Comment faire pour contrer la flambée du prix des aliments ?

La forte hausse des prix des matières premières, débutée en 2021, s’est transformée en véritable flambée au lendemain de l’invasion russe de l’Ukraine. Les aliments n’ont jamais été aussi chers depuis 2013.


Si les cours des agneaux restent élevés, ils ne compensent pas totalement le manque à gagner induit par la hausse des charges et notamment celle du prix des aliments en 2022. Inn’Ovin a publié une plaquette où 9 leviers d’actions sont proposés pour compenser, au moins en partie, la hausse du prix des aliments. Nous vous proposons de vous en présenter 4 ci-après (ces leviers ne sont pas applicables dans toutes les situations. Il est donc recommandé de se rapprocher d’un conseiller ovin qui pourra vous conseiller et vous accompagner dans les évolutions de pratiques).

Comment faire pour contrer la flambée du prix des aliments ?

Alloter, toujours et encore !

Le premier levier consiste à alimenter les brebis au plus près de leurs besoins, afin de limiter au maximum le gaspillage. Dès qu’une distribution d’aliment concentré est nécessaire, à l’herbe comme en bergerie, les animaux sont ainsi allotés selon leur stade physiologique dans la limite où ils sont suffisamment nombreux pour constituer un lot. Trier les brebis vides des gestantes reste la technique qui génère le plus d’économie : de 25 à 35 kg de concentré par brebis vide. En début de lactation, séparer les brebis qui allaitent un et deux agneaux est également source d’une importante consommation de concentré. Ces allotements sont d’autant plus faciles à mettre en place que les durées des luttes sont courtes. Les durées préconisées associées à une préparation à la lutte sont les suivantes :

- 35 jours en automne,

- 51 jours au printemps ou bien 2 cycles précédés de 14 jours avec bélier vasectomisé au printemps.

Pour raccourcir la durée des luttes, il est nécessaire de cibler au préalable la période où il y a le plus d’agnelages et d’avancer le début de la lutte d’un cycle maximum par an. Des essais sont par ailleurs en cours avec des luttes d’un cycle en automne. Il reste toutefois nécessaire de connaître les facteurs de réussite de cette technique avant de la mettre en oeuvre. 

N’hésitez pas à demander conseil à votre technicien pour construire un nouveau plan de reproduction.


Pâturer davantage et à toutes les saisons


Le second levier consiste à avoir davantage recours au pâturage, dans la mesure du possible. En période de pousse, l’herbe pâturée couvre les besoins des brebis à tous les stades physiologiques. L’herbe d’hiver, en dehors des zones de hautes montagnes, peut être exploitée par les brebis à faibles besoins (milieu de gestation et taries) et les agnelles de renouvellement. Le troupeau peut également bénéficier d’opportunités avec d’autres surfaces que les prairies, sur l’exploitation ou bien en dehors.

C’est le cas par exemple :

- des couverts végétaux semés en intercultures : adaptés à tous les types d’animaux en automne et en hiver sous réserve d’espèces adaptées aux ovins,

- des prairies des bovins : pour les brebis vides ou en milieu de gestation et les agnelles de renouvellement en hiver,

- des vergers, des vignes : pour les brebis vides ou en milieu de gestation en automne et en hiver,

- des surfaces pastorales : pour les brebis à faibles besoins à des saisons diverses selon leur type : bois, landes, friches, pelouses.


Améliorer la qualité des prairies


Augmenter le rendement et la qualité des prairies reste un bon investissement, y compris avec l’augmentation des charges. Leur renouvellement, l’apport de fumure de fond et l’entretien des prairies permanentes (par sursemis éventuellement) peuvent s’envisager.


En effet, le surcoût s’établit à 65 € par ha pour l’implantation d’une prairie pour 3 ou 5 ans (tableau). L’entretien des prairies dans un objectif d’améliorer son rendement coûte 35 € de plus par ha en 2022 qu’en 2021. Enfin, sursemer induit des frais majorés de 50 € par hectare.

Pour espérer une amélioration de la qualité de la prairie, les prairies à sursemer doivent toutefois être soigneusement choisies (schéma).

Répartir au mieux les fourrages entre les lots


Entre les quantités d’herbe à pâturer et les fourrages stockés, un autre levier consiste à faire coïncider au mieux la qualité du fourrage et les besoins des animaux afin de distribuer le moins d’aliment concentré possible (voir tableau). Si l’herbe pâturée est adaptée à toutes les catégories d’animaux (dans une moindre mesure aux agneaux sevrés), les fourrages stockés de très bonne qualité (enrubannage et foin) sont à réserver aux brebis qui allaitent.