Adapter les bâtiments pour réduire l’impact du stress thermique sur les vaches, un enjeu pour l’élevage laitier

Les effets du changement climatique se font ressentir depuis plusieurs années. Les résultats du programme Climalait ont montré la nécessité d’adapter les pratiques d’élevage et de mener une réflexion sur les aménagements des bâtiments qui abritent les troupeaux.


Adapter les bâtiments pour réduire l’impact du stress thermique sur les vaches, un enjeu pour l’élevage laitier

Lors d’un webinaire, des acteurs du groupe « Bâtiments d’élevage de demain » (Cniel, Institut de l’Elevage, BTPL, des Conseils en Elevages et Chambres d’Agriculture…) ont présenté les résultats de leurs travaux sur la ventilation des bâtiments d’élevage pour faire face au stress thermique des vaches laitières, dont la fréquence et l’intensité s’accroissent d’année en année. Ces travaux ont été financés par le Cniel.

Un plan d’action pour améliorer le bien-être des vaches laitières durant les fortes chaleurs

Lors de la réalisation de l’étude Climalait pour évaluer les effets du changement climatique sur les élevages laitiers, des éleveurs et des conseillers ont interrogé le Cniel, l’interprofession laitière, sur l’adaptation des bâtiments en cas de fortes chaleurs. En effet, les derniers épisodes de chaleur ont eu des conséquences sur les résultats technico-économiques des fermes et sur le bien-être de nombreux troupeaux, les vaches étant sensibles à la chaleur. Au-delà d’une température de 22°C avec une humidité relative de 50%, situation qui n’a rien d’exceptionnel, la vache laitière subit déjà un stress léger impactant sa production de lait.

Aujourd’hui, les bâtiments doivent non seulement protéger les vaches laitières des intempéries hivernales mais aussi constituer une zone de confort en période chaude. Pour cela, de nouveaux paramètres sont à prendre en compte dans la conception et l’aménagement des bâtiments, comme la ventilation.

Fort de ces constats, les travaux conduits par des équipes pluridisciplinaires ont permis de définir un plan d’action pour adapter son bâtiment d’élevage aux conditions chaudes. Le plan d’action « bâtiments d’élevage de demain » s’inscrit dans les engagements du plan de filière France terre de lait pour accélérer la transition agro-écologique avec des modes de production responsables et respectueux de l’animal.

7 étapes pour réduire le stress thermique des vaches laitières


Quand les journées et les nuits chaudes s’enchaînent, la vache laitière a de plus en plus de difficultés à éliminer la chaleur et il est urgent d’agir. Un plan d’actions en 7 étapes a été conçu pour rendre les bâtiments d’élevage polyvalent en toutes saisons. 


Le respect de chacune d’entre elles, dans un ordre précis, est essentiel. 


1. Vérifier les conditions d’abreuvement 

Une évolution des résultats techniques à la baisse en été (production laitière,TP et/ ou TB) doit dans un premier temps inciter à vérifier si effectivement les vaches ont à disposition de l’eau à volonté (photo 1). Le besoin en eau peut doubler en période de fortes chaleurs. La disponibilité en eau d’abreuvement est souvent un facteur limitant dans les élevages alors que la consommation d’eau par temps chaud participe à la thermorégulation. La réserve d’eau et/ou le débit sont insuffisants quand on entend des bruits de succion. Si des vaches attendent avant de boire, c’est que le nombre, la longueur ou l’espace autour des abreuvoirs sont insuffisants.




2. Mettre à disposition des aliments appétents

La rumination produisant beaucoup de chaleur, la vache laitière va s’adapter en réduisant sa consommation de fourrage. Si en plus, le fourrage est de mauvaise qualité ou mal conservé, les répercussions peuvent être importantes. Le fourrage doit donc être appétent tout au long de la journée.


Comment ? 

A court terme, les rythmes de désilage et de distribution peuvent être adaptés en scindant la distribution en deux fois, tôt le matin et tard le soir aux heures fraîches de la journée. Le front d’attaque doit être propre et la mélangeuse vidée après la distribution pour éviter que le fourrage ne réchauffe entre deux séquences de désilage et distribution. L’attention doit aussi se porter sur la complémentation minérale qui doit combler des pertes plus importantes en période de forte chaleur.


De plus, la vigilance doit aussi se porter sur les conditions de conservation au silo, mais aussi à l’auge qui doit être protégée des rayons du soleil.


3. Offrir de l’ombre aux animaux en pâture 

La température ressentie à l’ombre peut être quasiment de 14°C de moins comparativement à une exposition en plein soleil.


Comment ?

Les prairies arborées, avec une bonne répartition des plantations, apportent un microclimat bénéfique. En l’absence d’ombre en prairie, le pâturage nocturne est à privilégier


4. Réduire le rayonnement direct et indirect du soleil à l’intérieur des bâtiments

Le rayonnement direct et indirect du soleil à l’intérieur des bâtiments peut impacter localement de plusieurs degrés la température ressentie par l’animal.


Comment ? 

Les ouvertures (portes, rideaux) doivent être gérées pour concilier au mieux ombre dans le bâtiment et circulation de l’air.

Les animaux doivent être protégés du rayonnement direct ou indirect du soleil, en limitant voire en supprimant (pour les rampants de toitures exposés au soleil) les translucides en toiture, en rendant les translucides opaques avec de la peinture, en aménageant des débords de toiture, en posant des filets d’ombrage, et en réduisant la hauteur des murs en béton à proximité des animaux.


Un environnement enherbé autour du bâtiment apporte de la fraîcheur alors que le béton, les galets, pierres, goudrons, emmagasinent de la chaleur qui sera restituée en début de nuit.


5. Améliorer la ventilation naturelle


Le vent est un allié précieux pour renouveler l’air et diminuer la température ressentie par les animaux.

Le bâtiment doit ressembler à un parasol avec de larges ouvertures en partie basse sur les longs-pans permettant ainsi une circulation transversale de l’air.


Comment ?

Selon l’orientation, des bardages peuvent être démontés provisoirement ou remplacés par des ouvertures modulables (volets, …). Différentes solutions existent pour tous les budgets.


6. Installer une ventilation mécanique (seulement dans certaines situations et en seconde intention)

La ventilation mécanique n’est pas prioritaire mais peut venir en appoint quand l’ensemble des éléments ci-dessus ont été passés en revue et ne s’avèrent pas suffisants. Le flux d’air généré par les ventilateurs va faciliter l’évacuation de la chaleur.


Comment ?

L’installation de ventilation mécanique doit être raisonnée globalement, sous peine d’être contre-productive. Des ventilateurs trop peu nombreux, mal placés ou pas suffisamment performants induiront des regroupements d’animaux dans les zones les plus favorables pénalisant ainsi la dissipation de la chaleur. En complément, le bâtiment doit aussi être très ouvert pour permettre le renouvellement de l’air ambiant.

 



7. Installer la brumisation et le douchage (en dernier recours et avec précaution)

L’utilisation d’eau pour rafraîchir les animaux n’est que la dernière étape, envisageable uniquement dans certaines conditions. L’objectif est de ne pas augmenter le taux d’humidité de l’air (pour ne pas augmenter le THI). La mise en place de brumisation ou de douchage doit donc se faire avec précaution.


Comment ?

La brumisation et le douchage ne doivent être utilisés qu’en appoint d’une ventilation mécanique tournant quasiment à pleine vitesse.

Ce flux d’air important, en évaporant l’eau va aussi évacuer la chaleur. Les séquences doivent être intermittentes et l’emploi réservé aux périodes les plus chaudes avec une hygrométrie limitée. Attention, la brumisation et le douchage doivent être proscrits dans des bâtiments trop fermés, et notamment dans la grande majorité des salles de traites souvent peu ventilées. En cas d’investissement dans un système de brumisation ou de douchage, la priorité est d’équiper prioritairement l’aire d’attente dans le cas d’une traite conventionnelle, puis les zones d’accès à l’auge et au robot.


Les conseillers d’élevage et spécialistes en bâtiment sont à disposition des éleveurs pour les aiguiller sur les priorités tout en apportant un conseil adapté à chaque situation. Les travaux de recherche ont permis de définir des exemples concrets et illustrés d’adaptation des bâtiments et définissent des objectifs à atteindre pour l’éleveur.



Les résultats des travaux sont disponibles dans une synthèse :

« Améliorer le confort thermique des vaches laitières en bâtiment en période chaude » Téléchargeable sur cniel-infos.com : Environnement > Changement climatique