Grande douve et paramphistomes Deux parasites à ne pas oublier malgré les étés secs

Ces deux parasites peuvent certes provoquer des mortalités mais sont aussi souvent actifs sous formes subcliniques et engendrer des pertes économiques importantes liées à la diminution des productions ou des saisies d’abats.

Grande douve  et paramphistomes Deux parasites à ne pas oublier malgré les étés secs

Présentation


Ils appartiennent à la classe des Trématodes et ont des cycles de reproduction similaires faisant intervenir un hôte intermédiaire (un mollusque aquatique) et un hôte définitif (mammifère) ; leur localisation définitive dans l’hôte intermédiaire diffère : le foie pour la grande douve, les « estomacs » et l’intestin grêle pour les paramphistomes.

Dans les deux cas, il faut environ 6 mois pour que le cycle soit bouclé, trois mois dans le milieu extérieur (œufs, miracidium, cercaires) et trois mois dans l’hôte définitif (immatures et adultes pondeurs). Les œufs sont très résistants dans le milieu extérieur. Il y a une multiplication des larves dans l’hôte intermédiaire puis une dissémination par celui-ci. Il peut y avoir une infestation mixte des limnées par des larves de grande douve et de paramphistomes. Celles-ci vivent en milieu humide avec eau stagnante, c’est à dire dans toute flaque de la taille d’une empreinte de sabot, une fuite sous une tonne à eau par exemple, ou en zone marécageuse. Elles se multiplient pour donner deux générations, une généralement en fin de printemps et une à l’automne quand la pluviométrie est importante et les températures douces. C’est donc à ces deux périodes que se feront principalement les infestations par consommation d’herbe sur laquelle sont collés les métacercaires. Les limnées résistent à l’hiver et à la sécheresse en s’enfouissant dans le sol.

Avant d’atteindre leur localisation définitive, les immatures doivent migrer dans l’organisme de l’hôte définitif et c’est souvent cette migration qui déclenche une clinique aiguë. Mais cette migration prenant au moins plusieurs semaines, il y a un décalage dans le temps entre l’infestation et l’apparition de la clinique.


Clinique chez les ovins

Remarque : 

La clinique liée à la grande douve est beaucoup moins marquée chez les bovins car leur immunité par rapport à ce parasite est plus efficace que celle des ovins

Diagnostics

Clinique 

Essentiellement lors des infestations massives par des immatures, moins évident pour les formes chroniques.

Coproscopique  

Observation des œufs dans les fèces mais seulement si des formes déjà adultes et pondeuses sont présentes ; Il s’agit d’un diagnostic tardif par rapport à l’infestation. De plus, la grande douve pond de façon intermittente et en faible quantité.


Diagnostic par autopsies 


Observation des lésions (tel le foie cirrhotique en illustration ci-dessous).

Observation des formes adultes ou immatures. 

Sérologique 

Pour la grande douve, il est possible quelques semaines après l’infestation. Les anticorps disparaissent progressivement après un traitement douvicide.

Faire des prises de sang sur 5 à 6 animaux par lot sur les jeunes en première année de pâture ou sur des adultes n’ayant pas reçu de traitement douvicide depuis plusieurs mois. Les sérologies sont effectuées individuellement ou en mélange de sangs.


Retours d’abattoir 

Les foies sont saisis.

Identification 

des gîtes à limnée et recherche de celles-ci.

Traitements

Nous disposons de plusieurs molécules ayant une activité sur la grande douve. Mais certaines d’entre elles ne sont efficaces que sur les formes adultes (albendazole, nétobimin, oxyclosanide) : elles ne seront donc utiles que tardivement et si l’infestation n’est pas trop importante (clinique d’accumulation). Elles nécessitent un deuxième traitement huit semaines plus tard pour détruire les immatures qui ont évolué depuis le premier traitement.

Les molécules actives à la fois sur les adultes et sur les immatures sont le nitroxinil, le closantel et le triclabendazole. Elles pourront être utilisées lors d’infestations massives par des immatures. Un seul traitement suffit le plus souvent.

Seul l’oxyclosanide est actif sur les formes adultes du paramphistome et à des posologies supérieures à celles recommandées pour le traitement de la grande douve.


Prévention

Il est important de bien connaître ses pâtures et d’y identifier des gîtes à limnée potentiels. Cela permet soit de drainer les zones à risque, soit de les clôturer ou de les faire utiliser par les animaux en des saisons plus sèches (hiver et été si sec pendant lesquelles les limnées s’enfouissent).

Si la prévention agronomique s’avère complexe, on peut recourir à des traitements qui vont éviter le développement de la clinique.

Il s’agit des molécules actives à la fois sur les adultes et les immatures pour la grande douve. On positionnera les traitements en fin de période à risque, essentiellement en fin de printemps et en fin d’automne. Ces traitements limiteront également la ré-infestation des pâtures et permettront à moyen terme d’assainir l’élevage.

Contre les paramphistomes, un traitement annuel permet de ne pas être confronté à une clinique d’accumulation et de limiter le nombre d’oeufs répandus sur les prés

Paramphistomes comme grande douve se multiplient de préférence lors des années humides grâce à un climat doux et humide très favorable à leurs hôtes intermédiaires, les mollusques aquatiques. Cependant les animaux allant pâturer les zones humides où l’herbe reste disponible plus longtemps en année sèche, des infestations sont également possibles !!!