- Par Saïd Tahenni
Les tiques et ses maladies font encore parler d’elles !
Les tiques comme les puces, poux, moustiques et taons sont des vecteurs qui peuvent transmettre des maladies vectorielles (maladies parasitaires, bactériennes et/ou virales). Les tiques sont des acariens à 8 pattes.
Il existe environ 850 espèces dans le monde qui sont divisées sur 2 grandes familles :
- Les tiques molles, appelées Argasidés
Les tiques molles ont une enveloppe externe molle.
Leur cycle de vie peut être composé de plusieurs stades (jusqu’à 11 stades), car elles peuvent avoir jusqu’à 8 stades larvaires différents.
- Les tiques dures, appelées Ixodidés
La famille des Ixodidés est la famille qui intéresse la médecine humaine et vétérinaire. Leurs enveloppes contiennent des zones dures. Les Ixodidés ont 3 stades de développement.
Les principales familles des Ixodidés, sont : (Ixodes, Hyalomma, Dermacentor, Haemaphysalis, Boo-philus, Rhipicephalus, Amblyomma…).
Il y a en France, environ 41 espèces de tiques dures. La plus importante de par son rôle vecteur de maladies et sa répartition en France est la tique Ixodes ricinus.
Les tiques se nourrissent du sang qu’elles prélèvent de leurs hôtes qui passent près d’elles, on les appelle des hématophages.
Pour atteindre leurs hôtes elles attendent sous les feuilles mortes, sur les tiges ou se mettent à l’affût dans les buissons ou sur une herbe haute (jusqu’à 1m50) en tendant leurs 2 pattes en avant sur lesquelles se trouve un organe sensoriel de Haller, qui capte le gaz carbonique, les vibrations et la chaleur de ceux qui ont le malheur de passer près d’elles. Avec des petites griffes à ses pattes, elle s’accroche facilement.
La piqûre d’une tique est indolore car la tique injecte des substances anesthésiantes dans la peau. Elle peut donc rester accrochée à son hôte et se gorger de sang pendant plusieurs jours…
La tique n’a ni yeux ni tête mais est pourvue d’un rostre, un dard qui pénètre la peau comme un harpon. En même temps que les substances
anesthésiantes, la tique sécrète une sorte de colle qui l’aide à maintenir le dard à l’intérieur de la peau.
Cycle évolutif de la tique
La larve, une fois gorgée de sang (le volume d’une larve peut se multiplier par 50), elle se détache de son hôte premier, tombe dans la végétation pour retrouver l’humidité dont elle a besoin pour muer et devenir une nymphe.
Le cycle reprend sur le deuxième hôte. Elle prend son repas pendant une semaine environ. Puis la nymphe tombe, mue pour donner un adulte (une femelle ou un mâle). Chez les adultes, seule la femelle prend son repas sur son troisième hôte, le mâle n’est là que pour assurer l’accouplement.
Les mâles et les femelles s’accouplent donc, soit avant la fixation de la femelle sur le troisième hôte, soit au moment de sa prise de repas. Le repas terminé, elle tombe sur le sol.
La femelle pond ses œufs dans la végétation. Elle meurt avec le mâle.
Durant leur cycle de vie, les tiques passent de quelques jours à trois semaines sur l’hôte et le reste de leur vie dans le milieu extérieur (jusqu’à 3 ans).
La durée du cycle vie de la tique dépend des conditions climatiques (température et humidité) et écologiques (une couverture végétale du sol et une présence animale).
Son activité est plus forte au printemps et en automne.
Leur métamorphose se fait à 8°C et la ponte entre 10-11°C. Une tique adulte peut survivre entre -20°C et +41°C. Elle a également besoin d’un taux d’humidité de 80-85 %.
Des études ont montré que la densité des tiques et le risque des maladies sont liés au nombre de jours dans la saison où la tique est active. À chaque stade de développement, la tique prend un unique repas de sang qui dure de 2 à 15 jours suivant l’espèce et le stade.
La transmission des maladies
Les tiques sont la deuxième source de transmission d’agents pathogènes (agents responsables de maladies) aux humains après les moustiques et elles sont la première source de transmission d’agents pathogènes aux animaux.
Parmi ces maladies transmissibles par les tiques on trouve des zoonoses connues et très répendues dans le monde comme par exemple la maladie de Lyme, la fièvre Q et d’autres moins connues comme la fièvre hémorragique de Crimée -Congo.
Voir tableau page ci-dessous présentant quelques maladies transmises par les tiques dans le monde.
Une seule santé pour tous
L’augmentation rapide des maladies transmises par les tiques et leur impact sur la santé humaine et animale en Europe et dans le monde sont dues à différents facteurs comme la diminution des surfaces forestières, la réduction de la biodiversité, le réchauffement climatique et le déplacement des populations animales de leur habitat (faune sauvage). Elles sont impliquées dans la recrudescence et l’apparition de quelques maladies mal connues dont de nombreux agents pathogènes transmis par ces tiques n’ont été découverts que très récemment.
Ces agents pathogènes circulent entre les populations animales (sauvages ou domestiques) et humaines, grâce à quelques espèces de tiques peu connues et qui se nourrissent indifféremment sur les reptiles, les oiseaux ou les mammifères. Les maladies transmises par les tiques sont très complexes et relèvent typiquement d’une approche One Heath : une seule santé pour tous (humain, animal et environnemental).
Un programme de recherche participative
Les maladies transmises par les tiques posent beaucoup de problèmes sur la santé publique et la santé vétérinaire à travers le monde, dues au bouleversement climatique et aux activités humaines qui ont eu un impact sur l’écosystème forestier, la faune sauvage et domestique.
Depuis quelques temps, des travaux de recherches sur les tiques et les maladies vectorielles à transmission par tiques sont réalisés par INRAE avec le Cirad, les écoles vétérinaires et l’Anses, pour lutter contre l’impact de ces maladies sur la santé publique et vétérinaire.
Quelques projets sont réalisés exemple, par exemple CiTIQUE, le programme de recherche participative où les citoyens peuvent aider la recherche sur les tiques et les maladies qu’elles transmettent par une nouvelle application « Signalement Tique» qui collecte les données sur les piqûres de tiques.
D’autre projets sont en voie de réalisation, par exemple le vaccin contre les tiques.
Avec le programme CiTIQUE, les chercheurs ont pu dresser une première cartographie régionale des signalements de piqûres de tiques.