Préparer les mises-bas en bâtiment

Les mises-bas sont un moment crucial pour les performances d’un élevage : le poids et la vigueur des agneaux, leur démarrage vont conditionner leur croissance à venir et les résultats technico-économiques de l’exploitation. Il faut donc bien préparer les brebis et prévoir les conditions matérielles optimales pour cette période.


Préparer  les mises-bas  en bâtiment

Préparer les femelles en fin de gestation


Deux axes de travail : gérer le parasitisme pour que les brebis valorisent bien leur alimentation et couvrir les besoins alimentaires spécifique de ce stade physiologique.


« Chasser les parasites »


La question se pose surtout pour les animaux conduits à l’herbe et rentrés pour mettre bas. Les risques sont aussi différents selon les espèces : importants pour les petits ruminants, fonction des parasites pour les bovins.


Dans tous les cas, faire faire des examens coproscopiques au plus tard un mois avant les mises bas permet d’objectiver le risque et d’adapter le traitement. 


Pour les petits ruminants TOUS les parasites peuvent devenir un gros problème autour de l’agnelage. Les strongles intestinaux présents en grand nombre provoquent de la diarrhée et/ou de l’amaigrissement, la grande douve génère des lésions graves du foie, organe primordial pour la mise en place de la lactation. Il est donc impératif de les traiter environ un mois avant la date prévue pour le début des agnelages afin que les brebis aient le temps de se rétablir. La nécessité de traiter contre les paramphistomes et la petite douve devra être appréciée en fonction des risques connus sur l’exploitation : ils sont moins pathogènes mais accumulés dans les estomacs ou les canaux biliaires, ils perturbent la digestion et l’assimilation de la ration. Les brebis risquent alors de maigrirent brusquement en toute fin de gestation ou en début de lactation et de ne pas produire assez de colostrum puis de lait.


Pour les vaches, il faut essentiellement prévoir de traiter contre la grande douve et /ou les paramphistomes en fonction des risques connus sur l’exploitation. En effet les bovins acquièrent une immunité contre les strongles gastro-intestinaux beaucoup plus importante que les petits ruminants.


On doit également envisager une prévention des parasites externes (poux, gale) si le risque est présent dans l’élevage. Leur expression est favorisée par la chaleur humide des bâtiments. L’inconfort lié à des démangeaisons réduit les performances des animaux : moins de lait, GMQ plus faible.


Distribuer une ration adaptée à la fin de gestation


Des déficits et des carences en fin de gestation se traduisent au mieux par des troubles fonctionnels et au pire par des mortalités sur les femelles et/ou leurs produits.


- Énergie

Pour éviter de faire maigrir les femelles pendant cette période et avoir des nouveau-nés d’un poids suffisant, il faut compenser la diminution de la capacité d’ingestion des mères en augmentant les apports en énergie sur les six dernières semaines de gestation. Cette augmentation sera progressive et à moduler en fonction de l’état d’entretien des brebis à cette date, du fourrage choisi et de la taille de la portée quand on la connaît. Un déficit d’apport énergétique peut conduire à des toxémies de gestation et un excès à des cétoses (femelles grasses) ou des nouveau-nés trop gros.

Cette complémentation est le plus souvent réalisée avec des céréales


- Matière azotée

Il faut également augmenter simultanément les apports azotés car les besoins en fin de gestation sont plus importants (croissance importante des agneaux, préparer le début de lactation, fabrication des défenses immunitaires de la mère en vue du passage des anticorps dans le colostrum). Un excès entraîne essentiellement un risque de mammite. Il faudra donc moduler les apports essentiellement en fonction de la composition du fourrage. Ces apports pourront se faire avec de la luzerne déshydratée ou des tourteaux ou des aliments complémentaires.


- Les vitamines et minéraux


Les apports en vitamines AD3E ne doivent pas être négligés, surtout pour les animaux qui sont en permanence en bâtiment et nourris avec un fourrage sec.

L’apport de vitamine B1 est aussi nécessaire, en particulier si la ration comporte de l’ensilage, de l’enrubannage ou une forte proportion de céréales.


Les apports en macro et oligo- éléments sont à équilibrer en fonction du reste de la ration et des risques de carences connus sur l’exploitation. Cela permet de limiter les prolapsus vaginaux, les non-dilatations du col, les parts lents, les mauvaises délivrances, les « fièvres de lait », les myopathies chez les agneaux…


La forme d’apport sera choisie en fonction de la composition relative du CMV et de l’aspect pratique de la distribution.


Les apports peuvent être continus sous forme de CMV ou en cures dans l’eau de boisson ou dans la ration.

Mettre en place un protocole de vaccinations raisonnable !


Si les deux conditions préalables sont réalisées, les brebis seront en mesure de développer une immunité suffisante et de la transmettre en grande partie à leurs agneaux par l’intermédiaire d’un colostrum de qualité.


Vacciner les mères en fin de gestation permettra de les protéger pendant environ un an et de protéger les agneaux pendant les six à huit premières semaines de vie.


Le choix des vaccinations à mettre en place est à faire avec l’aide de votre vétérinaire en fonction des pathologies régulièrement présentes dans votre élevage.


Pour obtenir une bonne protection, il est impératif de bien respecter le protocole propre à chaque vaccin et d’effectuer la dernière injection au plus tard deux semaines avant l’agnelage, délai nécessaire à la fabrication des anticorps et à leur passage dans le colostrum.


Préparer le bâtiment 



Pour le bien-être des animaux et pour leur santé, les animaux doivent être accueillis dans un bâtiment propre, sain et confortable.


L’idéal est d’avoir curé, nettoyé et lavé le bâtiment dès que les animaux ont été sortis. Si une pathologie s’y est particulièrement développée pendant la dernière saison, il peut être nécessaire de désinfecter : les désinfectants ne sont efficaces que sur des surfaces propres ! Il faut les choisir en fonction de l’objectif (antimicrobien, antiparasitaire) et les utiliser à la concentration correspondante. Par exemple, en cas de forte pression en coccidies et/ ou de risque de cryptosporidiose, l’utilisation d’un désinfectant ayant une action sur les protozoaires est recommandée.

 

Respecter un vide sanitaire (absence d’animaux dans le bâtiment) optimise les opérations précédentes. Il permet au bâtiment de sécher correctement.


Pour le confort des animaux comme pour leur santé, un paillage de qualité en quantité suffisante est impératif. Attention au paillage à la machine : les quantités déposées sont souvent insuffisantes et les qualités d’absorption de la paille diminuées.

Il faudra être particulièrement vigilent sur l’entretien des cases de mise-bas. L’humidité peut y être importante, en particulier si les délivres ne sont pas retirés systématiquement. Il faut donc les pailler abondamment. Si cela n’est pas suffisant, on peut s’aider d’asséchants de litière. Ils peuvent permettre en plus d’orienter la flore de la litière en faveur de bactéries non pathogènes. 


Entre deux lots d’agnelage, après curage ou avant paillage, on peut également utiliser une couche d’asséchant pour améliorer l’hygiène de la litière. Éviter d’utiliser de la chaux qui sélectionne les colibacilles. 




Préparer son matériel et sa pharmacie


Avoir tout sous la main quand on en a besoin est un gage d’efficacité.


La pharmacie peut certes contenir des médicaments mais doit surtout prévoir un certain nombre de produits d’hygiène et de soins.


• Aliments complémentaires pour le traitement des toxémies de gestation et des « fièvres de lait »/solutions injectables


• Pour les mises-bas : gel obstétrical, antiseptique pour les mains, gants, lacs/lasso/cordes


• Produits d’hygiène utérine : mousse en application locale, solution de plantes, homéopathie


• Produits de santé de la mamelle : solution de plantes, homéopathie


• Pour les soins aux nouveau-nés : réanimateur, sonde, pélican, pèse colostrum/réfractomètre


Antiseptique pour les nombrils


• Colostrum naturel ou artificiel


• Aliments complémentaires pour la prévention des myopathies (sélénium, vitamine E), des diarrhées (pré- et/ou probiotiques, immunoglobulines, extraits de plantes), des troubles nerveux (vitamine B1).


Vous pouvez compléter votre pharmacie avec les antibiotiques et anti-inflammatoires prévus dans le protocole de soins établi avec votre BSE par votre vétérinaire.


En fait, bien préparer ses mises-bas, c’est faire de la prévention (ou prophylaxie) des pathologies des mères en fin de gestation, en travail et en début de lactation et des pathologies des agneaux nouveau-nés. C’est mettre plus de chances de son côté d’améliorer la productivité en réduisant la mortalité des jeunes de 0 à 30 jours.