Bonnes pratiques d’utilisation des antiparasitaires internes : sécurité et efficacité

Les antiparasitaires internes utilisés chez les ruminants sont soumis à prescription vétérinaire mais il est essentiel pour l’utilisateur de respecter et connaître certaines bases. L’objectif :efficacité et sécurité pour l’animal, l’homme et l’environnement.

Bonnes pratiques d’utilisation des antiparasitaires internes : sécurité et efficacité

Le choix du médicament :

Le choix de traitement se fera en fonction de la saison (variation saisonnière du risque parasitaire), de l’animal ou du lot à traiter (état de santé, état d’engraissement, signes cliniques éventuels, âge, stade physiologique, mode de vie, dernier traitement reçu), des analyses coproscopiques réalisées. Il est essentiel de respecter la prescription de votre vétérinaire qui a pris en considération notamment les paramètres suivants :

- Molécule active et spectre d’activité

La ou les substances actives, ou principes actifs, d’un médicament sont chacun des composants de ce médicament qui possèdent un effet thérapeutique. Chaque molécule présente un spectre d’activité différent sur : le type de famille parasitaire touché (strongles, douves, ténias...), le stade du parasite atteint (adulte, immature...). Dans un médicament, plusieurs molécules actives peuvent être associées.

- Temps d’attente

Il est défini de façon à ce que les denrées alimentaires issues des animaux traités avec ce médicament vétérinaire ne contiennent pas de résidus à des concentrations au-dessus de seuils limites définis. Ce critère est essentiel à tenir compte en fonction du type de production des animaux traités.

- Rémanence

En médecine vétérinaire, elle désigne la capacité d’une substance à exercer son action un certain temps après son application. L’emploi de molécule à effet rémanent se justifie donc lorsque l’animal reste exposé à l’infestation parasitaire (animal au pâturage).

- Résistance

Les parasites présentent une sensibilité plus ou moins grande à l’action d’un médicament, ce caractère à un support génétique. Un parasite dit «résistant» à une molécule, transmettra cette résistance à ses «descendants». A force d’employer une molécule de traitement, ou de mal l’utiliser (sous-dosage), on risque de sélectionner les parasites résistants et d’aboutir ainsi à une perte d’efficacité du traitement. De plus, lorsqu’un parasite devient moins sensible à un produit, il peut le devenir à un autre produit chimiquement proche. C’est la raison pour laquelle il est important, dans la mesure du possible, d’alterner les familles de molécules.

- Ecotoxicité

Les médicaments à usage vétérinaire, éliminés par voie urinaire ou fécale sont ensuite rejetés dans l’environnement sous forme active ou sous forme de metabolites. Certains de ces metabolites présentent un risque pour l’environnement. Certaines recommandations figurent alors sur l’A.M.M.* du médicament : spécifications de limite d’utilisation, conséquences pratiques concernant l’épandage du fumier des animaux traités... 

Il convient de plus de respecter la réglementation concernant l’élimination de médicaments non utilisés ou de déchets dérivés de l’utilisation de ces médicaments. Afin de répondre à cette obligation réglementaire, l’Alliance Pastorale a mis en place une collecte des déchets d’activité de soins (contactez le Pôle Santé Animale de l’Alliance Pastorale pour tout renseignement).

La bonne utilisation du produit

  • Respect de la prescription vétérinaire : dosage, voie d’administration, ...
  • Matériel adapté et en bon état : le matériel de soins, d’administration doit être propre et en bon état de fonctionnement (avec un pistolet doseur défaillant on risque de ne pas doser correctement). Bien laver le matériel après utilisation, voire désinfecter ou utiliser du matériel jetable.
  • Bonne condition de travail : la contention correcte des animaux permet d’assurer la sécurité des animaux, de l’administrateur et garantit une administration correcte du produit.
  • Rythme de traitement adapté : il faut gérer les traitements en fonction des besoins, et dans la mesure du possible en limiter la fréquence. Cela implique de tenir compte de la rémanence du produit, de la sensibilité des animaux traités (prendre en compte l’immunité des animaux), de la saison, des périodes à risque pour chaque catégorie d’animaux (avant la lutte pour les agnelles, la rentrée en bergerie des brebis, la préparation à la mise-bas, le sevrage des agneaux...). Le risque maximal est d’utiliser un produit avec un rythme proche de la période pré-patente du parasite (temps qui sépare le moment où l’animal est infesté par un parasite et celui où des œufs, larves, ou ookystes apparaissent dans le milieu extérieur). 
  • Évaluation du poids de l’animal : un surdosage est une perte d’argent et un risque de toxicité, un sous-dosage est un risque pour le développement de résistances et l’efficacité.
  • Respect des temps d’attente. 
  • Protection de l’administrateur : il faut travailler dans les conditions les plus favorables possibles et respecter les préconisations d’emploi figurant sur l’AMM.

La conservation du médicament

L’armoire à pharmacie doit être propre, dans un endroit propre, bien rangée, fermée, à l’abri de la poussière, de la lumière, des écarts de températures, (un réfrigérateur est nécessaire pour la conservation de certains médicaments : vaccins, sérums, hormones...) Elle doit être régulièrement «mise à jour» par élimination de tous les produits périmés, à savoir : produits arrivés à date de péremption et produits dont les durées de conservation après première utilisation sont dépassées. On peut noter la date de première utilisation sur le bidon ou flacon. Surveiller les stocks, c’est faire des économies... il faut bien choisir les conditionnements, privilégier les petits s’il le faut, pour éviter d’en jeter pour rien.

L’enregistrement des traitements

Au delà de l’obligation réglementaire, c’est un outil très utile pour l’éleveur : suivi des traitements effectués, suivi des pathologies (détection de l’importance, de la chronicité des pathologies, via l’observation des traitements), respect des temps d’attente, détection des animaux à réformer...

Il faut inscrire dans le carnet sanitaire le numéro d’identification de l’animal ou la description du lot traité, le nom du médicament, la posologie, le numéro d’ordonnance, la date de début et date de fin de traitement et/ou durée de traitement, les temps d’attente.

Intérêt de la phytothérapie

L’emploi de certaines plantes permet de maîtriser de façon naturelle les parasites digestifs des ruminants. Extraits de plantes, huiles essentielles peuvent être employés dans ce cadre, en complément des traitements allopathiques et en particulier en élevage biologique. Elles ont un effet sur l’immunité des animaux et sur certains parasites. Il existe plusieurs formes d’apport possibles. Pour la gestion du parasitisme de bergerie, connaître 0107003 - 0108252 - 0100370 - 0111020. Pour la gestion du parasitisme à l’herbe, connaître 0104169 - 0107001 - 0200423 - 0200631 (voir Rubrique du Pôle Santé Animale dans le Bulletin N°854 avril 2015)


*L’A.M.M. : Un médicament est commercialisé suite à son obtention d’Autorisation de Mise sur le Marché. Celle-ci décrit entre autres, les conditions dans lesquelles le produit doit être utilisé.