Maladies des yeux : affection bénigne, grave ou génétique à chacune son traitement

Les maladies de l’œil sont le plus souvent nommées œil blanc du fait de la formation d’une taie devant ou dans l’œil qui est un signe tardif mais visible de l’atteinte oculaire.

Maladies des yeux : affection bénigne, grave ou génétique à chacune son traitement

Il s’agit du nom couramment donné aux kératites et aux uvéites. Ce sont des maladies infectieuses de l’œil. La kératite touche la cornée qui est la partie transparente de l’œil située juste sous la conjonctive. L’uvéite concerne les structures internes de l’œil. Ces infections peuvent être liées à un agent pathogène ou secondaire à un traumatisme de l’œil, elles peuvent toucher les animaux à tout âge de leur vie.

Chez l’agneau nouveau-né, la génétique est souvent en cause

Cette maladie se nomme entropion. Elle est due à la malformation de la paupière inférieure qui s’enroule sur elle-même entraînant le frottement de la laine contre l’œil. La douleur est importante, les premiers symptômes apparaissent dans la première journée, il s’agit de larmoiements avec un œil mi clos puis un voile blanc s’installe en surface. Naturellement, la paupière se tend vers 1 à 2 semaines ce qui peut permettre à l’agneau de guérir spontanément si l’entropion n’est pas très sévère. Dans la plupart des cas, la conjonctive s’épaissie, voire bourgeonne en créant une sorte de verrue charnue sur l’œil. L’agneau perd la vision. Les traitements à base de collyre sont décevants car l’infection n’est que secondaire à l’enroulement de la paupière. La seule solution efficace est le déroulement de la paupière éventuellement suivi de la pose d’agrafe sur la paupière inférieure afin de tendre la peau le temps qu’elle retrouve du tonus. L’entropion est une maladie génétique, si le troupeau est peu touché, mieux vaut trouver les reproducteurs porteurs et les éliminer de la reproduction. Cette recherche peut s’avérer difficile dans un troupeau touché de façon récurrente. C’est une maladie génétique récessive à pénétrance incomplète. C’est-à-dire qu’il faut que les 2 parents soient porteurs, mais que les petits ayant cette anomalie génétique ne sont pas tous malades, ce qui rend le dépistage des porteurs dans le cheptel d’autant plus complexe. Dans tous les cas mieux vaut ne pas garder d’agnelle ayant eu ce problème jeune.

 

Kératites infectieuses : 2 problèmes bactériens différents sur 2 saisons différentes

En hiver, lorsque ce voile blanc sur l’œil touche autant d’adulte que d’agneaux, il s’agit sûrement d’un mycoplasme. La première année où le troupeau rencontre un mycoplasme, de nombreux animaux sont infectés, puis seuls les agneaux, agnelles et les brebis achetées présentent larmoiement puis voile blanc. La transmission est assurée par contact direct ou via le matériel d’élevage (claies, abreuvoirs, râteliers…). Ces kératites réagissent bien aux collyres antibiotiques à condition que l’antibiotique soit actif contre les mycoplasmes. Dans la phase aiguë, l’utilisation d’injections sous conjonctivales d’antibiotique permet de limiter le nombre de manipulations. En effet, les collyres doivent être mis 2 à 3 fois par jour pendant 3 à 5 jours alors qu’une seule sous conjonctivale suffit souvent.

Lorsque seules les adultes sont touchées et que cela apparaît surtout au pâturage, il s’agit en général  de moraxiellose ou d’autres kératites véhiculées par les mouches. Le traitement consiste à l’utilisation d’antibiotiques (tetracycline en sous conjonctivale ou en collyre) et la prévention réside dans la lutte contre les mouches.

Si les mouches sont un problème majeur chez les bovins, chez les ovins les mycoplasmes sont tout aussi fréquents. La lutte systématique contre les mouches non agents de myiases ne se justifie que dans les élevages touchés de façon récurrente.

Lorsque l’œil peut cacher des maladies plus sournoises

Dans le cas des kératites, le voile couvre l’œil et cache la pupille.

Dans le cas des uvéites, l’œil  apparaît normal mais la pupille n’est pas noire, elle est floutée, des flocons ou des filaments peuvent apparaître. L’œil est souvent dur et parait plus gros. La vue diminue de façon progressive.

Pour savoir si l’animal voit, il suffit d’approcher brusquement la main de l’œil suspect. S’il voit, la paupière se ferme de façon réflexe. Si la paupière ne se ferme pas, c’est que l’œil est aveugle. La cicatrisation fait diminuer la taille de l’œil jusqu’à celle d’un petit grain de raisin.

De nombreuses maladies peuvent en être la cause, mais 3 sont particulièrement problématiques. La listériose, la toxoplasmose et la chlamydiose peuvent toutes les 3 provoquer des avortements et des uvéites. La surveillance d’un troupeau dont des brebis présentent des infections profondes de l’œil est impérative.  


Le traitement est souvent illusoire et passe par des antibiotiques (tetracycline) à forte dose et par voie injectable. Si la possibilité d’entretenir une maladie abortive est problématique, l’uvéite en elle-même est souvent peu handicapante. Une brebis aveugle survie et produit bien à condition de ne pas être séparée de son troupeau.