- Par Maya Diehl
Intoxication par l’if Taxus baccata Linné 1753
La famille des Taxacées comprend 9 espèces botaniques d’ifs et 400 variétés horticoles. Présent à l’état sauvage en Europe, l’if est employé dans nos jardins à la française en isolé, comme arbuste de haie persistante et en topiaire (forme taillée). Sa longévité et la persistance de son feuillage en fait un symbole d’immortalité, ce qui explique qu’on le trouve près des églises et dans les cimetières. L’if est classé sur les listes rouges des espèces menacées comme préoccupation mineure (risque faible de disparition).
Rustique, à croissance très lente, l’if peut atteindre une hauteur de 20 mètres. Tolérant au calcaire, il peut pousser sur tout type de sol. Les feuilles sont linéaires, aplaties, étroites, de 2 à 3 cm de long : elles sont souples ne piquent pas et persistent pendant plusieurs années sur l’arbre. Le bois est dur, imputrescible mais garde une certaine souplesse, ce qui permet sont utilisation tant en ébénisterie et lutherie que pour la fabrication d’arc. L’if est dioïque, avec des individus mâles ou femelles. La floraison a lieu en avril et débouche sur la formation d’arilles, partie rouge, sucrée et charnue du fruit, à maturité vers septembre, sur les pieds femelles. Il n’y a formation ni de cônes, ni de résine. La dissémination de l’espèce se fait par les oiseaux sauvages qui consomment les arilles sans casser ni digérer la graine, ce qui leur permet de ne pas s’intoxiquer.
Toutes les parties de l’arbre sont toxiques y compris les graines, sauf les arilles qui sont comestibles à condition de ne pas casser la graine. L’intoxication se fait par consommation de parties d’if présent dans et au bord des pâtures, et notamment après la taille de haie. La toxicité est au plus haut en période hivernale, et persiste après dessication. Elle est due à la présence de glucoside et d’alcaloïdes comme l’éphédrine et la taxine B notamment (la taxine A est moins nocive).
La taxine B a une action inotrope et dromotrope sur le muscle cardiaque, avec blocage de canaux calciques et potassiques conduisant à l’augmentation de la concentration cellulaire de calcium :
- cardiotoxicité
- ventriculaire : arythmie, tachycardie, fibrillation.
- canaux calcium : bradycardie, hypotension artérielle, diminution de la contractilité du myocarde et blocage de la conduction atrioventriculaire.
- Arrêt cardiaque.
La quantité de plante fraîche léthale correspond à :
- 200 g pour un cheval.
- 500 g à 1 kg pour une vache.
- 20 g pour un lapin.
Le cheval est le plus sensible à l’intoxication à l’if, en pâture ou par consommation pendant les randonnées : c’est la première cause d’intoxication liée aux végétaux chez les équins. L’intoxication est rare chez le chien s’il consomme les arilles sans croquer les graines : éventuellement vomissement, diarrhée, sécheresse buccale ou salivation.
Clinique
- Suraigüe :
tremblements, dyspnée, collapsus et mort en quelques minutes.
- Aigüe :
- Évolution en quelques heures jusqu’à 2 – 3 jours.
- Vomissement, diarrhée, colique.
- Polypnée, tachycardie suivie de bradypnée.
- Tremblements, excitation, incoordination avec hyperthermie, dépression et somnolence.
Pas de lésions typiques à l’autopsie, présence éventuelle de feuilles dans l’estomac ou la panse.
Diagnostic
Essentiellement par l’anamnèse, la présence de la plante dans la pâture et par l’autopsie.
Traitement
Uniquement symptomatique (charbon actif notamment) : pronostic réservé si apparition de symptômes neurologiques.
Prévention
- Supprimer l’accès aux haies par clôture permanente ou temporaire (électrique).
- Ne pas donner des déchets de taille aux herbivores.
- Attention lors de randonnée ou promenade à cheval, à ne pas laisser les équins consommer des plantes inconnues du cavalier.
L’if est utilisé en médecine comme anticancéreux (taxol et taxotère) !