- Par Candice Montagne
Le colostrum : élixir de longue vie !
Un peu de physiologie
Appareil digestif de l’adulte : mécanismes d’absorption intestinale et système digestif stomacal
L’Homme est un monogastrique au même titre que les ruminants nouveau-nés c’est-à-dire qu’ils n’ont qu’un seul estomac. Alors que les ruminants adultes sont polygastriques : ils ont plusieurs estomacs.
L’estomac est le premier à commencer la digestion des aliments par une digestion mécanique (les mouvements de l’estomac) et chimique (par l’action d’enzymes).
Puis l’intestin grêle prend le relais par l’action d’autres enzymes et permet ainsi l’absorption des nutriments.
Cette absorption est possible grâce à la muqueuse intestinale qui assure le passage des nutriments du milieu extérieur (lumière intestinale) vers le milieu intérieur (le sang).
Rôle de la barrière intestinale épithéliale
Quelques généralités
Outre sa fonction d’absorption, la barrière intestinale a également un rôle dans la protection de l’organisme contre les agents pathogènes présents dans le milieu extérieur.
Le passage des molécules (anticorps, eau, sucre…) peut se faire par diffusion passive ou par transport actif. La diffusion passive se fait sans l’intervention de transporteurs contrairement au transport actif qui nécessite l’intervention de transporteurs.
Particularités chez les ruminants
Le nouveau-né ruminant est un monogastrique. En effet, seule la caillette est fonctionnelle. La gouttière œsophagienne permet le passage des liquides directement dans la caillette. Une fois le lait dans la caillette, il est rapidement transformé en caillot. Le lactosérum (contenant les protéines non coagulables comme les anticorps, mais aussi le lactose, les minéraux et l’eau) est rapidement exsudé. Cela permet une évacuation rapide dans l’intestin grêle permettant une meilleure absorption de l’eau, des ions et des produits de la digestion.
Il est important de noter que la maturation de l’intestin grêle chez les nouveau-nés ruminants se fait durant la gestation mais dépend également de l’ingestion du colostrum. La maturation dure jusqu’à 5-7 jours après la mise-bas.
Nous verrons que cette maturation périnatale aura un intérêt dans l’absorption des anticorps présents dans le colostrum.
Outre son rôle crucial dans l’acquisition de l’immunité, le colostrum a également un rôle d’évacuation du méconium car il est très laxatif mais il apporte également des nutriments riches pour permettre une croissance rapide et aider à la thermorégulation.
Composition et utilisation du colostrum
Sa composition
On parle de colostrum pendant 4 à 5 jours post-partum pour les ruminants (et selon la législation 7 jours car il est considéré comme impropre à la consommation humaine).
Sa composition est très différente de celle du lait car il contient beaucoup de protéines (surtout les anticorps). Il est très riche en lipides (gras) et pauvre en lactose. Il contient également des antibactériens naturels tels que les transférines et du lysozyme.
Le colostrum est également très riche en minéraux et en vitamines A, D et E.
Il est possible d’augmenter la qualité du colostrum en anticorps en vaccinant les mères pendant la gestation. On remarque un effet très intéressant lors de vaccination contre E.Coli pour limiter les diarrhées néonatales dues à cette bactérie. On peut également contrôler la qualité du colostrum à l’aide d’un pèse colostrum (peu précis) ou d’un réfractomètre (plus précis dans le cas des ovins).
Utilisation du colostrum
Pour que le colostrum soit efficace, la première tétée doit être précoce et en quantité suffisante. Chez le veau on considère qu’il doit avoir 2 L dans les 3 premières heures de vie puis 4-6 L dans les 12 heures suivantes. Le colostrum peut être remplacé par du lait seulement au-delà du 3ème ou 4ème jour.
Chez l’agneau il faut 200 ml dans les 6 premières heures et s’assurer d’une prise de 800 ml par jour pendant 3 à 4 jours. Le colostrum de vache peut être donné à condition de connaître le statut sanitaire de l’élevage de bovins.
Pour faciliter le tirage du colostrum chez les petits ruminants, vous pouvez vous munir d’une tireuse à lait ovin/caprin (Réf. 00410139 - Voir page 26).
Enfin, le colostrum se congèle très bien et peut ainsi être conservé 1 an. Cependant il est important de ne décongeler que le nécessaire car, une fois décongelé, il doit être consommer rapidement.
Il est conseillé de le congeler par petites quantités (300 ml par exemple, ou dans des bacs à glaçons), de cette manière il se décongèlera rapidement. Il sera important de le décongeler au bain-marie afin de ne pas réduire ses qualités nutritionnelles.
Facteurs de variations
Importance de l’alimentation sur la qualité du colostrum
Une sous-alimentation en fin de gestation induit un mauvais développement de la mamelle et donc une diminution de ses performances. Une réalimentation correcte chez les brebis durant les 5 derniers jours de la gestation restaure le développement et les fonctions mammaires.
Durée du tarissement
- Plus le tarissement sera court et moins bon sera le colostrum. En effet le tarissement permet un renouvellement de la mamelle et ainsi d’assurer une production maximale de lait à la lactation suivante.
- Dans le cas où le tarissement est écourté, il sera important de s’assurer que le nouveau-né ait plus de colostrum.
Autres facteurs de variation
- Race : certaines races ont des colostrums de meilleures qualités que d’autres.
- Taille de la portée : chez la brebis la qualité du colostrum augmente avec le nombre de fœtus mais il n’est pas connu d’augmentation du volume. Les agneaux multiples reçoivent moins de colostrum mais de meilleure qualité.
- Etat sanitaire : une hémi-mamelle atteinte par une mammite clinique au tarissement produit moins de colostrum et un parasitisme important pour conduire à un état de sous-nutrition délétère pour la fabrication de colostrum.