- Par Laurent Saboureau
Diarrhées néonatales des ruminants
Il existe trois origines principales aux troubles digestifs chez les jeunes ruminants :
- Infectieuses : germes d’environnement pénétrés dans le tube digestif par voie orale,
- Alimentaires : indigestion vis-à-vis du lait de la mère ou de l’aliment d’allaitement,
- Parasitaires : coccidiose et cryptosporidiose principalement en bâtiment.
Selon l’âge des animaux, l’une ou l’autre des origines peut être prépondérante. Chez les jeunes nouveau-nés, l’origine la plus fréquente est la colonisation du tube digestif par des bactéries (colibacilles en général, dont le tristement célèbre Escherichia coli) ou des virus (rota, coronavirus en particulier) pathogènes. Il faut se souvenir que le tube digestif des nouveau-nés est stérile et que les premiers agents qui s’y installent le colonisent d’autant plus facilement (voir la rubrique Pôle Santé Animale du bulletin du mois dernier). Les animaux atteints présentent fréquemment une diarrhée très liquide, de couleur jaune paille, responsable d’une déshydratation rapidement mortelle si elle n’est pas traitée. Ces troubles peuvent aussi évoluer vers des septicémies, avec une mort qui survient alors en quelques heures, précédée ou non de signes plus ou moins longs d’incoordination motrice, de dépression, de prostration…
Dans les premiers jours de vie, l’origine parasitaire est également un risque, représenté par les cryptosporidies, qui entraînent des diarrhées sévères vers 4 ou 5 jours d’âge. Cette infection se retrouve surtout en élevage bovin et caprin, et moins fréquemment chez les ovins viande. L’origine alimentaire peut, elle, être suspectée après quelques jours d’allaitement, lorsqu’apparaît une diarrhée pâteuse et décolorée.
La prévention de ces diarrhées néonatales passe toujours par le triptyque vertueux suivant :
- Eviter la multiplication des agents infectieux et parasitaires dans l’environnement, et tout particulièrement dans la litière de la zone de mise-bas, grâce à une hygiène rigoureuse de celle-ci. Moins les germes se multiplieront et seront nombreux dans l’environnement, moins la pression infectieuse et parasitaire sera importante et les risques de contamination nombreux. Pour cela :
- Respecter les normes de chargement en animaux,
- Pailler abondamment et régulièrement,
- Eviter toute source d’humidité : fuites, condensation…
- Apporter un produit d’hygiène de la litière ; dans les zones de mise-bas, les boxes et les cases, nous préconisons un ensemencement de la litière avec des germes favorables (VETALHY NURSERY – Voir la rubrique Pôle Santé Animale du Bulletin du mois dernier).
- Eviter la pénétration par voie orale et l’installation des germes de l’environnement et de la litière dans le tube digestif ; à noter que cette contamination peut aussi se faire par la tétée d’une mamelle souillée, d’où à nouveau l’importance d’une litière la plus saine possible. Les moyens utilisés sont, dès la naissance :
- La distribution de colostrum, en particulier d’un colostrum de remplacement riche en IgY (GLOBIGEN COLOSTRUM),
- L’ensemencement du tube digestif avec des bactéries favorables, agissant comme premiers occupants (voir la rubrique Pôle Santé Animale du bulletin de décembre 2018) (FLOR-ALLIANCE)
- Stimuler la résistance et les défenses immunitaires du nouveau-né face aux infections par la distribution :
- D’une bonne quantité (10 % du poids vif dont la moitié dans les 6 premières heures) d’un colostrum de bonne qualité (utilisation d’un réfractomètre ou d’un pèse-colostrum pour mesurer cette qualité),
- De vitamines et d’oligo-éléments (FLOR-ALLIANCE).
Malgré la stratégie de prévention, si les troubles digestifs apparaissent, il est conseillé, en plus du traitement éventuel du germe en cause conseillé par son vétérinaire, de :
- Limiter la diarrhée par l’administration orale d’absorbants digestifs à base d’argile et/ou de charbon,
- Réhydrater le jeune animal car la déshydratation est souvent la cause première de la mortalité,
- Soutenir son état général en apportant des sources d’énergie et des minéraux,
- Réensemencer le tube digestif et orienter la flore vers des bactéries favorables.
Les extraits végétaux peuvent aussi être conseillés et utilisés, en raison de leurs propriétés sur les agents pathogènes infectieux ou parasitaires (PHYT-AP COLIX) ou de leur capacité à stimuler la digestion du lait maternel ou artificiel par le jeune ruminant (PHYT-AP DIGEST).