privilégiant les produits biologiques, ils peuvent encourager les pratiques agricoles durables et contribuer à la préservation de l’environnement. La sensibilisation et l’éducation des consommateurs sont donc des éléments essentiels pour promouvoir une consommation responsable et soutenir la croissance de la filière bio

La filière prévoit aussi d’intensifier ses efforts dans le secteur de la restauration collective, marché en stagnation en dépit des obligations liées à la loi Egalim qui impose à la restauration collective publique de proposer au moins 50% de produits durables et de qualité dont au moins 20% de produits bio.

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