L’écornage sans stress

Les avis sur l’écornage des bovins et des caprins sont très partagés. Il est pourtant réalisé en priorité pour la sécurité des animaux et des éleveurs. L’utilisation des stabulations libres et des cornadis poussent également les éleveurs à pratiquer l’écornage.  

L’écornage  sans stress

Quand écorner ?

Il est recommandé de réaliser l’écornage chez les veaux âgés de 2 à 4 semaines et dans les 7 premier jours de vie du chevreau. La réglementation qui entoure l’écornage repose principalement sur les recommandations du Comité de la Convention européenne qui préconise une anesthésie locale ou générale pour l’écornage et l’ébougeonnage des veaux de plus de 4 semaines. Avant ces 4 semaines, l’anesthésie n’est pas obligatoire.


Pourquoi privilégier l’ébourgeonnage ?

Dans le cadre  du Projet AccEC* une étude a été menée pour comprendre la douleur ressentie par les veaux au moment de l’écornage. 

Les schémas ci-dessous de l’anatomie et développement de la corne permettent de comprendre que l’intervention sur cette zone peut être douloureux pour l’animal et ce quel que soit son âge.

  • A la naissance, les veaux présentent un bourgeon cornual, appelé cornillon, très différent de la corne du veau âgé de quelques semaines ou de l’adulte. Il est composé des cellules d’origine dermique (peau) qui vont fabriquer la corne. A la naissance du veau, ce bourgeon est flottant dans la peau et n’est pas encore rattaché à l’os du crâne (figure 1).
  • Au fil des jours, ce bourgeon se soude à l’os du crâne de l’animal. Ce développement est plus ou moins rapide selon les animaux et les races, mais il se fait généralement dans les 2 premiers mois de vie. Il entraîne une mise en communication de la corne avec le sinus frontal (cavité, figure 2). La corne et sa région sont alors fortement irriguées grâce à l’artère cornuale et drainées par la veine cornuale, ce qui permet son développement.

Figure - croissance cornes

En conséquence :

  • Si l’écornage est réalisé sur des veaux de moins de 2 mois : Le bourgeon cornual, non soudé à l’os du crâne et encore peu développé, peut être détruit facilement, par cautérisation. La destruction peut être chimique avec une pâte caustique, ou thermique avec un brûle-corne. Cette dernière vise à couper l’irrigation du bourgeon pour stopper le développement de la corne. L’intervention est généralement sans conséquence sanitaire (éviter cependant les stress durant la période fragile des 15 premiers jours de vie). On parle alors d’ébourgeonnage.
  • Si l’écornage est réalisé sur des veaux de plus de 2 mois : La corne s’est développée, la zone du bourgeon cornual est richement vascularisée et le système nerveux est développé. La cautérisation est plus difficile, le tissu à brûler plus important et le risque de complications plus grand compte-tenu de l’ouverture du sinus (risques infectieux et hémorragiques, en particulier quand l’écornage cause une plaie). L’intervention est plus douloureuse et la prise en charge de la douleur est fortement recommandée.                 

Le chantier d’écornage 

Une bonne contention est indispensable pour prévenir tout risque de blessure aussi bien pour l’animal que pour la personne qui intervient.

La préparation du chantier est aussi importante que l’acte lui-même. Un écornage réussi nécessite que l’animal soit bien tenu. Une cage de contention idéalement équipée d’un système anti-recul et d’un maintien de la tête de l’animal en position haute, permet d’écorner sans risque pour l’homme, et sans risque de blessure pour l’animal.

L’immobilisation peut-être assurée au moyen d’un cornadis.

Prévoir une tondeuse pour la tonte de la zone à écorner. Cela permet de visualiser le bourgeon cornual. De plus, la tonte va limiter la présence de poils qui peuvent être à l’origine de la contamination de la plaie engendrée par l’écornage.

La pulvérisation d’un spray désinfectant est indispensable mais attention aux yeux des animaux. L’usage d’un spray présente deux objectifs : éviter les infections par l’action désinfectante et limiter l’inflammation locale par l’action refroidissante du spray. 

Une surveillance de la plaie durant les jours suivant est nécessaire.


Prendre en charge la douleur

Pour prendre en charge la douleur ressentie par l’animal durant l’ébourgeonnage, il est possible d’agir sur ses différentes composantes : le stress dû aux manipulations (grâce à un sédatif), la sensation de douleur lors de la lésion des tissus de la corne (par un anesthésique) et la douleur inflammatoire post-écornage (via un anti-inflammatoire). Les différents médicaments utilisables sur bovins sont disponibles sur prescription du vétérinaire de l’élevage qui s’assurera préalablement de la possibilité de les utiliser dans de bonnes conditions. Ils doivent être inscrits dans le carnet sanitaire.

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