La géobiologie en élevage

En élevage, lorsque le troupeau ou un individu est malade, la solution d’un traitement chimique est souvent privilégiée. De plus en plus les éleveurs se forment et pratiquent des méthodes alternatives telles que l’aromathérapie (utilisation d’huiles essentielles), la phytothérapie (utilisation de plantes) ou l’homéopathie. Cependant peu d’éleveurs s’intéressent encore à la géobiologie.

La géobiologie  en élevage

Pourtant le milieu dans lequel on vit ou dans lequel sont les animaux a souvent une importance non négligeable sur la santé des animaux. 

Les ouvrages de géobiologie sont souvent classés à côté des livres de sourcelleries et ésotériques pourtant elle relève de phénomènes géologique et électrique réels. 

Pour répondre à quelques-unes de nos questions, nous avons pris contact avec Mme HERVE-MARTY Florence, géobiologue dans le Tarn, l’Aveyron et les départements voisins. 


Qu’est-ce que  la géobiologie ? 


La géobiologie c’est « l’étude de la vie sur terre », c’est donc l’étude de l’influence de l’environnement, ou plutôt de tous les environnements. La géobiologie va donc s’intéresser aussi bien à l’influence du sol et sous-sol (passage d’eau, failles…) sur le bâtiment qu’à l’influence des pollutions modernes comme les ondes électromagnétiques ou les courants vagabonds, voire même aux mémoires des lieux. 


La géobiologie reprend l’ancien métier des sourciers pour le sous-sol, mais aussi une partie des savoirs des bâtisseurs anciens sur les dimensions équilibrées ou les orientations des bâtiments, ainsi que des recherches beaucoup plus modernes pour les ondes. 

 

Quelles sont les raisons pour lesquelles les éleveurs vous appellent ? 

La géobiologie peut-elle être intéressante pour des pathologies (mammites, cellules dans le lait, diarrhées…) ? 


Les éleveurs m’appellent pour des raisons diverses, mais le plus souvent… c’est un problème technique qui déclenche l’appel !


En élevage laitier, le sujet principal, ce sont les mammites, mais aussi les cellules, les boiteries… ou quelques éléments incompréhensibles comme un refus de passer sur un quai (et pas sur l’autre !), une série subite de maladies que l’élevage n’avait pas connu avant…


En élevage allaitant, c’est plutôt des pathologies de reproduction, avec des allongements de délais de vêlage, des animaux qui ne retiennent pas, des diarrhées et pathologies respiratoires des jeunes… et, là aussi, quelques éléments plus difficiles à classer : je pense à un élevage qui avait remarqué que les veaux qui passaient dans une case précise avaient tous des problèmes de croissance et cherchait à comprendre pourquoi.


Comme la géobiologie commence à être un peu mieux connue, mon nom circule aussi beaucoup par le bouche à oreille et il y a des exploitants qui demandent une analyse géobiologique à titre préventif, sans problème précis mais pour voir si on peut améliorer quelque chose.


Enfin, et c’est signe que ces notions se répandent en milieu agricole, j’ai été appelée quelques fois pour des diagnostics avant implantation, pour positionner au mieux un bâtiment en fonction des contraintes du sous-sol et partir également sur de bonnes bases en matière de gestion de l’électricité. 

Que recherchez vous lors d’une visite ? 

Le premier travail, lors d’une visite est de comprendre ce qui ne va pas et de vérifier que c’est bien du ressort de la géobiologie. 

En quelques questions, je vérifie donc avec les agriculteurs que les rations ont été ajustées par un technicien et sont distribuées à un rythme correct, que la machine à traire a été réglée, qu’il y a (à peu près) un chargement d’animaux correspondant aux capacités du bâtiment, que le système d’exploitation est cohérent…

Une fois ceci vérifié, on peut commencer le travail de géobiologie : je vais analyser deux grands types de perturbations : celles liées au sous-sol et à l’environnement naturel de l’exploitation, puis celles liées à l’environnement technologique de l’exploitation, donc les courants vagabonds, les ondes…

Vous cherchez comme les sourciers ?

Les perturbations du sous-sol se cherchent effectivement avec un pendule ou des baguettes (ou radmaster), comme autrefois. 

Je recherche surtout les failles et les passages d’eau dans un premier temps, plus tard les réseaux magnétiques. 

Les failles correspondent à des ruptures dans les roches du sous-sol, elles peuvent être sèches ou abriter de l’eau, elles modifient le champ magnétique à leur aplomb, elles ont un impact assez important pour des bâtiments et des animaux au-dessus.

Les passages d’eau peuvent se faire sous forme de veine qui circulent, ou de présence d’eau dans des poches de gravier, ou dans les galeries des sous-sols calcaires. L’eau qui circule dans le sous-sol peut perturber notamment l’eau qui circule dans le corps et provoquer par exemple des diarrhées, des problèmes de croissance et de fixation des minéraux. 

Les réseaux (réseau Hartmann, Curry, autres) proviennent d’une déclinaison du champ magnétique terrestre. Les anciens savaient les détecter et adapter leurs bâtiments à ce quadrillage. Ils sont rarement toxiques, sauf quand on a une superposition de croisements, ou Point étoile.

Il est donc important de ratisser le terrain pour détecter les nuisances. 

 

Si un problème est détecté existe-il des moyens de prévention ou de correction ? 

Une fois que l’on a détecté les nuisances, il est important de pouvoir les corriger, sinon, ce n’est pas la peine de passer juste pour faire peur aux gens ! 

Parfois un « pont » réalisé au-dessus d’une faille peut suffire.  Pour cela il faut planter au-delà des limites de la faille 2 piquets à béton de 50 / 60 cm de long, reliés par un fil électrique pour améliorer les circulations. 

Cf figure 2. 


Pour l’eau, on place parfois des pierres, parfois on travaille sur la dimension du bâtiment, il existe aussi des correcteurs spécifiques, souvent plus couteux.




Quelles sont les autres types de nuisances ? électriques ? 

Le deuxième grand type de perturbation concerne les « pollutions modernes ». On pense tous aux ondes téléphoniques à cause des antennes relais, mais les exploitations ont pleins d’autres possibilités de pollutions, presque toutes internes ! Pour cela, je pose les baguettes pour prendre des outils techniques de mesure : mesureur de champs, voltmètre, mesureur de terre, pince ampèremétrique…

Je regarde d’abord la valeur de la prise de terre, qui doit avoir une faible résistance, puis je regarde sa position : les électrons qu’elle diffuse ne doivent pas venir sous les pieds des animaux, ni dans une faille ou veine d’eau qui les ramèneraient vers les bâtiments. Au passage, on ouvre les compteurs pour voir les câbles de terre, la corrosion, les dégâts de rongeurs… quitte à renvoyer sur un électricien car ce n’est pas ma compétence !

Ensuite, je mesure les champs électriques et magnétiques issus des câbles : ils peuvent polluer aux environs, ou générer des courants induits dans les tubes à proximité, comme les cornadis, les barres de fesse en salle de traite…

Je regarde aussi où sont les terres des clôtures électriques, pour éviter les courants de retour sous les animaux, ou le passage de courants faibles dans les charpentes si le fil touche un peu, ou le « chien électrique » qu’on oublie de débrancher et qui diffuse des courants… Rien que du quotidien d’élevage ! 

Je mesure aussi s’il y a des courants dans l’eau de boisson, en cherchant la source de contamination. C’est très fréquent et les animaux ne boivent alors que pour survivre, pas pour produire.

Enfin, je mesure aussi les ondes liées à la transmission par wifi des résultats de robot, des caméras de vêlage, des DAC, et les autres ondes qui balayent les bâtiments…

Parfois, j’essaye aussi de comprendre d’où peuvent venir les pollutions extérieures et comment s’en protéger.


Y a-t-il un lien entre les différentes nuisances ? Une synergie ? 

Tout est souvent lié : une faille, surtout si elle est humide, va transporter les courants vagabonds et augmenter sa toxicité.

Les courants vagabonds qui sont captés par les structures métalliques ne peuvent pas être éliminés si la prise de terre est peu fonctionnelle.  

Des champs électriques issus des câbles vont amplifier l’effet des réseaux…. 

Tout est lié sur une exploitation et, à la fin, c’est souvent l’état sanitaire de l’animal qui marque la pollution. Comme ces éleveurs laitiers de Lozère qui sont passés de 450 000 à 100 000 cellules en lait… en déplaçant leur prise de terre ! Rien d’autre n’a changé dans les rations, les bâtiments, la génétique…


La géobiologie est-elle accessible à tous ? Comment se former ? 

Souvent, les participants des formations que j’anime arrivent en disant « j’ai essayé avec mon oncle / cousine / grand-père, ça marche pour lui, mais pas avec moi ! ». En fait, les baguettes ou le pendule « marchent »… parce que notre corps réagit aux changements magnétiques à l’aplomb de l’eau, des failles, des réseaux. Et ça, tout le monde est capable de le faire. Lors de mes formations je fais faire divers exercices pour rassurer les gens et commencer progressivement. Une fois que l’on s’est rassuré sur le fait qu’on y arrive, on voit l’immense gamme de possibilités qui nous est offerte, notamment au niveau de la santé du troupeau. 

Et pour la partie électrique, un multimètre permet déjà de chercher des anomalies et donne des pistes.

On peut se former dans le cadre des formations Vivea des chambres d’agricultures, je propose des modules d’initiation, puis d’approfondissement à la géobiologie. On peut aller plus loin auprès de différentes associations ou instituts. Il faut tout de même prendre plusieurs avis auparavant car ni le terme de géobiologue, ni le métier ne sont règlementés pour l’instant…



Ils témoignent...



REDOULES B. éleveur de brebis laitières dans le Tarn


1- Pour quelles raisons vous avez fait venir un géobiologue

C’était en 2016, nous cumulions les réformes (10%) en raison de taux cellulaires trop élevés (>800 000 cellules/ml). A l’aide de nos vétérinaires, techniciens et intervenants dans l’élevage nous avons éliminé petit à petit les différentes causes possibles : alimentation, hygiène…et nous sommes descendus petit à petit à 600 000 cellules/ml ce qui ne nous suffisait pas. 

Suite à des analyses de lait, un laboratoire d’analyses nous a conseillé de faire venir un géobiologue. 


2- Quels ont été les problèmes repérés

Le géobiologue qui est venu était le président de l’association “Les géobiologues du Tarn et de l’Aveyron”. Lors de la visite il a décelé à l’aide des baguettes des zones de failles humides sous le bâtiment. 

Il n’y avait aucun problème au niveau de fuites de courant dans les abreuvoirs, l’installation de traite… et l’antenne téléphonique sur l’exploitation ne semblait pas avoir une influence. 


3- qu’est ce qui a été mis en place

Il a été décidé d’installer un dispositif de correction à l’aide de « menhirs » orientés. Ils sont placés au niveau des croisements des failles. 

Il est revenu quelques semaines plus tard pour repositionner un « menhir ». 

4- Avez-vous eu des améliorations

Oui ! dans les jours qui ont suivi la première intervention le taux cellulaire était descendu à 400 000 cellules/ml. Nous avons été très satisfaits d’avoir fait intervenir ce géobiologue. 


CAYRE M. éleveuse de brebis laitières en Aveyron


1- pour quelles raisons avez-vous fait venir un géobiologue

Nous avons fait venir la géobiologue avant l’installation d’un nouveau bâtiment, afin de nous assurer du bon emplacement. Mais elle a également fait une analyse de l’ensemble du bâtiment existant et de la salle de traite. 


2- avez-vous repérer des problèmes

Concernant la zone d’installation du futur bâtiment elle n’a rien vu qui serait un frein. En revanche nous avons trouvé des courants parasites au niveau de la salle de traite. 


3- y a-t-il eu des modifications mises en place

Suite à son passage, nous avons mis la salle de traite à la terre. Et nous avons demandé lors de la construction du nouveau bâtiment à relier la terre à la terre d’origine du bâtiment existant. Ceci dans le but de limiter les courants vagabonds. 


4- Comment étiez-vous sensibilisés à la géobiologie ?

J’ai réalisé une formation d’initiation et de perfectionnement en géobiologie. C’est probablement ce qui m’a sensibilisé à cette pratique. Je conseille vivement de suivre une formation et également de faire un diagnostic en géobiologie lorsque toutes les causes de maladies chroniques ont été éliminées. 






En conclusion
Nous avons vu les différentes influences sur les animaux et l’importance de correctement implanter un bâtiment d’élevage et de l’entretenir.
Certaines influences sont plus difficiles que d’autres à maitriser, notamment les éoliennes ou l’implantation de ligne THT. C’est pourquoi il est important de limiter les influences intérieures et telluriques. Le géobiologue peut vous y aider.