- Par AP
L’abreuvement au pâturage
Différents facteurs influent sur la consommation d’eau par les animaux : elle augmente si les aliments sont secs, si le temps est chaud, selon le stade physiologique et la production laitière de l’animal.
Les besoins en eau des animaux au pâturage
Les conditions climatiques
- La température extérieure : l’ingestion d’eau augmente lorsque la température « extérieure » subit une hausse.
- La température de l’eau influence sa consommation. Il est préférable de donner aux animaux une eau tempérée entre 8 et 14°C quelle que soit la saison.
Le type d’alimentation
Les quantités d’eau consommées varient en fonction du type d’alimentation et plus précisément, du contenu en eau des aliments ingérés par l’animal. Il est important de tenir compte de la quantité de matière sèche ingérée et de la teneur en matière sèche de la ration.
A noter : Les besoins en eau au pâturage varient au cours du printemps.- Au début, l’herbe est très riche en eau, et les besoins sont inférieurs aux chiffres des tableaux. Plus le printemps avance, plus les besoins augmentent.
A noter En conditions estivales, il faut multiplier ces quantités par 1,5 à 2.
Ainsi une vache allaitante de 800 kg en fin de lactation peut consommer près de 130 L d’eau par jour sur l’été lorsqu’il n’y a presque plus d’herbe à pâturer et qu’on l’alimente avec du fourrage sec.
En conditions estivales :
- à 20°C, le besoin en eau augmente de 30%
- à 25°C,. le besoin en eau augmente de 50%
- à 30°C, le besoin en eau double
Une brebis boit donc en moyenne 2,5 L par jour. En pleine chaleur, cela peut monter à 5 L/ jour.
Source : état des lieux des pratiques et recommandations relatives à ta qualité sanitaire de l’eau d’abreuvement des animaux d’élevage, ANSES 2010
Abreuvement des caprins au pâturage
Pour les chèvres au pâturage, l’eau contenue dans l’herbe pâturée et bue au bâtiment matin et soir est suffisante pour combler leurs besoins. Un abreuvoir n’est donc nécessaire qu’en cas de fortes chaleurs, ou lors de longues journées de pâturage sans retour au bâtiment. La présence d’un abreuvoir peut même attirer fortement les chèvres et empêcher un bon pâturage de l’ensemble du paddock.
Source : Guide pour la conduite du pâturage caprin, IDELE, 2007. Réseau des conseillers caprins. Chambres d’agriculture
Comment s’assurer d’avoir toujours de l’eau disponible au pâturage
Les vaches et les ovins ont un fort instinct grégaire : si la distance entre l’abreuvoir et la zone de pâturage des animaux est inférieure à 200 m, les animaux vont venir s’abreuver fréquemment, seuls ou en petits groupes. Si la distance est supérieure à 200 m, ils viendront boire moins souvent, et en grands groupes. Cela signifie que, si l’abreuvoir est trop petit pour que tous les animaux y accèdent en même temps, ou qu’il n’y a pas assez d’eau pour tous, les dominés ne boiront pas suffisamment, et auront des performances limitées. Il est donc essentiel de réfléchir soigneusement à la taille et au débit de l’abreuvoir de chaque paddock.
Source : Fiche technique “l’eau au pâturage”, Ministère de l’agriculture, des pêcheries et de l’alimentation du Québec
Choisir la capacité et le débit de l’abreuvoir
Dans le cas d’un pâturage libre, la distance entre l’abreuvoir et le point le plus éloigné du paddock est souvent supérieure à 200 m. Dans ce cas, préférer des abreuvoirs longs, avec une réserve d’eau qui permet à au moins 20 % des animaux du lot de s’abreuver en même temps. Le débit doit alors fournir la moitié de la consommation quotidienne du lot en 10 minutes.
Dans le cas d’un pâturage dynamique cellulaire, le dimensionnement des paddocks est réduit, le ou les points d’eau ne sont jamais éloignés de plus de 200 m de la zone pâturée. Il suffit alors que 10 % des animaux du lot puissent s’abreuver en même temps et que le débit fournisse 25 % de la consommation quotidienne du lot en 10 minutes.
Pensez à vérifier le débit à la source, mais surtout au point le plus éloigné de la source ! Des kits de contrôle existent pour mesurer la pression et la consommation journalière.
L’abreuvoir ne doit pas se trouver dans un coin pour ne pas en limiter l’accès à quelques animaux. De même, il ne doit pas être placé à l’ombre, pour éviter que les animaux dominants monopolisent l’accès.
Source : Guide de l’abreuvement au pâturage, La Buvette
Une eau de boisson de qualité
Les Règlements Sanitaires Départementaux prévoient en général que les animaux aient accès à une eau d’abreuvement de bonne qualité. Toutefois aucune norme de « potabilité animale » n’existe ; il s’agit plutôt de bon sens, c’est-à-dire un bon aspect visuel l’absence d’odeur nauséabonde... La charte des Bonnes Pratiques d’Élevage demande que les animaux aient un « accès régulier à un point d’eau de qualité adéquate ». « Eau visuellement propre, sans excréments, claire et régulièrement renouvelée ». L’eau doit donc répondre à des recommandations et non à des normes sur les aspects chimiques et bactériologiques. Les recommandations des GDS (Groupements de Défense Sanitaire] sont calquées sur les normes humaines pour l’eau potable. Ce sont les laboratoires départementaux qui analysent les échantillons.
Recommandations de qualité de l’eau en élevage
Paramètres bactériologiques
Les GDS recommandent l’absence de tous les germes d’origine fécale. Le tableau ci-dessous indique les seuils de tolérance acceptable.
Lorsque les animaux s’abreuvent directement en cours d’eau, ils peuvent être en contact avec la faune sauvage qui vient aussi boire.
Disposer d’un accès aménagé à l’eau avec un abreuvoir permet donc aussi de réduire les risques de propagation de maladie transmissible.
Un goût ou une odeur marquée limite la consommation d’eau. Les éléments responsables sont d’une part ceux présents naturellement (fer, soufre, manganèse) ou d’autre part l’ajout de produits (chlore par exempte).
La présence de fèces dans l’eau (à partir de seulement 0.25 % de bouses) entraîne une diminution de la consommation.
Il faut éviter les eaux stagnantes, car elles sont sources de streptocoques fécaux, de larves de parasites, et d’algues.
Source : GDS Centre ; État des lieux des pratiques et recommandations relatives à la qualité sanitaire de l’eau d’abreuvement des animaux d’élevage, ANSES, 2001
Paramètres chimiques
Les conséquences possibles dune eau de mauvaise qualité
Pour limiter ces problèmes, il faut d’abord protéger les points de captage des pollutions du milieu.
Il est recommandé de faire une analyse sur toute nouvelle ressource d’eau utilisée pour l’abreuvement des animaux et en cas de pathologie en élevage. Attention : la qualité de l’eau peut s’altérer entre la source et l’arrivée dans l’abreuvoir, notamment en cas de forte chaleur. Il est donc important de faire une analyse au niveau de l’abreuvoir, en plein été. Elle peut également varier d’une année sur l’autre (hors réseau d’eau potable].
Les signes qui doivent vous alerter
A l’abreuvoir
- Bacs qui verdissent, dépôt dans le fond et sur les parois = manque d’entretien ;
- Animaux qui hésitent à s’abreuver = problèmes de qualité ou de courant parasite.
- Abreuvoirs souvent souillés par les déjections = problèmes de positionnement.
- Temps d’attente trop important à l’abreuvoir = problèmes de débit d’arrivée d’eau et de volume de réserve.
Il est essentiel de maintenir les abreuvoirs propres en les vidant régulièrement, mais aussi en les nettoyant à haute pression.
Abreuvement au cours d’eau
Lorsque l’on investit dans des aménagements qui améliorent la qualité de l’eau d’abreuvement, on peut espérer avoir des avantages durables pour l’élevage :
- Eau plus propre, plus accessible : les animaux boivent davantage, donc mangent plus, d’où un gain de productivité. En effet, le premier aliment est l’eau.
- Diminution des risques sanitaires (maladies, parasitisme, baisse de fécondité...).Meilleure valorisation des pâturages : herbe consommée plus uniformément, plus de temps à paître, meilleure croissance et baisse du coût alimentaire.
Point réglementaire
Abreuvement au cours d’eau
Tout propriétaire riverain d’un cours d’eau est autorisé à y faire boire ses animaux, mais il a le devoir légal d’assurer son écoulement naturel. Si le piétinement du lit et des berges est excessif (cheptel important et petit cours d’eau), il convient de protéger le cours d’eau : mettre en défens efficacement les berges, installer une pompe à museau ou des abreuvoirs solides en bois. Des syndicats de rivière proposent une aide technique et financière. Des aides sont également possibles dans le cadre du PCAE (Plan pour la compétitivité et l’adaptation des exploitations agricoles). Les travaux importants modifiant le lit mineur du cours d’eau (pose de barrages, modification du profil en long, busage du cours d’eau pour amener l’eau à un point d’abreuvement, etc) doivent faire l’objet d’une autorisation administrative préalable au titre de la loi sur l’eau.
Forage
Un forage est soumis à une réglementation précise :
- S’il s’agit d’une nappe d’accompagnement, le forage est assimilé à un prélèvement en cours d’eau, et est donc soumis aux mêmes restrictions estivales,
- S’il s’agit d’une nappe réservée à l’alimentation en eau potable, le prélèvement est limité à 1000 m3 par an par exploitation.
- Les Zones de Répartition des Eau (ZRE) délimitent des zones où les ressources en eau sont insuffisantes pour combler les besoins, de manière chronique. Tous les usages, y compris hors agricoles, sont concernés. Dans ces zones, tous les prélèvements sont limités. Le forage peut y être soumis à déclaration, voire à autorisation.
Pour savoir si votre forage actuel ou futur est concerné par ces réglementations, contactez la DDT de votre département.
ATTENTION
Ces seuils de volume et de débit sont rarement dépassés quand le forage sert uniquement à l’abreuvement au pâturage, mais cela peut être le cas s’il dessert aussi un bâtiment. Il est toujours utile d’installer un compteur.
Choisir son système d’abreuvement avec un pâturage tournant
Les étapes de réflexion
Quelle que soit la provenance de l’eau, les points d’abreuvement en pâture doivent permettre aux animaux d’étancher leur soif dans de bonnes conditions. Rappelons qu’une vache peut boire jusqu’à 20 litres par minute. Quel procédé installer ? Combien de pompes ou bassins à prévoir ? A quel endroit de la parcelle ? Voici les étapes de réflexion pour choisir le système adéquat.
1. Evaluer les ressources disponibles et les caractéristiques du terrain
Recenser les ressources disponibles : cours d’eau, source, puits, forage, réseau d’eau potable, mare. Le terrain est-il en pente ? Quelles sont les caractéristiques du sol (argileux, limoneux, sableux, hydromorphe) ? Est-il porteur ?
2. Evaluer les besoin des animaux
Déterminer les besoins du lot concerné au pâturage, et le débit des ressources utilisées, pour calculer la capacité et le nombre d’abreuvoirs à installer par paddock.
3. Situer l’emplacement de ou des abreuvoirs dans le paddock
L’emplacement des points d’eau et le découpage des paddocks pour le pâturage tournant sont liés. Il est possible de découper ses paddocks en fonction des points d’eau existants, ou de modifier les points d’arrivée d’eau pour pouvoir découper ses paddocks de façon à optimiser le pâturage. De plus, le débit et la capacité des abreuvoirs optimaux dépendent de la distance au point d’eau. Le choix du système d’abreuvement doit donc se faire en même temps que le choix du tracé des paddocks.
4. Aménager l’accès aux abreuvoirs
Les sites d’abreuvement piétinés et boueux peuvent rapidement devenir des foyers infectieux qui peuvent transmettre piétin ou mammites. De ce fait, les points d’abreuvement doivent être situés sur des terrains bien drainés, légèrement surélevés et bien stabilisés. Par exemple, les dalles de stabilisation permettent d’éviter des bourbiers autour des points d’abreuvement.
5. Choisir le système qui vous paraît le plus approprié
D’après une information de Herbe et fourrages Centre