- Par Laurent Saboureau
Stimuler la flore ruminale pour améliorer la santé du rumen
La flore ruminale : pourquoi, comment ?
La flore du rumen est composée de centaines d’espèces de bactéries, protozoaires, champignons et levures qui représentent des milliards de micro-organismes (150 000 fois plus de micro-organismes dans le rumen d’une seule vache que d’humains sur la terre !). Ce sont ces microbes qui permettent aux ruminants de digérer les aliments distribués et de les transformer en nutriments indispensables à leur vie et à leurs productions.
Pour que cette gigantesque usine fonctionne correctement, il est nécessaire qu’un équilibre existe entre toutes les espèces microbiennes utiles. En terme de pH ruminal, cet équilibre s’instaure entre 5,8 et 6,4.
Les déséquilibres
Les rations distribuées aux ruminants en production sont souvent très riches en sources énergétiques au détriment des fourrages, ce qui a pour conséquence une baisse de pH en dessous de 5,6 et une perturbation de l’équilibre microbien. S’en suivent alors des baisses de production (lait ou gain de poids), des troubles digestifs comme l’acidose et autres signes liés à cette pathologie nutritionnelle (fourbure, diarrhée, inversion de taux...).
Les premières solutions pour éviter ces déséquilibres sont d’ordre alimentaire et stratégique : maintenir un équilibre voisin de 60/40 dans les quantités distribuées entre fourrages et concentrés, augmenter le nombre de distributions journalières de concentrés, distribuer les fourrages avant les concentrés le matin... Ces techniques sont primordiales et doivent être nécessairement mises en place avant tout autre action corrective.
Comment intervenir ?
Quand les rations se font plus riches en concentrés pour permettre des productions élevées, ou plus déséquilibrées lors de transitions alimentaires par exemple, la distribution de facteurs tampons du rumen peut pallier à une légère baisse du pH du rumen (0106150, 0200343, 0104079, bicarbonate de soude). Cependant, la solution la plus performante est de stimuler le développement et le fonctionnement des populations microbiennes du rumen pour améliorer la digestion et renforcer les productions. Cette stimulation se réalise par le biais d’un apport alimentaire d’éléments nutritionnels directement utilisables par la flore, et en particulier par la flore cellulolytique (qui digère les fourrages) et par les microbes consommateurs de l’acide lactique responsable de l’acidose.
La meilleure solution
Ces éléments nutritionnels «accélérateurs de flore» (appelés également nutrilites) sont des vitamines, des acides aminés essentiels, des oligo-éléments, des enzymes, des peptides, des acides nucléïques....
C’est ici que réside l’intérêt de la distribution de cultures de levures comme 0202190. Cet aliment complémentaire, qui se distribue à quelques grammes ou dizaines de grammes par animal et par jour, est issu d’une double fermentation : la première permettant de multiplier les levures (Saccharomyces cerevisiae), la seconde de les faire produire des métabolites sur un support de céréales. Après déshydratation des levures et de leur milieu de culture, on obtient alors une diversité importante de nutrilites provenant à la fois du métabolisme des levures, mais également des levures ellesmêmes (cytoplasme et membrane). Véritables «fond de cuve», starters efficaces pour la flore ruminale, ces nutrilites stimulent :
- la flore totale du rumen, en utilisant le lactate produit comme source d’énergie, réduisant ainsi les risques d’acidose,
- spécifiquement la flore cellulolytique, rééquilibrant ainsi les populations microbiennes sur des rations riches en sources d’énergie, baissant là encore le risque d’acidose,
- la production d’acides gras volatils précurseurs de métabolites utiles au fonctionnement de l’organisme, ainsi que la production de protéines au niveau du rumen ; c’est la valorisation globale de la ration qui est ainsi améliorée.
Intérêts et utilisations
Accélérateur performant pour le fonctionnement du rumen, 0202190 permet de tirer le meilleur parti de l’alimentation distribuée avec, entre autres effets récemment mesurés dans plusieurs études :
- une augmentation de la matière sèche ingérée,
- une amélioration de la digestibilité des minéraux de la ration,
- une stimulation de l’immunité, avec en particulier un effet sur la teneur en immunoglobulines du colostrum après 6 semaines de distribution chez la mère.
D’où une utilisation efficace, en plus des périodes de transition alimentaire ou de risque d’acidose, sur : Femelles avant la mise à la reproduction (amélioration de la qualité du flushing et de l’utilisation du phosphore alimentaire),
- Femelles en fin de gestation (limitation du risque de toxémie de gestation et d’acidose, amélioration de qualité du colostrum),
- Agneaux à l’engraissement,
- Chevrettes en croissance.
La fièvre aphteuse en afrique du nord
Un message d’information a été adressé le 31 juillet dernier par le directeur général de l’alimentation à tous les services régionaux et départementaux de l’Etat pour les informer de la propagation de la fièvre aphteuse en Afrique du Nord. Présente en Egypte et en Lybie, la maladie est apparue en Tunisie en avril 2014 et l’Algérie a déclaré son premier foyer le 28 juillet dernier. Pour le directeur de la DGAL, «cette propagation récente démontre un risque de diffusion dans tout le Maghreb et constitue également une menace sérieuse pour l’Europe, indemne de fièvre aphteuse depuis 2007». Dans son message transmis par les DDPP aux vétérinaires sanitaires français, il incite ceux-ci, ainsi que les éleveurs de ruminants et de porcs, à «rester attentifs aux signes cliniques évocateurs de fièvre aphteuse» (NDLR : fièvre importante, abattement, anorexie, vésicules et ulcères apparaissant dans la bouche et sur les pieds, mortinatalité, avortements...). Il rappelle également que «la voie majeure d’introduction de la maladie est via le transfert d’animaux infectés. Il convient donc de s’assurer du statut sanitaire de l’exploitation de tout animal introduit. Par ailleurs, tout véhicule ayant transité par les pays infectés doit faire l’objet d’une désinfection avant d’entrer en élevage, et aucun fourrage, litière, paille en provenance de ces pays ne doit être introduit dans l’élevage.»
Enfin, il informe toute personne à destination de la Tunisie, de l’Algérie, de la Libye et de l’Egypte, et tout particulièrement à celles qui ont une activité en élevage en France, que :
- Il est interdit de rapporter des produits d’origine animale (produits laitiers ou carnés ou tout autre produit de type cornes, fourrures ou cuirs non traités...), et ce, sous quelques formes que ce soit (sandwichs, restes de repas, ...),
- Il est interdit de rapporter des animaux vivants. Attention, un animal malade ne présente pas nécessairement les symptômes de la maladie,
- Pendant le voyage, il faut éviter autant que possible les contacts avec des animaux sensibles (bovins, moutons, chèvres, porcs),
- De retour sur le territoire européen, les vêtements et les chaussures utilisés en vacances dans ces pays doivent être nettoyés avant d’approcher de nouveau des animaux sensibles (bovins, moutons, chèvres, porcs).