Les « analyses », A quoi ça sert ?

L’établissement d’un diagnostic relève d’une démarche construite s’appuyant sur des faits.

Les « analyses »,  A quoi ça sert ?

La première étape est le recueil d’informations par le vétérinaire auprès de l’éleveur (commémoratifs) : cela permet de situer le contexte de survenue de l’épisode pathologique, l’étendue de son développement et de savoir si des mesures ont déjà été mises en place. La phase d’observation (attitude, comportement alimentaire, bruits) des animaux peut se faire simultanément.

Ensuite, un examen clinique doit être réalisé sur un ou plusieurs animaux. Cependant, aussi complet soit-il (examen visuel, prise de température, palpation, auscultation), il n’apporte pas toujours toutes les réponses aux questions posées par l’état pathologique d’un animal ou l’évolution d’une pathologie dans un troupeau. De plus la réglementation sur les avortements et celle sur l’utilisation des antibiotiques impose le recours à des examens complémentaires.

Le vétérinaire dispose d’outils supplémentaires pour préciser son diagnostic, le traitement à mettre en place ainsi que les futures mesures de prévention : ce sont les EXAMENS COMPLÉMENTAIRES ou analyses. 

Un certain nombre peut être réalisé « au pied de l’animal » (mesure du pH du rumen, analyse d’urine), d’autres au cabinet vétérinaire (examens coproscopiques, recherche de parasites cutanés, hématologie/biochimie suite à prise de sang, frottis sanguin, kits de diagnostic diarrhées, imagerie médicale -radiologie, endoscopie, échographie-) mais certains requièrent le matériel et l’expertise d’un laboratoire.


Les prises de sang permettent d’obtenir les renseignements suivants : 

- Les paramètres sanguins (numération formule, biochimie -glycémie, marqueurs hépatiques-, profils métaboliques, 

- Les anticorps présents (sérologie) ou les virus circulants (virologie) ou les parasites sanguins présents (frottis/ piroplasmose).

Il est aussi possible d’obtenir des informations par l’analyse d’autres « liquides » biologiques : les urines, le lait (comptages cellulaires, bactériologie…) et les fèces (examens coproscopiques, coprocultures). 

Différentes techniques (PCR, bactériologie…) appliquées sur les tissus sont parfois intéressantes (fœtus…) : exemple des avortements.

Une bactériologie est très souvent accompagnée d’un antibiogramme pour orienter le choix de l’antibiotique en fonction d’éventuelles résistances.


Enfin, les prélèvements de peau, raclage pour certains parasites externes (gale), calques pour certains champignons (teignes) ou bactéries, biopsies, prélèvement de pus fournissent des renseignements précieux.


 L’autopsie


Elle peut être réalisée en exploitation, au cabinet vétérinaire ou dans un laboratoire départemental vétérinaire.

Les informations obtenues seront plus ou moins complètes en fonction des conditions de réalisation et des analyses mises en œuvre après.

Le premier niveau d’analyse consiste en un examen visuel et manuel de l’animal et des organes pour déceler des lésions dites macroscopiques (visibles à l’œil nu) : couleur, consistance, lésions, ainsi que du contenu de ces organes (des estomacs, des intestins, de la vessie, de l’utérus), mesure du pH du contenu des estomacs, bandelette urinaire.

Le deuxième niveau consiste à effectuer des prélèvements en vue de différentes analyses. 

- Prélèvement de contenu intestinal pour examen direct entre lame et lamelle pour visualiser des œufs de parasites.

- Prélèvement de tissu lésionnel pour un examen d’anatomie pathologique (lésions visibles au microscope).

- Prélèvement de morceaux d’organe ou d’organes entiers, de tissu lésionnel, d’embryon/de fœtus, en vue d’analyses microbiologiques (recherche du « microbe » présent et parfois dénombrement : bactériologie, virologie).


Application aux avortements

Réglementation : le seuil de déclenchement des investigations en élevage de petits ruminants est de 3 avortements minimum en 7 jours ou moins. La réalisation de sérologies brucellose systématique.

50 à 70% des avortements sont d’origine infectieuse.

La description de l’épisode abortif, les données épidémiologiques, le contexte vaccinal, les antécédents de l’élevage en matière d’avortements ne suffisent souvent pas à définir l’agent responsable des avortements.

Le principe de base est d’effectuer un diagnostic de GROUPE reposant sur un ensemble d’analyses effectuées sur plusieurs animaux. Il est recommandé d’associer un diagnostic direct (mise en évidence de l’agent étiologique) et un diagnostic indirect (sérologies).



Lexique

Analyses microbiologiques : Mise en évidence et identification d’agents pathogènes par différentes techniques (bactériologie, virologie, PCR, immunofluorescence…)

Anticorps : Molécule fabriquée par certaines cellules du système immunitaire marquant le contact avec un antigène et permettant de lutter contre celui-ci.

Bactériologie : La mise en évidence et l’identification de bactéries sont souvent accompagnées d’un antibiogramme, résultats de tests de sensibilité du germe identifié à différents antibiotiques


Application au parasitisme interne


L’autopsie permet de visualiser      

- Soit les parasites présents (strongles dans les bronches ou le tube digestif, douves dans le foie, paramphistomes dans les estomacs, œstres dans les cavités nasales).        

- Soit les lésions qu’ils ont occasionnées (tâches sur les poumons, trajets des grandes douves dans le foie, inflammation de la caillette, présence de nodules formés par les coccidies dans les intestins).


Les examens coproscopiques permettent de visualiser et de compter les œufs ou les larves de parasites éliminés dans les excréments ou les parasites eux-mêmes (coccidies, cryptosporidies). Plusieurs techniques peuvent être utilisées en fonction de la suspicion que l’on cherche à confirmer : enrichissement, méthode de Baerman pour les strongles respiratoires, coloration pour les cryptosporidies. Il est donc important de fournir quelques renseignements quand vous demandez un examen coproscopique (nom et date du dernier traitement, signes cliniques, âge des animaux…). 

ATTENTION : un examen négatif, en particulier pour les douves n’est pas toujours synonyme d’absence de parasites dans l’animal ; il faut toujours accorder la priorité aux signes cliniques !

Ces deux examens ne fournissent que des informations tardives en particulier pour les infestations en grande douve et en strongles de la caillette dont ce sont les formes larvaires qui sont les plus pathogènes.

A l’aide de prises de sang, on peut effectuer des sérologies pour diagnostiquer la présence de grande douve ou faire un hématocrite pour évaluer l’anémie due à une infestation par des strongles de la caillette. 

Le diagnostic sérologique de l’infestation par la grande douve est très spécifique et précoce ; les anticorps sont mis en évidence environ 3 semaines après l’infestation. Il permet d’évaluer les infestations des agneaux et des agnelles mais aussi les ré-infestations des adultes dans les mois qui suivent le dernier traitement douvicide. Le diagnostic est possible par sérologie individuelle ou par sérologie de mélange par prélèvements sur plusieurs animaux d’une tranche d’âge ou d’un lot.


Cas particuliers : 

  • Toxoplasmose (recherche directe sur le fœtus ou sur écouvillon vaginal, sérologie). 

Rappel : vous avez l’obligation réglementaire de prévenir votre vétérinaire sanitaire lors de tout avortement afin que celui-ci fasse les prélèvements nécessaires aux examens complémentaires de diagnostic de la brucellose.

  • Piroplasmose–babésiose- diagnostic par frottis sanguin (goutte de sang étalée sur lame puis lecture au microscope permettant de voir les parasites).


Certes ces examens complémentaires ont un coût mais qui est à mettre en balance avec celui d’au mieux plusieurs traitements en aveugle, de pertes économiques et au pire de pertes d’animaux.
Leur interprétation doit se faire en collaboration avec le vétérinaire à la lumière des commémoratifs (renseignements sur l’historique, la conduite) et de la clinique de façon à raisonner ensemble la mise en place du traitement (quel antiparasitaire, quel antibiotique) et des préventions (gestion du pâturage, désinfection, vaccinations…).


En savoir plus sur le Pôle Santé Animale de l'Alliance Pastorale