Bonne utilisation des antibiotiques

Actuellement on parle beaucoup de qualité, de traçabilité des élevages et des productions agricoles, et les consommateurs sont de plus en plus exigeants.

Bonne utilisation des antibiotiques

Chaque éleveur est donc concerné et doit se sentir responsable de la qualité des produits qu’il livre à la consommation, notamment de l’absence de résidus médicamenteux (antibiotiques entre autres) dans le lait et les viandes. D’autre part, il a été décidé au niveau européen de diminuer de manière significative l’utilisation des antibiotiques en production animale afin de lutter contre l’antibiorésistance qui devient une réelle problématique en santé humaine (environ 25000 décès par an dans l’union européenne). De plus certains antibiotiques ont été classés antibiotiques «d’importance critique» et leur utilisation sera limitée  et encadrée.

Hygiène et propreté du matériel

Utiliser régulièrement des seringues et aiguilles propres et sèches, ou mieux du matériel à usage unique. En effet l’utilisation d’une aiguille ou d’une seringue souillées peut entraîner la formation d’un abcès au point d’injection responsable soit d’une mauvaise activité de l’antibiotique, soit d’une future saisie à l’abattoir. 

D’autre part, il peut y avoir risque de transmission d’une maladie d’un animal à un autre.

Préparation avant utilisation

Vérifier que le produit est bien homogénéisé en agitant le flacon, car on risque d’injecter l’excipient et de laisser le principe actif au fond, d’où une inefficacité du traitement. 

Respect de la voie d’administration

Une autre voie que celle préconisée peut modifier l’activité et la durée d’action d’un antibiotique, modifier le délai d’attente, voire provoquer un accident chez l’animal (choc induit par un produit injecté par voie veineuse au lieu de la voie intramusculaire).

Lors d’injection sous-cutanée ou intramusculaire on vérifie qu’après ponction le sang ne reflue pas dans l’aiguille ; si c’est le cas on change de point d’injection.

  • L’injection intramusculaire se fait dans l’encolure ou dans l’arrière-train.
  • L’injection sous-cutanée se fait en prenant un pli de peau à l’encolure, ou en arrière de l’épaule. Pour certains endectocides longue action il est recommandé de réaliser cette injection en arrière de l’oreille.

Respect des doses

Il convient de respecter les doses prescrites et les délais entre les injections mentionnés sur l’ordonnance ; on n’injecte pas un antibiotique longue action au même rythme qu’un autre à action courte (12 ou 24 heures ) ; ceci est très important vis à vis des délais d’attente lait et viande. D’autre part, on estimera au mieux le poids de l’animal car un sous dosage peut être à l’origine d’un échec de traitement.

Respect de l’espèce cible

Vérifier que l’on utilise bien un antibiotique sur une espèce autorisée. En effet certains médicaments peuvent être contre-indiqués voire toxiques pour certaines espèces. De plus les délais d’attente sont établis pour les espèces autorisées et souvent inconnus pour les autres. 

Respect du temps d’attente

Noter pour chaque animal traité la date de l’arrêt du traitement afin de respecter les délais d’attente lait et viande, ceci en conservant l’ordonnance établie par le vétérinaire pendant toute la durée du traitement. Des contrôles sont réalisés en laiterie et en abattoir, la présence de résidus d’antibiotiques peut entraîner des pertes économiques importantes : retrait du lait, saisie de la viande. 

Conservation des produits

Conserver les flacons d’antibiotiques neufs ou entamés suivant les recommandations du laboratoire fabricant (certains doivent être stockés au réfrigérateur). Eviter la poussière sur les bouchons, les fortes variations de température.

Sauf indication du laboratoire tout changement de l’aspect du produit (couleur, consistance, dépôts) doit amener à l’élimination du flacon. 

Association de produits

Demander conseil au vétérinaire lorsque plusieurs médicaments sont utilisés ensemble, des interactions peuvent exister par exemple entre antibiotiques de différentes familles entraînant alors une inefficacité du
traitement voire une toxicité pour l’animal. De plus le temps d’attente n’est alors plus connu avec certitude. 

Utilisation raisonnée

Ne pas utiliser les antibiotiques de manière abusive. Deux cas qui se ressemblent ne nécessitent pas forcément la même thérapeutique. Le mauvais choix de la molécule est alors à l’origine d’une inefficacité du traitement. 

Mais l’échec d’un traitement peut aussi être dû à une résistance des bactéries cibles à l’antibiotique employé. Cette résistance des bactéries est un phénomène naturel, mais l’utilisation abusive d’antibiotiques est potentiellement génératrice de sélection de bactéries résistantes ; Ces dernières peuvent être transmises à l’homme et posent alors de sérieux problèmes thérapeutiques.

La lutte contre l’antibiorésistance est
donc importante pour la santé animale mais prioritaire pour la santé humaine. D’où la mise en place du plan «eco antibio 2017» qui prévoit une baisse globale d’utilisation des antibiotiques en productions animales avec un objectif de -25% sur 5 ans. 

Les antibiotiques d’importance critique

Il s’agit d’antibiotiques utilisés en médecine humaine en dernier recours, particulièrement en milieu hospitalier pour traiter des infections dues à des bactéries multirésistantes. Le classement des antibiotiques dans la catégorie «d’importance critique»  répond à la nécessité de préserver un arsenal thérapeutique suffisant et efficace pour le traitement en dernier recours de certains patients.

La liste des antibiotiques d’importance critique en médecine vétérinaire a été établie par décret ; ce sont les céphalosporines de troisième et quatrième génération et les fluoroquinolones. Mais cette liste n’est pas  définitive et est susceptible d’évoluer. 

L’utilisation de ces antibiotiques doit être limitée au strict minimum. Arrêtés et décrets précisent que leur utilisation est interdite à titre préventif et qu’elle nécessite un examen clinique du ou des animaux malades et des prélèvements biologiques pour identification bactériologique avec réalisation d’antibiogramme qui prouvera que seuls ces antibiotiques sont  efficaces pour lutter contre l’infection en cause. Leur prescription n’est alors valable qu’un mois et le renouvellement est interdit.