- Par AP
Diarrhées au pâturage
Le Pôle Santé Animale vous guide dans un explication rapide de ce problème récurrent...
Quelles causes ?
Alimentaire :
c’est chronologiquement la première cause qu’il faut suspecter lors de diarrhées apparaissant rapidement après la mise au pâturage ou suite à une période de pousse importante de l’herbe.
Les diarrhées sont alors dues à des indigestions suite à :
- Une transition alimentaire trop brutale entre la ration distribuée en bâtiment et celle composée exclusivement d’herbe au pâturage. Pour rappel, la flore digestive demande environ trois semaines pour s’équilibrer suite à une modification de ration et digérer correctement celle-ci. Durant cette période, il est fréquent d’observer des diarrhées provenant d’une maldigestion,
- Une ingestion d’herbe chargée en eau et pauvre en matière sèche. Ce risque est d’autant plus important après une période de pousse rapide consécutive à une météo favorable, douce et pluvieuse,
- Une ingestion d’herbe jeune qui cumule richesse en azote soluble (risque particulièrement élevé avec les légumineuses), en glucides fermentescibles et en pectines.
Les diarrhées consécutives à ces indigestions apparaissent rapidement, quelques jours seulement après la mise à l’herbe ou une pousse rapide en cours de saison. Dans les cas d’herbe jeune ou chargée en eau, ces indigestions simples peuvent se compliquer en indigestions gazeuses et spumeuses, avec distension abdominale et détresse respiratoire parfois fatale.
Parasitaire :
la plupart des parasites digestifs (strongles principalement, mais également ténia chez les jeunes et plus secondairement paramphistomes) et hépatiques ingérés puis accumulés par les ruminants au pâturage peuvent occasionner des diarrhées. Celles-ci apparaissent cependant plus tardivement que les diarrhées alimentaires, après plusieurs semaines de pâturage.
Infectieuse :
au pâturage, l’essentiel des causes infectieuses sont liées à une consommation d’eau de mauvaise qualité bactériologique, et se retrouvent essentiellement sur les jeunes animaux.
Toxique :
les végétaux toxiques sont nombreux (buis, colchique, daphné, digitale, fougère, fusain, œnanthe, renoncules, solanacées...), mais leur consommation résulte cependant soit d’un accident, soit d’un manque de disponibilité d’herbe lors de sécheresse importante. Il faut être également prudent avec la mise à disposition de sel en grains dans des bassines, après une longue période sans distribution. Les surconsommations qui s’en suivent peuvent conduire à une intoxication.
Dans tous les cas, d’autres symptômes peuvent accompagner la diarrhée, soit parce qu’ils en sont la conséquence, comme la déshydratation, soit parce que la cause est commune, comme la nécrose du cortex cérébral, l’anémie, l’eczéma facial ou l’entérotoxémie.
Quel diagnostic ?
La chronologie et les circonstances d’apparition des diarrhées après la mise à l’herbe sont, comme on l’a indiqué précédemment, les premiers éléments qui peuvent aider au diagnostic. La nature et la consistance de la diarrhée sont ensuite à prendre en considération : plutôt très liquide et verdâtre lors de cause alimentaire, elle peut être moins abondante et plutôt collante en cas de parasitisme ou noirâtre lors de certaines intoxications.
La présence d’autres symptômes peut également être indicative, comme l’anémie ou le signe de la bouteille lors d’haemonchose, la présence de lésions cartonneuses sur la tête lors d’eczéma facial ou de signes nerveux lors de certaines intoxications...
La prise de la température rectale de quelques animaux atteints doit permettre de suspecter ou d’écarter une origine infectieuse. Pour mémoire la température normale d’un ruminant adulte varie entre 38°C et 39°C, celle d’un jeune entre 38,5 et 39,5°C. Dans tous les cas, une hyperthermie supérieure à 40°C est suspecte.
Enfin, toute diarrhée au pâturage doit inciter à faire des prélèvements de fèces afin de réaliser une analyse coprologique, pour dépister d’éventuelles infestations parasitaires.
Que faire ?
Le traitement consiste à la fois à lutter contre la diarrhée, les symptômes associés et leurs conséquences, et à essayer de remédier à la cause de cette diarrhée.
La diarrhée et ses conséquences (selon l’état de chaque animal) :
- Limiter la diarrhée par un pansement gastrique ( 0106012 ) ou charbon : à l’administration individuelle sur les animaux les plus atteints (Carbovet, Vetalhy Carbodiar), on peut associer la distribution collective d’argile dans les bassins à eau ( 0106020 ) ; si une partie de cette argile retombe au fond des bassins, le lait d’argile qui surnage reste parfaitement efficace,
- Réhydrater ( 0108256 ) ( 0110064 ),
- Relancer la rumination et la motricité digestive,
- Réensemencer le tube digestif et stimuler la flore existante ( 0111021 ).
Les symptômes associés : anémie (fer, vitamine B12), nécrose du cortex cérébral (vitamine B1), météorisation gazeuse et spumeuse (trocardage, substances anti-moussantes), lésions hépatiques (hépatoprotecteur)...
Traitement et prévention des causes :
- Mise à l’herbe progressive, rationnement du pâturage et choix des parcelles (éviter par exemple la mise à l’herbe sur des parcelles de légumineuses pures ou dominantes),
- Distribution de foin au pâturage,
- Surveillance de la qualité de l’eau d’abreuvement,
- Mise à disposition en permanence de bloc de sel pur,
- Traitements antiparasitaires.