- Par Emilie Arnaud
10 idées reçues sur les affections clostridiennes
1. Un ruminant meurt subitement : «c’est une entéro !»
FAUX :
Il existe plusieurs causes possibles à une mort subite chez un ruminant. Foudroiement, intoxication, pathologie à évolution suraiguë, autre affection clostridienne...
Le diagnostic doit parfois passer par des examens complémentaires afin de déterminer la cause de la mort (autopsie notamment).
2. Les affections clostridiennes sont appelées communément «entérotoxémies»
FAUX :
On parle régulièrement «d’entérotoxémie» dans le langage courant mais ce terme est parfois mal employé. Les entérotoxémies font partie des affections clostridiennes, il ne s’agit que d’une sorte parmi d’autres.
Les clostridies sont une grande famille comportant plusieurs représentants : Clostridium tetani, Clostridium chauvoei, Clostridium novyi, Clostridium septicum... ayant chacun sa spécialité !
Les entérotoxémies correspondent à des toxi-infections d’origine intestinale (Clostridium perfringens, Clostridium sordellii).
3. Les clostridies sont uniquement responsables de toxi-infections digestives
FAUX :
Selon le Clostridium mis en jeu, on peut rencontrer une atteinte musculaire, hépatique, de la caillette, de l’intestin ou une atteinte nerveuse.
4. Les entérotoxémies ne touchent que les gros agneaux
FAUX :
Les affections clostridiennes touchent toutes les classes d’âge, avec des spécificités selon le Clostridium. Cependant une immunité naturelle faible au démarrage peut augmenter avec l’âge.
5. Il n’y a pas de solutions préventives efficaces
FAUX :
Il est essentiel de maîtriser les facteurs de risques tels que l’alimentation, le stress, le parasitisme, la désinfection des plaies... pour éviter les différentes affections clostridiennes possibles. Cependant la prévention passe essentiellement par la vaccination qui demeure très efficace si elle est effectuée selon le protocole préconisé.
6. Tous les vaccins sont identiques
FAUX :
Différents vaccins contre les affections clostridiennes existent. Ils diffèrent de part leur composition, c’est à dire selon les types d’anatoxines clostridiennes qu’ils comportent et vis-à-vis desquelles l’animal sera alors protégé.
7. Les vaccins contre les affections clostridiennes ne protègent pas tous contre le tétanos
FAUX :
Ils diffèrent dans leur composition mais ils ont un point commun, ils présentent tous la valence Clostridium tetani et permettent donc l’immunité contre le tétanos.
8. La vaccin administré en fin de gestation permet un transfert d’anticorps via le placenta qui protégera le nouveau-né dès sa naissance
FAUX :
Dans le cas des ruminants il n’y a pas de transfert placentaire, le jeune naît sans immunité, et la première acquisition d’anticorps ne se fera que par le colostrum.
La vaccination des mères en gestation, permet une immunité active des mères et une immunité passive des jeunes par enrichissement en anticorps maternels du colostrum. Pour bénéficier d’un transfert colostral correct, il faut respecter les périodes de vaccination recommandées.
9. Un jeune issu d’une mère vaccinée ne nécessite qu’une seule injection de rappel pour être protégé contre les affections clostridiennes
FAUX :
L’immunité passive du jeune est assurée par l’apport colostral d’anticorps maternels, mais cette protection ne durera que quelques semaines. Pour une immunité durable, il faut générer une immunité active en effectuant une primovaccination complète. Concernant les vaccins contre les affections clostridiennes, la première vaccination de l’animal doit s’effectuer en deux injections séparées par un intervalle déterminé.
Au démarrage d’une vaccination, une seule injection de vaccin ne suffit pas à faire monter suffisamment les anticorps pour apporter une protection efficace et durable, il faut effectuer une seconde injection.
10. L’impact économique des affections clostridiennes est minime
FAUX :
Celui-ci est souvent sous-estimé, notamment car on ne prend pas bien en compte toutes les conséquences. Il n’est souvent pris en compte que les «morts subites» sans comptabiliser les autres pertes. On considère «les entéros» comme une fatalité sur laquelle on ne s’attarde peut être pas assez...