Les affections du pied chez les ovins

Ces pathologies sont très fréquemment rencontrées en élevage ovin et ne sont pas sans poser de problèmes à l’éleveur ; la douleur et les difficultés locomotrices qu’elles engendrent ont des conséquences économiques non négligeables. 

La principale de ces affections à l’origine de boiteries est le piétin.

Les affections du pied chez les ovins

Le Piétin

Origine :

Encore appelée dermatite interdigitée  contagieuse elle est due à l’action synergique de 2 agents infectieux anaérobies (qui vivent sans oxygène), et leur transmission est faite par les pâtures ou les litières contaminées.

2 agents infectieux :

- Fusobacterium necrophorum hôte habituel du tube digestif très résistant dans le milieu extérieur qui provoque une inflammation de l’espace interdigité (fourchet) porte d’entrée du deuxième germe :

- Dichelobacter nodosus, agent spécifique du piétin, peu résistant dans le milieu extérieur (environ 10 jours). C’est lui qui détermine les lésions typiques de la maladie car il possède des enzymes agissant sur la kératine (constituant de la corne) et sur l’élastine (constituant des ligaments). Selon la souche de Dichelobacter nodosus plus ou moins virulente, le piétin peut être plus ou moins grave.

Pour que la maladie se déclare il faut un certain nombre de facteurs favorisants liés à :
  • L’animal : 

certaines races sont plus sensibles (Mérinos) ; les animaux plus lourds (béliers, brebis en fin de gestation) sont aussi plus sensibles ; le mauvais état d’entretien du pied (absence de parage sur une usure irrégulière de la corne) est responsable de l’accumulation de terre, de fumier entre les doigts provoquant une irritation.

  • L’environnement et aux conditions d’élevage :

- traumatismes du pied (cailloux, chaumes), infections cutanées (Ecthyma), parasitisme (larves de Strongyloides, myiases) favorisant l’innoculation des germes anaérobies.

- climat : un milieu humide et doux (>10°C) est favorable.

- mauvaises conditions d’élevage (surpopulation, accumulation de fumier dans la bergerie) facilitent la contagion.

- carence en Zinc.

Dans un élevage l’infection se transmet principalement par l’intermédiaire du sol contaminé par un ou plusieurs animaux porteurs de Dichelobacter nodosus (qui peut survivre plusieurs mois dans le pied d’un mouton).

Symptômes 

Odeur putride

C’est souvent le premier signe clinique au début de la maladie ou lors de piétin bénin.

Boiterie

Elle est plus ou moins importante selon la virulence de la souche de l’agent infectieux ; on peut aller jusqu’à un refus à se déplacer. Si plusieurs membres sont atteints l’animal se déplace sur les genoux voire reste couché en permanence.

Des complications sont possibles : abcès du pied, myiase du pied, arthrite....

Symptômes généraux 

A cause de la douleur on peut avoir une anorexie, un amaigrissement, une baisse de production (laine, lait).

Lors de l’agnelage l’infection des litières peut être responsable d’infections ombilicales en série.

On pensera donc au piétin lors de l’apparition de boiteries sur plusieurs animaux lors de temps doux et humide avec des lésions podales souvent très douloureuses et d’odeur nauséabonde.


Traitement 

Il doit être entrepris précocement afin de limiter les risques de contagion au sein du troupeau.

Il serait souhaitable dans un premier temps d’éliminer les animaux atteints de lésions chroniques graves car ils contribuent au maintien de la maladie dans le cheptel, et cela permettra d’augmenter la résistance génétique de l’élevage au piétin.

Le traitement comporte plusieurs aspects :

  • Le parage : afin d’éliminer la corne lésée et d’atteindre les germes installés très profondément. On évitera si possible de faire saigner.
  • Le traitement local : il sera réalisé à l’aide d’un pédiluve permettant un traitement collectif (toujours après parage). 

Les différentes substances utilisées sont :

  • le sulfate de cuivre (à 10 %), souvent abandonné en raison de sa toxicité importante chez le mouton.
  • le formol (de 5 à 10 %) , présentant l’inconvénient d’être volatile et caustique, irritant oculaire et respiratoire et potentiellement cancérigène.
  • le sulfate de zinc (de 10 à 20 %), en réalisant 2 bains à 7 ou 10 jours d’intervalle et à condition de laisser les animaux 30 minutes à 1 heure dans la solution. Le résultat est amélioré en ajoutant un antiseptique au mélange.

N.B. : Il serait souhaitable de faire passer les animaux dans un premier bain afin d’éliminer le maximum des matières organiques présentes sur les pieds, car elles dénaturent la plupart des substances utilisées dans les pédiluves .

Après le passage en pédiluve il faut prévoir une aire de séchage pour une durée de 1 heure environ. Les animaux les plus atteints pourront alors recevoir un traitement par pulvérisation d’aérosol antibiotique.

  • Le traitement systémique : il s’agit de l’injection d’antibiotique (pénicilline-streptomycine, oxytétracycline...) en général efficace mais parfois coûteuse. Notons l’intérêt de l’érythromycine qui en injection unique donne de bons résultats même sur des lésions de piétin déjà bien évoluées.
  • Une supplémentation en zinc : elle est préconisée à raison de 0.5 gramme par animal et par jour.

Prévention 

Il faut associer plusieurs mesures :

  • Contrôle des onglons avec parage éventuel.
  • Apport de sulfate de zinc dans l’alimentation pour améliorer la qualité de la corne.
  • Emploi de pédiluves de préférence après parage, en veillant à renouveler souvent les bains afin d’éliminer le surplus de matières organiques et en respectant un temps de séchage.
  • Vaccination : il existe sur le marché un vaccin spécifique (Footvax ND) ; pouvant occasionner des réactions locales il doit être utilisé avec un maximum d’asepsie : seringues et aiguilles à usage unique ; de plus il ne faut pas vacciner les brebis en fin de gestation. Cette vaccination n’évitera pas l’apparition du piétin si les conditions d’hygiène du troupeau ne sont pas respectées ; elle pourra alors tout au plus limiter la gravité des lésions podales.
  • Élimination des animaux porteurs de lésions chroniques ou récidivantes.

La dermatite interdigitée

 Encore appelée fourchet (ou mal blanc) elle est  due à Fusobacterium necrophorum et peut prendre une forme enzootique par temps chaud et humide ; c’est une inflammation importante de l’espace interdigité mais sans atteinte de la corne. le traitement fait appel au pédiluve, à l’emploi de sprays anti-infectieux ou antibiotiques et éventuellement à des injections d’antibiotiques.

Le phlegmon interdigité

Atteignant les adultes par temps chaud et humide, c’est un abcès du pied qui provoque une douleur très importante. Le traitement est chirurgical (curetage) et nécessite aussi une antibiothérapie soutenue.

La fourbure (ou pododermatite aseptique diffuse)

Non infectieuse elle est d’origine alimentaire lors d’un excès de concentrés qui provoque une acidose. Elle peut être aiguë avec un pied très chaud et douloureux, ou chronique avec une corne striée. Le traitement consiste en un parage, l’utilisation d’anti-inflammatoires et surtout en une modification de la ration avec l’apport de bicarbonate.

L’echtyma contagieux

D’origine virale il atteint les agneaux lors d’été sec et peut prendre une allure enzootique. Outre les croûtes sur les lèvres et le museau il peut provoquer des lésions cutanées prolifératives entre les doigts (en forme de chou-fleur). Une complication de dermatophilose est possible avec l’apparition de croûtes. Il n’y a pas de traitement spécifique, l’utilisation d’antibiotiques permet de lutter contre les surinfections.

Les granulomes ou fibromes interdigités (limaces)

La prolifération du tissu interdigité est à l’origine de la formation de véritables tumeurs dont le traitement est uniquement chirurgical.

La fièvre aphteuse 

cette Maladie Réputée Légalement Contagieuse qui atteint les ruminants et le porc provoque des éruptions cutanées (aphtes) dans la cavité buccale, sur la mamelle et entre les doigts. C’est une maladie réglementée.

N.B. : toutes ces affections peuvent se compliquer de myiases podales.

En cas de piétin, le Pôle Santé Animale de l’Alliance
propose des solutions complémentaires aux préconisations
de l’article : 

- Pédiluve : 0104349  (nécessite 3 passages de 5 minutes à une semaine d’intervalle).

- Traitement local : 0110031, sans antibiotique.

- Apport de zinc : 0200150, en mise à disposition libre-service.