- Par Laurent Saboureau
Point sur l'actualité du Pôle Santé Animale. Spécial printemps
- Les diarrhées à l’herbe
- Le curage et le compostage des fumiers
- La lutte biologique contre les mouches en bâtiment
Retrouvez l'OFFRE SANTE spéciale Printemps ici !
Les diarrhées à l’herbe
A la mise à l’herbe, ou dans les semaines qui suivent, apparaissent souvent des diarrhées qui ont pour origine la perturbation du fonctionnement digestif, suite à :
- la transition alimentaire entre la ration sèche distribuée en bâtiment et la consommation d’herbe ;
- la richesse en eau, en azote soluble et manque de lest de l’herbe jeune.
Ces éléments entraînent à la fois une perturbation de l’équilibre au sein de la micro-flore ruminale et une accélération du transit digestif, responsables des diarrhées. La plupart du temps, l’adaptation de la flore ruminale et le vieillissement de l’herbe permettent un retour plus ou moins rapide à des selles conformes à la normale. Cependant, des désordres digestifs entraînent toujours des retards de croissance et des baisses de production qu’il vaut mieux s’attacher à limiter. Il est également souvent préférable d’intervenir si cette diarrhée persiste au-delà de quelques jours, afin d’éviter les complications digestives infectieuses.
La meilleure prévention de ces risques consiste en une transition alimentaire d’au moins quelques jours, particulièrement pour les femelles qui allaitent, afin de ne pas casser la production laitière, et pour les jeunes ruminants nés durant la période de bâtiment et qui n’ont jamais consommé d’herbe. Cette transition peut se mettre en place grâce à :
- une mise à l’herbe progressive sur une dizaine de jours, en augmentant petit à petit la durée journalière de pâturage, et en privilégiant les prairies anciennes, permanentes ou de graminées,
- une distribution de fourrages secs (lest) et de concentrés énergétiques facilement digestibles pendant cette même période,
- une mise à l’herbe en dehors des périodes de fortes intempéries pour éviter tout stress digestif.
On peut également prévenir ou réagir aux risques de diarrhée et leurs conséquences en diluant de l’argile dans les bacs à eau. Il faut prévoir de remuer régulièrement l’eau pour remettre en solution l’argile et laisser en suspension un lait d’argile efficace. Individuellement, on peut aussi intervenir en administrant un pansement digestif (CARBOVET 0110040 ).
Dans tous les cas, il ne faut alors pas se précipiter sur les traitements anti-parasitaires. Avant plusieurs semaines de pâturage, ce ne sont généralement pas les strongles digestifs qui sont à l’origine des diarrhées.
La lutte biologique contre les mouches en bâtiment
Les mouches en élevage sont un véritable problème car elles sont à la fois vectrices de maladies et véritables nuisances dans le quotidien des animaux et des éleveurs. Pour lutter contre leur prolifération, il existe, aux côtés des méthodes physiques (hygiène des locaux, moyens collants, exterminateurs électriques…) et chimiques (larvicides et adulticides), des solutions de lutte biologiques, efficaces et écologiques.
Les mini-guêpes contre les pupes
Les mini-guêpes sont des larvicides naturels de par leur mode d’action. Celles-ci sont des parasitoïdes car elles pondent leurs œufs dans les pupes de mouches (un œuf par pupe). La jeune mini-guêpe qui va naître consomme alors la larve en phase de devenir une mouche adulte. Les mini-guêpes adultes issues de ces œufs vont à leur tour aller parasiter des pupes de mouches (quatre à cinq dans la même journée) et ainsi aider à réduire la pression dans le bâtiment d’élevage. De cette manière, un équilibre se créé petit à petit entre les nuisibles (les mouches) et leurs ennemis (les mini-guêpes).
Le produit MINI-GUEPE MG 110148 choisi par l’Alliance est un mélange de deux espèces particulièrement adaptées aux élevages de petits ruminants (caprins et ovins), et dans le cas d’infestations importantes en élevage bovin.
Muscidifurax 0104143 est une mini-guêpe parasitoïde de la mouche domestique et probablement l’auxiliaire le plus utilisé dans le monde. Long d’1 mm, cet hyménoptère ne pique ni l’homme ni les animaux car il n’a pas de dard. Une femelle Muscidifurax tue en moyenne 100 pupes de mouches durant sa vie. Muscidifurax parasite les pupes de mouches qui se trouvent en surface des litières sèches (3 centimètres environ).
Spalanzia est une autre mini-guêpe qui apprécie les pupes qui se trouvent en profondeur. On la rencontre fréquemment à des profondeurs supérieures à 10 cm. Par cette caractéristique, elle est très complémentaire de Muscidifurax car elle s’installe même lorsque la population de mouches est faible. Par contre, son potentiel de ponte reste limité (25 à 30 œufs par femelle). Naturellement, la population de Spalangia est très élevée au mois de Septembre-Octobre.
Ces prédateurs et parasitoïdes sont des espèces autochtones, c’est-à-dire que nous les retrouvons de façon naturelle sur le territoire français. Ils ne seront jamais envahissants de par leur très petite taille et de par leur mode de vie. Ils sont tout à fait inoffensifs pour l’homme, l’animal et l’environnement. Ils sont efficaces à condition d’agir suffisamment tôt et de respecter les protocoles.
MINI-GUÊPE MG se présente sous forme de boîtes contenant des pupes de mouches contaminées par ces deux mini-guêpes (environ 10 000 à 15 000 individus par boîte modèle L et 100 000 pour la boîte XL). On compte une boîte L par 100 à 200 m² de surface au sol à traiter (une boîte XL pour 1200 m²), selon l’importance de l’infestation par les mouches. Pour une efficacité optimale, il convient d’utiliser cette solution dès l’apparition des premières mouches dans le bâtiment (plus tôt, les mini-guêpes ne trouveraient pas assez de pupes de mouches pour se reproduire ; plus tard, la population de mouches serait trop importante pour une efficacité complète). Pour ce faire, il convient de poser des feuilles d’étables collantes pour pouvoir observer les premières infestations et intervenir sans attendre.
A réception des boîtes dans l’élevage, il convient de disperser leur contenu le plus tôt possible, car les mini-guêpes ont un cycle court de 14 à 16 jours. La dispersion doit se faire à proximité des endroits où se reproduisent habituellement les mouches (présence de larves ou de pupes de mouches constatées par retournement de morceaux de litière) : sous les abreuvoirs, les auges, les barrières et les claies, le long des murs…. Il faut éviter de disperser la boîte dans les courants d’air et aux endroits de piétinement des animaux, mais également sur un support trop humide comme du lisier par exemple. Le contenu d’une boîte est à répartir en 5 à 7 endroits différents (30 pour la boîte XL). Afin d’abaisser la pression d’infestation des mouches à un niveau compatible avec de bonnes conditions d’élevage, et d’obtenir un équilibre durable entre leur population et celle des mini-guêpes, on effectuera un lâcher toutes les 4 à 6 semaines environ, et à chaque fois que la population de mouches disparaît totalement. A noter que l’utilisation des mini-guêpes n’est pas compatible avec celle d’un larvicide chimique sur la litière. Par contre, les appâts sous forme de granulés sont possibles en complément.
A noter qu’il existe aussi sur le marché des acariens qui sont, eux, prédateurs des œufs de mouches et de moucherons et qui peuvent être associés aux mini-guêpes. Ils s’appliquent une à deux fois par an dans le bâtiment et ont une propension à se développer et à coloniser le milieu très facilement.
Dans les conditions de transport rendues aléatoires en raison de l’épidémie COVID-19, l’arrivée des boîtes avec quelques jours de retards et l’éclosion des mini-guêpes dans leur boîte n’altèrent pas leur efficacité, tant qu’elles restent vivantes. Dispersez les mini-guêpes dès leur arrivée, elles seront efficaces de suite.
Les pièges pour les populations adultes
Le principe de cette technique, nommée FLYBUSTER, est de constituer une barrière contre les mouches, autour et à distance des bâtiments (5 à 10 m), en les attirant par un attractif naturel et en les piégeant dans des seaux par un système de cônes « une voie ».
L’attractif se présente sous forme d’une poudre à réhydrater, composée de levures fermentées 100% naturelles. Il se verse dans un seau piégeur et est réhydraté dans de l’eau pour activer les levures ; cette réactivation se fait en 24 à 48 h, à condition que les températures extérieures soit supérieures à 25°C. Les seaux sont disposés d’avril à octobre tout autour du bâtiment à protéger (ou au moins autour des ouvertures), à 5-10 m de distance de celui-ci, et en laissant une vingtaine de mètres entre chaque seau, afin de constituer une ceinture protectrice. Il est important de suspendre ou de poser les seaux à une hauteur d’environ 1,5 m du sol, afin que les entrées du seau se situent à hauteur de vol des mouches (les mouchent se déplacent à une distance comprise entre 0,8 et 2 m du sol).
Lors de leurs déplacements en journée et durant la nuit, les mouches sont attirées par l’odeur diffusée par l’attractif dissout dans l’eau. Elles entrent alors dans le seau piégeur situé à hauteur de leur vol, par les cônes « une voie » brevetés ; une fois dans le piège elles ne peuvent pas sortir.
Les pièges attractifs restent efficaces environ 6 semaines, au cours desquelles on peut retirer les mouches mortes si besoin et/ou recharger le seau en eau. Après 6 semaines, il convient de vider complètement le seau et de diluer à nouveau une recharge d’attractif.
Ecologique, sans d’impact sur l’environnement, non toxique, sans produit nocif, et facile à mettre en place, cette technique est complémentaire des techniques de lutte conventionnelle et des mini-guêpes.
Le curage et le compostage des fumiers
Dès la sortie des animaux au pâturage et les bâtiments enfin vides, il faut procéder au curage, au nettoyage et à la désinfection afin de laisser ensuite un temps de vide sanitaire suffisamment long avant le retour des animaux. C’est le meilleur rempart contre les infections futures.
Cependant, les fumiers tout juste sortis du bâtiment posent plusieurs problématiques :
- le compostage incomplet ce qui entraîne :
- une mauvaise minéralisation,
- une digestion organique lente : le fumier et les pailles non dégradées peuvent se retrouver dans les fourrages lors des épandages sur prairies,
- une matière lourde et compacte, difficile à reprendre et usant le matériel d’épandage,
- les pertes de valeurs fertilisantes par les jus (pertes en potassium, sodium, azote) et les dégagements gazeux d’ammoniac,
- l’émission d’odeurs désagréables pour le voisinage.
La solution est de favoriser le compostage des fumiers en l’accélérant et en le rendant plus complet, grâce à l’utilisation d’un activateur de compost qui va permettre :
- l’accélération et l’amélioration de la digestion de la matière organique (Résultats test INRA après 20 jours : 20%) et de la partie fibreuse (14% pour la cellulose, 25% pour la lignine, 51% pour l’hémicellulose) ;
cela va assurer une diminution des volumes à transporter et à épandre (de 30 à 50% de volume en moins), et faciliter le stockage en bout de champ, ainsi que la reprise et l’épandage,
- l’amélioration de la valeur fertilisante des effluents par rétention de l’azote ammoniacal et amélioration du rapport Carbone / Azote,
- la diminution des odeurs,
- l’hygiénisation des fumiers par destruction des germes pathogènes (bactéries) des mauvaises graines.
ACTIPOST 0110081 est un activateur de compostage contenant des minéraux (calcium marin et complexe Montmorillonite-Zéolite), des extraits d’algues et des micro-organismes. Il s’emploie par épandage direct sur la litière, 2 à 3 jours maximum avant le curage du fumier, à raison d’1 kg par m3 de litière.