- Par Laurent Saboureau
La reproduction, affaire de maîtrise et de technicité
Quelle que soit l’espèce de ruminants élevée (bovin, ovin ou caprin) ou la production recherchée (viande ou lait), la reproduction est la base de l’élevage. Pas de lait et de viande sans naissances, et pas de naissances sans reproduction. La maîtrise de cette phase physiologique, de la mise à la reproduction à la mise-bas, en passant par la gestation, est donc capitale pour la performance d’un élevage.
Tous les moyens et toutes les techniques permettant de mieux gérer et maîtriser ces différentes étapes sont donc à rechercher pour améliorer les résultats de l’élevage.
Pour rappel, voici les principaux indicateurs permettant de quantifier les performances de reproduction d’un élevage :
Taux de fécondité (ou de gestation)
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Nombre de femelles gestantes / Nombre de femelles mises à la reproduction
Pour améliorer ce taux, il convient de stimuler les chaleurs des femelles, la libido des mâles et de s’assurer que toutes les femelles seront saillies dans la bonne phase de leurs chaleurs pour avoir le plus de chances possibles d’être fécondées.
Le bon état de santé et corporel des reproducteurs doit être recherché pour une mise à la reproduction réussie. Pour cela, il convient de vérifier et de maîtriser :
- L’intégrité corporelle et des organes génitaux : aplombs, testicules ;
- La santé des animaux : absence de parasitisme et de maladie infectieuse ;
- L’alimentation.
Pour mesurer la fécondité des femelles en élevage, et vérifier qu’elles ont été saillies par un mâle, on peut avoir recours à des produits de marquage qui vont identifier le chevauchement :
- Estrus-alert : il s’agit d’un patch autocollant que l’on fixe sur la croupe de la vache. A l’acceptation du chevauchement, le frottement de la peau du taureau sur la croupe de la vache va abîmer la surface du patch et agir comme sur un ticket de loterie à gratter… Ce frottement va faire apparaître la couleur fluo du patch et identifier le chevauchement.
- Licol marqueur pour taureau ou harnais marqueur pour bélier et bouc : c’est le mâle qui porte ici l’identifiant marqueur de la saillie, c’est à dire un crayon de cire colorée, fixé sur un collier ou un harnais. Le chevauchement va ainsi laisser une trace colorée sur les femelles. Si un crayon de couleur différente est utilisé sur chaque mâle présent dans le lot de femelles, on pourra également identifier le ou les mâles ayant sailli chacune d’entre elles.
Pour améliorer la fécondité des femelles, on peut utiliser l’effet mâle, qui permet à la fois de déclencher et de regrouper les chaleurs des femelles d’un lot. Cette technique consiste à introduire le ou les mâles dans le lot de femelles, à condition qu’ils en aient été séparés pendant suffisamment longtemps auparavant (1 à 2 mois au moins). Si on souhaite seulement l’effet boute-en-train des mâles, sans permettre la saillie, il faut utiliser des animaux vasectomisés ou équipés d’un tablier. Pour les boucs, le tablier marqueur combine harnais marqueur et tablier, évitant que le mâle qui détecte l’acceptation ne saillisse la chèvre, permettant ensuite d’inséminer celle-ci. Ce tablier est le fruit d'un développement conjoint avec l'Inrae de Lusignan (86).
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Taux de fertilité
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Nombre de femelles mettant bas / Nombre de femelles mises à la reproduction
Ce taux prend en compte les résorptions embryonnaires et les avortements durant la gestation. Ces accidents apparaissent respectivement en début de gestation et en milieu ou fin de celle-ci. Les premières et les dernières semaines sont en effet les plus à risque. En début de gestation, l’embryon n’est pas encore accroché à l’utérus et est sensible à tout stress (mécanique, alimentaire) subi par la femelle. De même, en fin de gestation, le lien fœtus-utérus est également très fragile et particulièrement sensible aux stress mécaniques. Pour cette raison, toute manipulation traumatique est déconseillée durant ces périodes.
La gestation peut être mise en évidence par des dosages hormonaux dans le sang des femelles, ou par une échographie réalisée généralement fin du premier tiers de gestation. Outre le constat de gestation, l’échographie permet également le dénombrement de fœtus, particulièrement important dans l’espèce ovine, puisqu’il permet d’adapter le rationnement des brebis en fonction du nombre de fœtus qu’elles portent. Ceci donne à l’éleveur les indications pour rationner plus finement les brebis en fin de gestation et mieux assurer la satisfaction de leurs besoins, tant sur le plan technique qu’économique.
Des détecteurs de gestation pour bovins ou ovins et caprins existent également sur le marché. Notre expérience de ces matériels nous fait considérer le détecteur destiné aux petits ruminants comme plus aisé à utiliser et donc plus fiable que le détecteur bovin. Le principe de ces appareillages est celui des ultra-sons. Ceux-ci sont émis par la sonde en direction de l’utérus et vont permettre de détecter ou non le liquide amniotique présent, déterminant l’éventuelle gestation. Le détecteur ovin-caprin est utilisable entre 60 et 100 jours de gestation supposée. 0407755
Taux de prolificité
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Nombre de nouveau-nés / Nombre de femelles mettant bas
La phase de mise-bas est souvent celle qui requiert la plus grande attention des éleveurs, car elle concrétise les efforts et les soins prodigués depuis plusieurs mois, et l’arrivée des nouveau-nés tant attendus. Pour être prêt et le cas échéant présent et intervenir si nécessaire lors de cette phase, il est important d’en être averti le plus précisément et le plus rapidement possible. C’est l’objectif des différents matériels présents sur le marché. Ils vont de la caméra, présente au-dessus de l’air paillée ou du box de vêlage, à la ceinture de vêlage, en passant par le détecteur de queue.
C’est ce dernier principe qu’utilise MOOCALL, détecteur de mise-bas 0410091 qui prévient l’éleveur 3 à 4 heures avant la naissance du veau, lui permettant ainsi de prendre les décisions nécessaires (surveillance, intervention, appel du vétérinaire) dans les meilleures conditions. Il permet également à l’éleveur d’être présent dès la naissance du veau, pour prodiguer les soins nécessaires (assèchement et désinfection du nombril, prise de colostrum, etc..).
Le détecteur, utilisable sur toutes les races de vache grâce à son système réglable d’accroche, se pose facilement à la base de la queue des vaches, au niveau de la vulve. Mis en place 5 jours environ avant la date présumée de mise-bas, il va alors surveiller 24h/24 les mouvements de la vache et estimer le moment du vêlage. Grâce à la carte SIM intégrée au détecteur, une alerte sera alors lancée par sms ou mail sur le téléphone de l’éleveur, 3-4 h puis 1h avant le vêlage.
Après achat du détecteur (1 détecteur recommandé pour 20 à 40 vaches selon la répartition des vêlages), le système s’active sur internet et fonctionne par abonnement annuel (12,50 € par mois et par détecteur, avec tarif dégressif en fonction du nombre de détecteurs), la première année étant offerte avec l’achat du matériel.
Taux de productivité
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Nombre de nouveau-nés / Nombre de femelles mises à la reproduction
La fécondité, la fertilité et la prolificité peuvent être grandement améliorées par la mise en place d’un flushing alimentaire et minéral sur les femelles en manque d’état corporel avant la mise à la reproduction. Ce flushing, mis en place 3 semaines à 1 mois avant la reproduction selon l’état des animaux, permet la reprise de poids et stimule l’ovulation, ce qui améliore à la fois la fécondité et la prolificité. Il doit être maintenu 3 semaines après la saillie ou l’insémination, afin d’éviter tout stress alimentaire en début de gestation, et permet ainsi l’augmentation de la fertilité.
De la même façon, il peut être mis en place sur les mâles manquant de condition, cette fois-ci au moins 2 mois avant les saillies (durée de la spermatogénèse).
Sur le plan pratique, le flushing alimentaire consiste à une augmentation des apports énergétiques de la ration, généralement grâce à l’apport de céréales. Le flushing minéral fait lui appel à des compléments particulièrement enrichis en éléments importants pour la reproduction, en particulier le phosphore pour les macro-éléments, le manganèse, l’iode, le sélénium et le cuivre (hors ovins) pour les oligo-éléments et les vitamines AD3E (voir tableau). Ces compléments peuvent être distribués dans l’eau de boisson (UCAPHOSCAL), mélangés à la ration (REGETOTAL, ALIMAL TONUS, NUTRI-AP AD3E OLIGO) ou mis à disposition en libre-service (ALIMAL FLUSHING).
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