Principales maladies virales du chien de troupeau - Partie I : tractus digestif

Le chien de troupeau est un allié fidèle de l’éleveur. De sa santé dépend sa capacité à travailler : bien le nourrir, le protéger contre certaines maladies et parasites lui permettra de vous épauler au mieux chaque jour, et ceci le plus longtemps possible.

Dans cet article sont abordées les principales maladies virales touchant le système digestif.

Principales maladies virales du chien de troupeau - Partie I : tractus digestif

Parvovirose

CPV 2 = parvovirus de type 2 : virus nu (= sans enveloppe) à ADN, ce qui lui donne les caractéristiques suivantes :

  • Persistance dans l’environnement pendant 6 mois à 20°C !
  • Bonne résistance aux basses températures, il supporte moins la sécheresse et le soleil.
  • Résistance aux acides, alcool, phénol, éther et ammoniums quaternaires.
  • Destruction possible par eau de Javel, formol et soude caustique, ainsi que les UV.

Transmission :

Par les matières fécales des animaux malades ou excréteurs asymptomatiques. 

Incubation :

3 à 5 jours

Pathologie :

L’infection se fait par voie orale.
Un premier cycle de réplication du virus se déroule dans les tissus du système immunitaire (oropharynx, ganglions mésentériques, thymus). Le virus s’attaque ensuite aux cellules à division rapide comme celles du tube digestif (entérocytes) et du système immunitaire. Excrétion dès 4 jours après infection, pendant 10 à 20 jours. 

Symptômes :

  • En majorité sur chiot de moins de 5 mois.
  • Forme subclinique (= sans symptôme) possible, bénigne, lorsque le chiot est protégé par les anticorps maternels, le chiot restant une source de contamination car excrétant le virus par les matières fécales.
  • Forme sévère et aigue en l’absence de protection passive par la mère : 

Gastroentérite hémorragique : Débute par de l’abattement et un manque d’appétit.

  • Apparition brutale de diarrhée, hémorragique dans jusqu’à 50% des cas, accompagnée de vomissement, ainsi qu’une déshydratation. 
  • Fièvre. 
  • Leucopénie caractéristique : diminution du nombre des cellules du système immunitaire. 

Myocardite du nouveau-né : rare, mais mortalité brutale, en l’absence de prise colostrale ou de mère non immunisée.

Pronostic :

Mortalité élevée chez le chiot (jusqu’à 50%), moindre chez l’adulte.

Diagnostics :

  • Clinique, associée à une leucopénie à l’examen sanguin.
  • Sérologie : recherche d’anticorps
  • Histopathologie sur biopsie d’intestin. 
  • Microscopie électronique : mise en évidence directe du virus.
  • ELISA
  • Activité d’inhibition de l’hémagglutination sur matière fécale en suspension.

Traitement :

  • Symptomatologique : réhydratation notamment.
  • Interféron (molécule active contre les virus).

Prévention :

  • Hygiène et désinfection des locaux d’élevage,
  • Isolement des animaux malades ou à risque,
  • Vaccination : pour être protectrice, elle doit conduire à la production d’anticorps dans la lumière de l’intestin.

Coronavirose canine

Coronavirus : il s’agit d’un virus à enveloppe, ce qui lui confère les caractéristiques suivantes :

  • Stabilité à un pH acide : le virus survit au passage dans l’estomac.
  • Sensibilité à la désinfection avec éther, alcool, phénol et formol p ex. 
  • Inactivation en 48 H dans les matières fécales, mais bonne conservation à basse température.

Transmission :

Par les matières fécales.

Incubation :

1 à 5 jours.

Pathologie :

Le virus s’attaque essentiellement aux cellules de l’intestin grêle appelées entérocytes, du colon et du caecum, détruisant les 2/3 supérieures des villosités intestinales et donc la capacité d’assimilation de l’appareil digestif. 

Le virus sera excrété principalement jusqu’à deux semaines après l’infection, puis par intermittence. 

Le chien restera porteur chronique pendant 9 mois. 

Symptômes :

  • Maladie du chiot de 6 à 12 semaines d’âge, infection inapparente chez le chien adulte. 
  • Diarrhée jaune-vert parfois hémorragique et vomissement, un à trois jours après l’infection, la diarrhée se manifestant plus longtemps que les vomissements.
  • Anorexie (le chien ne s’alimente pas), abattement, déshydratation.
  • Absence de fièvre.
  • Aggravation possible si co-infection virale, bactérienne et parasitaire.

Pronostic :

La mortalité est faible, et la guérison intervient entre 7 à 10 jours après l’apparition des symptômes. 

Diagnostic :

  • PCR («polymerase chain reaction»), microscopie électronique : mise en évidence du virus lui-même.
  • Sérologie : apparition des anticorps dirigés contre le virus dans un délai d’une semaine à 15 jours après l’apparition des symptômes.

Prévention :

  • Hygiène et désinfection des locaux d’élevage
  • Isolement des animaux malades ou à risque 
  • Vaccination : pour être protectrice, elle doit conduire à la production d’anticorps dans la lumière de l’intestin.

Calicivirus

2 souches peuvent infecter les chiens :

  • Apparenté au calicivirus félin.

Symptômes :

Inflammation de la langue, diarrhée.

  • Non apparenté au calicivirus félin.

Symptômes chez le chiot :

Absence de fièvre, abattement, diarrhée, vomissement et anorexie. Guérison rapide en une semaine.

Hépatite de Rubarth

CAV 1 = adénovirus canin de type 12 : virus nu (=sans enveloppe) à ADN, ce qui le caractérise par : 

  • Persistance dans l’environnement pendant plusieurs semaines à température ambiante.
  • Destruction possible par eau de Javel, formol et soude caustique, un pH >9 et les ammoniums quaternaires.

Transmission :

Oronasale via urine, salive et matières fécales.

Incubation :

6 à 9 jours après contact avec un animal malade, 4 à 6 jours après ingestion de matières fécales. 

Pathologie :

Après la contamination, une première multiplication virale s’effectue dans les amygdales. Il y a ensuite migration du virus vers les tissus lymphatiques, puis une virémie (= passage dans le sang) avec atteinte des poumons, du foie, de la rate, des reins et du cerveau.

La réponse immunitaire est faible. L’excrétion dans l’urine peut continuer jusqu’à 1 an après le passage des symptômes.

Symptômes :

  • Infection soit suraiguë avec 100% de mortalité chez le chiot de moins de 2 semaines, soit aiguë avec mortalité de 10 à 30% chez les chiens plus âgés.
  • Fièvre, abattement, anorexie. 
  • Nécrose des organes atteints. 
  • Diarrhée, vomissement, douleurs abdominales.
  • Leucopénie (diminutions des cellules du système immunitaire), coagulopathie (= troubles de la coagulation), pétéchies (= microhémorragies), congestion des muqueuses avec ictère (= jaunisse).
  • Glomérulonéphrite (= inflammation des reins) et atteinte de l’oeil (oedème de la cornée provoquant l’ «oeil bleu») en cas de formation de complexes antigène - anticorps bloquant le système sanguin dans
    les organes concernés.

Diagnostic :

  • Clinique
  • PCR
  • Sérologie par détection des anticorps chez l’animal non vacciné par cinétique : analyse de la variation du taux d’anticorps dans le temps entre deux prélèvements.

Prévention :

  • Hygiène et désinfection des locaux d’élevage,
  • Vaccination.