- Par IFCE
Litière et bien-être
Le bien-être animal n’est pas défini uniquement par la bientraitance (animal en bonne santé, alimentation appropriée, exercice régulier). Sa définition intègre également des aspects faisant référence au comportement naturel de l’animal au quotidien. En plus de sa fonction d’absorption des déjections, la litière doit aussi être choisie pour prendre en compte les besoins naturels du cheval afin de limiter les situations de mal-être.
Litière et temps consacré au sommeil
La litière présente dans le logement du cheval doit être perçue comme une zone de confort et de sécurité, où l’animal peut se reposer et se mouvoir sans se blesser. Le repos/sommeil permet la mémorisation, la thermorégulation et la récupération.
Des études ont montré que les chevaux préfèrent certains types de litières, par la durée que le cheval y passe couché. Ainsi, les équidés passent plus de temps couchés sur la litière de paille comparée aux copeaux de bois, aux granulés de paille et aux matelas en caoutchouc nus. Ils semblent préférer un sol recouvert de litière par rapport à un sol nu. Toutefois, il semblerait que les chevaux apprécient les matelas de caoutchouc lorsqu’ils sont recouverts d’une fine couche de copeaux ou de paille (Raabymagle et Ladewig, 2006 ; Briant, 2017).
Litière et temps consacré à l’alimentation
À l’état naturel, un cheval passe 16h par jour à s’alimenter et une durée maximale de 4h consécutives sans prise alimentaire est observée. Si le cheval est privé d’alimentation pendant plus de 4h consécutives, et ce de façon récurrente, il peut développer des stéréotypies (tic à l’air…) et des troubles digestifs (coliques, ulcères à l’estomac, constipation…) accompagnés de douleur.
Conséquences de deux litières sur le comportement du cheval sans fourrage à volonté
Dans cette étude, il est montré que la litière de paille est bénéfique pour le bien-être physique et mental des chevaux, car elle représente à la fois une ressource alimentaire et permet le comportement naturel de s’alimenter en permanence.
Litière de paille
La litière de paille constitue une ressource alimentaire non négligeable, fournissant avec les autres fourrages des fibres indispensables à la bonne santé digestive du cheval au box. Cependant, il faudra être vigilant à la consommation excessive de paille pouvant entraîner des coliques (impaction ou bouchon). Une proportion de 30% de paille maximum sur l’ensemble des apports journaliers en fourrages est recommandée pour un cheval ne présentant pas de troubles digestifs particuliers (Harris et al., 2007).
Litières non comestibles
Pour les litières non comestibles (bois, fibres végétales, tourbe), une consommation non souhaitée allant jusqu’à plusieurs kilos ingérés par jour a déjà été observée. Il ne faut pas oublier que l’on ne pourra pas interdire le comportement d’ingestion naturel du cheval. Un apport de fourrage plus fréquent (plus de 2 fois/jour et surtout pour la nuit) ou une distribution à volonté lorsque le cheval n’est pas sur paille sont indispensables pour éviter l’ingestion de litière non comestible. Une étude de la prévalence des stéréotypies de chevaux au box, nourris avec des quantités faibles de fourrages (moins de 8 kg/jour) montre que 29 % des chevaux ingèrent des litières à base de copeaux ou de sciure de bois (Hanis et al., 2020).
L’apport de paille ou d’un fourrage plus fibreux en plus de la ration journalière (fourrages + concentrés) peut être une alternative pour le cheval logé sur litière non comestible.
Par Pauline DOLIGEZ (ingénieur de développement IFCE)
et
Camille LANDRY (stagiaire d’AgroParis Tech - IFCE)
Bibliographie
* BAUMGARTNER M., BOISSON T., ERHARD M.H. and ZEITLER-FEICHT M.H. (2020). Common feeding practices pose a risk to the welfare of horses when kept on non-edible bedding. Animals, 10(3), page 411.
* BRIANT C. (2017). Bien dans son corps, bien dans sa tête : qu’est-ce que le bien-être du cheval ? IFCE, 424 pages.
* HANIS F., CHUNG E.L.T., KAMALLUDIN M.H. and IDRUS Z. (2020). The influence of stable management and feeding practices on the abnormal behaviors among stabled horses in Malaysia. Journal of Equine Veterinary Science, 94, page 103230.
* HARRIS P.A. (2007). Impact of nutrition and feeding practices on equines, their behaviour and welfare. In : HAUSBERGER M., SONDERGAARD E. and MARTIN-ROSSET W. (2007). Horse behaviour and welfare. European Association for Animal Production (EAAP), 122, page 99.
* RAABYMAGLE P. and LADEWIG J. (2006). Lying behavior in horses in relation to box size. Journal of Equine Veterinary Science, 26(1), pages 11-17.