- Par Christelle Dubois-Frapsauce
Et pourquoi pas l’homéopathie pour vos ruminants ?
Dans le contexte actuel qui tend à utiliser moins de médicaments allopathiques, en particulier d’antibiotiques (Plan Eco-Antibio 2017), à limiter les résidus dans les denrées alimentaires (allongements des délais d’attente ou interdiction en production laitière), l’homéopathie peut vous apporter des réponses pour continuer à assurer une bonne santé à vos animaux.
L’homéopathie est une médecine thérapeutique utilisée depuis le début du XIXème siècle chez l’homme mais rapidement adaptée par des vétérinaires pour les animaux et en particulier les chevaux dans un premier temps. A partir de 1925, les vétérinaires homéopathes sont de plus en plus nombreux en Europe et en France.
Les trois principes fondamentaux de l’homéopathie sont la similitude, l’infinitésimalité et l’individualité.
La similitude consiste à «donner au malade à petite dose la substance qui, expérimentée sur l’homme sain reproduit les symptômes observés». Par exemple, en présence d’un oedème aigu inflammatoire comparable à celui provoqué par une piqûre d’abeille, on donnera Apis mellifica (venin d’abeille) pour réduire cet œdème.
L’infinitésimalité consiste à utiliser de toutes petites doses de remèdes : les teintures mères sont les éléments de base qui vont subirent des dilutions successives, chacune étant suivie d’une dynamisation (agitation prolongée définie dans la pharmacopée).
L’individualité signifie qu’un individu exprime des symptômes caractéristiques de la maladie, chaque symptôme étant assorti de modalités personnelles de réaction à la maladie.
Le médicament homéopathique peut être fabriqué à partir d’éléments des trois grands règnes : végétal, animal et minéral. Les végétaux représentent environ la moitié des remèdes homéopathiques. On utilise aussi des insectes venimeux ou leur venin, des hormones ou d’autres sécrétions animales. Enfin, différents métaux ou sels naturels peuvent être prescrits.
Les teintures mères (T.M.) sont obtenues après macération des matières premières dans l’alcool puis seront déconcentrées plusieurs fois et dynamisées pour obtenir la concentration souhaitées (exprimée en CH pour des dilutions centésimales).
Les présentations les plus fréquentes sont les globules (doses), les granules, les gouttes.
En médecine vétérinaire, il existe aussi des préparations pour voie injectable, des seringues intramammaires, des ovules gynécologiques, des poudres.
Les teintures mères peuvent être utilisées pures ou diluées par voie externe, localement. Les vétérinaires ont aussi élaboré des «complexes» associant plusieurs médicaments simples et commercialisés sous forme de spécialités à objectif particulier (diarrhées, respiratoire, mise bas...).
Il existe des médicaments homéopathiques dits de symptomatologie (donnés en fonction des signes de la maladie) et des médicaments dits d’état qui auront un objectif de traitement du terrain de l’animal malade (comme les médicaments de drainage).
On utilisera les basses dilutions (5CH et moins) dans les cas aigus, les signes locaux et en vue d’un drainage, à doses répétées dans la journée.
On utilisera de hautes dilutions (7 à 30CH) sur des signes comportementaux et nerveux, quand la similitude avec les symptômes est élevée ou pour les médicaments constitutionnels, avec une administration tous les 8 à 15 jours.
Le rythme d’administration des médicaments homéopathiques peut être modifié en fonction des réactions du malade ; on espace les prises quand une amélioration est visible.
L’administration peut être individuelle : directement dans la bouche, dans une petite quantité d’eau ou d’aliment, par injection, par voie intramammaire. Elle peut être collective : on dilue le médicament dans un litre d’eau que l’on donne à boire, que l’on met sur l’aliment ou que l’on pulvérise sur le nez.
Pourquoi utiliser des médicaments homéopathiques ?
- ils sont efficaces : ils sont reconnus par les autorités réglementaires et bénéficient d’une Autorisation de Mise sur le Marché quand il s’agit de spécialités ;
- ils ne laissent pas de résidus dans les denrées alimentaires : il n’y a pas de délai d’attente à respecter après leur utilisation ;
-ils ne sont pas toxiques pour les malades : ils ne provoquent pas d’effets ou de maladie secondaires à leur utilisation ;
- ils sont faciles à administrer, avec des posologies simples (par exemple par voie orale 5 ml par prise individuelle et 1 l pour 1000 l d’eau pour un grand effectif), même si l’administration doit se répéter dans la journée ou sur plusieurs jours ;
- leur coût est faible.
Quelques exemples d’utilisation de l’homéopathie
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La mise bas :
- médicaments pour préparer et faciliter le travail, favoriser une dilatation maximale, aider lors d’une dystocie.
- médicaments pour assurer une bonne délivrance, calmer les efforts résiduels et limiter les risques d’infection.
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La lactation :
contre les congestions de la mamelle, contre l’inflammation si on craint une évolution vers une mammite, aide au tarissement.
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Les traumatismes :
lors de transport, d’accident, de caudectomie ou de mise-bas compliquée pour aider le veau et la mère à récupérer ; permettent de limiter la douleur et d’éviter la dépression immunitaire liée au choc.
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En soutien de l’organisme et en particulier d’un organe primordial le foie :
- au changement de saison, au moment d’un changement d’alimentation, en particulier en fin de gestation pour éviter les toxémies de gestation, les syndromes de vache grasse ou couchée, les fourbures,
- avant un traitement antiparasitaire pour faciliter le travail du foie (éliminer les parasites tués et les résidus de médicaments) et optimiser l’action de l’antiparasitaire et en atténuer les inconvénients.
Les médicaments homéopathiques peuvent être utilisés seuls en prévention ou en traitement, ou en association avec des médicaments allopathiques.
L’efficacité des médicaments homéopathiques est reconnue depuis très longtemps. Ils ne présentent pas de toxicité, ne laissent pas de résidus et sont peu coûteux. Ils devraient donc trouver place dans vos pharmacies pour continuer à conserver vos animaux en bonne santé tout en répondant aux cadres réglementaires et aux exigences sociétales. De plus ils vous aideront à améliorer les performances de vos troupeaux : pourquoi s’en priver ?
Pour plus de précisions n’hésitez pas à contacter votre vétérinaire.