Maîtrise du parasitisme à l’herbe : les solutions alternatives

Elevage biologique, agriculture raisonnée, lutte intégrée, limitation du développement des résistances aux anthelmintiques : les situations et les raisons qui peuvent conduire à une réflexion sur une maîtrise du parasitisme complémentaire des traitements allopathiques sont variées. La solution passe par des modifications dans la conduite d’élevage et par une prise en compte de l’épidémiologie des parasites, afin d’en assurer une meilleure maîtrise et de limiter les infestations.

L’utilisation de produits, quelle que soit leur origine et leur finalité, n’arrive qu’ensuite.


Maîtrise du parasitisme à l’herbe :  les solutions alternatives

Destruction des formes infestantes

Aucun moyen n’existe pour détruire, dans les conditions pratiques, les larves infestantes de strongles, tout comme les oribates (hôte intermédiaire du ténia) ou les escargots terrestres (hôte intermédiaire de la petite douve). Seul l’assèchement des zones humides (drainage, captage de source, ouverture de fossé, limitation physique de l’accès à un point d’eau...) peut supprimer les populations de limnées sur une pâture, permettant ainsi une lutte biologique contre la grande douve.

Certaines opérations culturales permettent cependant de limiter la présence des larves de parasites sur les pâtures. Il s’agit du labourage des prairies anciennes avant installation de nouvelles (également efficace pour le ténia par destruction des oribates), mais également de la récolte des fourrages sous forme de foin, d’enrubannage ou d’ensilage. La survie des populations de larves est sensiblement compromise par ces opérations, ce qui doit inciter à réserver ensuite les repousses de

ces pâtures aux animaux les plus sensibles au parasitisme, et en premier lieu les jeunes animaux.


De même il faut noter que les conditions climatiques ont peu d’impact sur la survie des larves infestantes sur une pâture, et seule une sécheresse de plusieurs semaines peut réellement assainir une prairie contaminée (contrairement au gel ou à la neige qui ralentissent seulement le développement des larves).


Limitation du chargement et rotation des pâtures

La limitation du chargement permet, pour une quantité d’herbe disponible donnée, de limiter le pâturage trop ras (lié au surpâturage) et donc les risques d’ingestion de parasites. On peut parler de « dilution » du parasitisme. De même, cette augmentation d’herbe disponible par animal permet le maintien d’un état corporel correct, rendant par là même les animaux plus résilients face à la pression parasitaire. Sur ce plan, une complémentation au pâturage lorsque l’herbe se fait plus rare en été a un effet similaire.

De la même façon, les rotations de pâtures, qui permettent avant tout de gérer la quantité d’herbe disponible sur pied, limitent l’infestation des animaux en évitant le surpâturage. Rappelons que ces rotations de pâtures doivent se baser sur des respects de hauteurs d’herbe en entrée et surtout en sortie de parcelles. Ces hauteurs varient selon l’espèce animale considérée et le niveau de production souhaité.

Suivi de l’état parasitaire  du troupeau

Avoir recours à des examens simples permet de suivre au fil des saisons l’infestation parasitaire de son troupeau, afin de réagir rapidement en cas de besoin. A plus long terme, ce suivi régulier doit également permettre de se faire une idée sur le parasitisme présent sur son exploitation et sur les périodes à risque en fonction de la climatologie, afin de les anticiper et/ou de prévenir leurs conséquences sanitaires.

Ainsi, tous les examens permettant d’obtenir ces informations parasitaires peuvent être utilisés : clinique, nécropsique (autopsie), sérologique (pour la grande douve), coproscopique... Cependant, ces examens devant obligatoirement être réguliers si l’on veut surveiller l’évolution du parasitisme tout au long de l’année, il nous semble que les examens coproscopiques sont les plus adaptés à ce suivi ; en raison de leur facilité et rapidité de mise en oeuvre d’une part, de leur coût modique d’autre part.

Afin d’utiliser correctement ce diagnostic, il est important cependant de connaître ses limites.

L’examen coproscopique mesure l’excrétion des oeufs de strongles gastro-intestinaux et pulmonaires, petites et grandes douves, paramphistomes, mais également des anneaux de ténia.

Cette excrétion parasitaire, pour une même infestation, est fluctuante d’un animal à l’autre, et varie en fonction de l’état corporel et du stade physiologique. De plus, pour certains parasites (douves), la présence d’oeufs dans les fèces est sensiblement décalée dans le temps par rapport à la présence des parasites adultes dans l’organisme des animaux.

Cet examen est donc bien le reflet d’une excrétion et non d’une infestation. Il doit de ce fait s’interpréter en fonction de commémoratifs d’élevage précis et être renouvelé fréquemment pour avoir un suivi correct. Une « copro » tous les mois ou tous les trimestres, selon les périodes et les conditions d’élevage, nous paraît une fréquence satisfaisante. A cette condition, notre expérience au niveau du laboratoire nous montre qu’il est possible d’avoir une appréciation satisfaisante de l’état parasitaire d’un troupeau (suffisante pour décider de l’opportunité d’un traitement et de la nature de celui-ci). Un examen doit également être demandé à chaque fois que l’on veut confirmer une suspicion clinique.


Recours aux solutions alternatives

Elles peuvent être phytothérapiques (extraits de plantes, huiles essentielles), isothérapiques, homéopathiques... Seules certaines préparations commerciales homéopathiques sont considérées comme médicaments vétérinaires et peuvent se prévaloir d’allégations et d’indications thérapeutiques. Pour les autres solutions, il n’est donc pas évident de se faire une opinion sur l’utilisation et l’intérêt qu’elles peuvent avoir.

Partant de ce constat, nous avons testé certains produits dans différents élevages. Aux vues des résultats, on peut avancer aujourd’hui que ces solutions complémentaires ont un intérêt pour maintenir un bon état de santé et une productivité correcte face aux infestations par les strongles, le ténia ou la petite douve, ou en présence de certains parasites externes. Selon les produits et leur présentation physique, la distribution se fait ponctuellement et individuellement, ou au contraire collectivement dans des aliments complémentaires ou des minéraux, rationnés ou mis à disposition en libre-service.

La prévention ou le traitement des infestations par les strongles de la caillette en début d’été, du fait de la brutalité d’apparition de ce parasitisme et de la mortalité importante qu’il entraîne, implique selon nous l’utilisation de médicaments allopathiques. Il en est de même pour le traitement de la grande douve ; là encore, ce sont les conséquences cliniques graves de l’infestation par ce parasite qui nous incitent à ce conseil.