- Par Laurent Saboureau
Désinfection des bâtiments d’élevage : Il est encore temps
La rentrée en bâtiment de la plupart des animaux ne se fera que dans plusieurs semaines. Il est donc encore temps, mais grand temps (!) de penser à l’assainissement des bâtiments d’élevage, si cela n’a pas été fait immédiatement après la sortie des animaux au pâturage.
Lors de cette sortie, en fin de saison dernière, la charge infectieuse et parasitaire des bâtiments était à son maximum. Il est donc important désormais, avant de rentrer pour une nouvelle saison d’hivernage avec son lot de mise-bas et de jeunes animaux, de faire baisser cette pression afin de limiter un maximum les pathologies qui en découlent.
Seuls un nettoyage et une désinfection, suivis d’un vide sanitaire, seront réellement efficaces pour cela. Il faut garder à l’esprit que le nettoyage et la désinfection sont deux étapes complémentaires. Un nettoyage sans désinfection est insuffisant et une désinfection sans un bon nettoyage est presque inutile.
Avant tout, un curage pour faire le ménage
Il a pour but d’évacuer la plus grosse partie du fumier que constitue la litière accumulée :
- Démontage et sortie de tout le matériel mobile : contention, bacs, auges, râteliers…
- Évacuation du fumier, 0603036 621249
- Raclage des matières organiques sur le sol et les murs. 0401435
Nettoyage, pour mettre les microbes à nu
L’objectif est de désincruster et d’éliminer toutes les souillures organiques (paille, fèces, poussières…) collées dans le bâtiment, permettant ainsi une plus grande efficacité du désinfectant qui sera ensuite appliqué. En effet, le biofilm formé par les graisses et salissures constitue non seulement une protection vis-à-vis des désinfectants pour les microbes qu’il renferme, mais il inactive également bon nombre de désinfectants sensibles aux matières organiques.
Ce nettoyage se réalise en 2 étapes :
- Détrempage et détergence par l’application d’un détergent (BIOSOLVE E 0104163 ) au pulvérisateur ou au canon à mousse, que l’on va laisser agir 1 heure. Le détergent permet à l’eau de pénétrer à l’intérieur du biofilm et de le dissoudre, laissant à nu les microbes. L’idéal est d’utiliser un canon à mousse, mais une pulvérisation classique peut suffire,
- Décapage et rinçage au nettoyeur haute pression.
Désinfection, pour détruire les microbes… et les parasites
Elle doit se faire rapidement après le nettoyage, dans un bâtiment encore humide, où les microbes mis à nu par le nettoyage vont être sensibles au désinfectant utilisé. On choisira un désinfectant au moins bactéricide (SANITERPEN PLUS 0104597 ), si possible également fongicide et virucide (SEPTICID 0104365 , VIRKON 0110109 ) en fonction des antécédents sanitaires du bâtiment. Le choix doit également se faire selon la nature des sols et des murs et les conditions de température au moment de l’application, qui peuvent modifier l’efficacité de certains désinfectants.
La dilution, la dose et le mode d’application préconisés par le fabricant doivent être scrupuleusement respectés. Généralement, on utilise 30 litres de solution diluée de désinfectant pour 100 m², que l’on peut appliquer avec un simple pulvérisateur à dos. Il ne faut jamais oublier de désinfecter tout le matériel de contention et le matériel d’élevage utilisés pendant la saison.
Prévenir la coccidiose et la cryptosporidiose
Selon l’intensité des problèmes de parasitisme rencontrés durant l’hiver, on pourra avoir recours à un désinfectant également reconnu pour son efficacité contre les ookystes de coccidies et de cryptosporidies (PROPHYL S 0110163 ). Cette action permettra de détruire ces formes de résistance, qui peuvent survivre dans le bâtiment pendant des mois, avant la rentrée des animaux. Attention, pour obtenir une efficacité contre ces parasites, ce désinfectant doit être utilisé à une dilution de 2% et à raison de 50 litres de solution ainsi obtenue pulvérisés sur 100 m².
Vide sanitaire, pour parfaire l’assainissement
Une période minimale de 15 jours est nécessaire avant de rentrer à nouveau des animaux dans le bâtiment, si on veut tirer parti du vide sanitaire. Si cette période sans animaux ne peut pas être respectée, il faut au moins attendre que le bâtiment soit parfaitement sec avant la rentrée. En effet, un bâtiment désinfecté n’est pas pour autant stérile, et l’humidité favorise le développement des microbes restants. L’assèchement complet du bâtiment complète ainsi l’assainissement.
Juste avant la rentrée des animaux, on pourra encore améliorer l’hygiène du bâtiment en nébulisant un désinfectant (VIRKON 0112002 ).
Désinfection : les molécules et les produits
Les phénols
(PROPHYL S 0110162 )
Les dérivés phénoliques sont surtout bactéricides et fongicides, leur pouvoir virucide étant parfois plus faible selon les molécules. Le grand intérêt de ces produits réside dans leur persistance d’activité en présence de fortes quantités de matières organiques, ce qui consacre leur usage dans les bâtiments pour ruminants, les pédiluves et les rotoluves. A pourcentage de dilution plus élevé (2%), le PROPHYL S s’utilise aussi contre les oocystes de coccidies (Eimeria spp.) et de cryptosporidies (Cryptosporidium parvum).
Les dérivés peracétiques
(HYPEROX 0104242 )
Ces produits associent le peroxyde d’hydrogène et l’acide acétique (molécules biodégradables) et trouvent très naturellement leur emploi en élevage biologique. Malgré une odeur forte de vinaigre et des solutions à manipuler avec précaution du fait de la présence de peroxyde d’hydrogène concentré, ils ont une forte activité et un très bon profil toxicologique et éco-toxicologique.
Le glutaraldéhyde
Son activité est lente et liée à des conditions particulières d’utilisation : une humidité de 80%, une température d’au moins 20°C et un temps de contact de 8 heures dans les locaux traités. Dans ces conditions, le spectre d’activité est cependant puissant et polyvalent.
Les ammoniums quaternaires
(SANITERPEN PLUS 0104597 )
L’activité bactéricide des ammoniums quaternaires est diminuée en présence de matières organiques, dépendante de la température, et peut entrainer un phénomène de résistance bactérienne lors de sous dosage. Ces produits doivent donc toujours être utilisés sur des surfaces parfaitement propres (après l’application d’un détergent). La concentration d’homologation doit être doublée dans le cas d’utilisation à une température inférieure ou égale à 10 °C.
Les associations ammoniums quaternaires / glutaraldéhyde (SEPTICID 0104365 ) sont performantes.
L’oxone
(VIRKON 0112002 )
Désinfectant original, ce produit possède un spectre complet et large (virucide, bactéricide et fongicide) et une grande efficacité sans résistance à toutes températures. Il s’utilise classiquement en pulvérisation, nébulisation ou au canon à mousse. Il possède un indicateur coloré d’efficacité désinfectante qui peut être mis à profit pour le renouvellement des solutions des pédiluves. Enfin, VIRKON démontre une grande sécurité d’emploi pour l’utilisateur, les animaux et l’environnement ; ainsi, son utilisation comme désinfectant de l’eau de boisson des animaux est possible. Il est également, de ce fait, autorisé en agriculture biologique.
FLORISTAR XP
désormais certifié sans OGM
L’aliment complémentaire en granulés FLORISTAR XP est désormais certifié sans OGM dans le cadre de la certification OQUALIM STNO (Socle Technique Non OGM) et conforme aux règlements européens 1829/2003CE et 1830/2003CE. Pour rappel, le FORISTAR XP contient 25% de DIAMOND V XP Concentré et constitue un excellent accélérateur de flore microbienne, permettant d’améliorer l’ingestion et l’efficacité de la digestion. Un excellent moyen d’améliorer les productions tout en réduisant les troubles digestifs et en optimisant le système immunitaire. Une précaution importante à prendre sur les rations à venir, afin de compenser les effets de la sécheresse sur la qualité du pâturage estival.