Les arthrites chez les ovins

Les arthrites ont un impact économique parfois important en élevage ovin : ralentissement de la croissance des agneaux voire mortalités, saisies partielles ou totales. Bien comprendre cette pathologie permet d’améliorer la productivité de votre élevage.

Les arthrites chez les ovins

Une arthrite est une inflammation d’une ou plusieurs articulations avec ou sans déformation, avec réaction douloureuse et accumulation de liquide synovial avec modification dans sa composition.



Le Rouget (Erysipelothrix rhusiopathiae)

Agneaux :  apparaît quelques jours après la naissance ou quelques jours après la contamination d’une plaie cutanée. Jusqu’à 50% des agneaux peuvent être atteints. Commence par une forme aiguë avec hyperthermie et douleur articulaire mais sans déformation de l’articulation et évolue en forme chronique en l’absence de traitement avec déformation des articulations et enkylose.

Adultes : peut apparaître quelques jours après un bain antiparasitaire. Lésions podales en couronne et dans l’espace inter-digité avec hyperthermie puis polyarthrite. Jusqu’à 80% des brebis peuvent être atteintes.

La polyarthrite des agneaux

Animaux de moins d’1 mois à 3 mois. Résulte de la contamination d’une plaie cutanée par différents germes qui entraînent la formation de pus (Actinomyces pyogenes, Fusobacterium necrophorum, Escherichia coli, Streptococcus spp, Staphylococcusspp).

Ces arthrites suppuratives entraînent une déformation des articulations et peuvent être accompagnées de méningites ou de morts subites.

La pyohémie des tiques

Se rencontre plutôt au printemps dans les zones à forte présence de tiques. La bactérie responsable (Staphylococcus aureus), habituellement présente sur la peau est inoculée lors d’une piqûre de tique. Se produit alors une septicémie puis apparaissent des arthrites purulentes avec déformation des articulations au niveau des membres et de la colonne vertébrale. Les signes cliniques vont de la boiterie à la paralysie du train postérieur.

Les arthrites à mycoplasmes

Les mycolpasmes en cause sont Mycoplasma mycoïdes ssp mycoïdes, Mycoplasma capricolum, Mycoplasma agalactiae et Mycoplasma arginii. Concernent les animaux de tous âges. Ce sont des arthrites purulentes. On peut également être confronté à des signes pulmonaires (pleuro-pneumonie), oculaires (kérato-conjonctivites), mammaires (mammites cliniques) et génitaux (avortements).

Les arthrites à Visma-Medi

Elles sont dues à un virus et concernent surtout des animaux âgés de plus de deux ans. Elles affectent essentiellement les articulations du carpe et du tarse. Elles sont non suppuratives. Elles sont associées à un amaigrissement progressif, à des difficultés respiratoires, à des signes mammaires et nerveux.

Les arthrites à chlamydia

Chlamydophila psittaci ou abortus.

Ces arthrites peuvent concerner des agneaux nés de mères porteuses du sérotype responsable de l’avortement enzootique. Elles peuvent être associées à des kérato-conjonctivites, des troubles pulmonaires, des épididymites et des orchites. Ces arthrites ne sont pas déformantes ni suppuratives.

Un autre sérotype ne provoquant pas d’avortement peut provoquer des arthrites similaires accompagnées de conjonctivites sur des agneaux de 1 à 8 mois.

Bien repérer les arthrites

Elles sont beaucoup plus fréquentes chez les agneaux de moins d’un mois, en bergerie. Le premier signe est une difficulté à se déplacer. A la palpation, les articulations peuvent être chaudes et douloureuses, voire déformées quand on avance dans l’évolution clinique. Il faut tenir compte de l’historique de l’exploitation : le rouget n’est pas présent dans toutes mais il faut y penser s’il y a eu des porcs même longtemps avant les ovins. Un épisode d’avortement peut s’accompagner d’arthrites. Une hygiène défaillante favorisera les poly-arthrites à germes environnementaux.

Il n’est pas toujours possible d’établir un diagnostic étiologique précis. En cas d’échec de traitement, il peut être nécessaire de recourir au laboratoire pour examen du liquide synovial et recherche bactérienne. Il est préférable d’envoyer une articulation non ouverte ou un agneau mort ou sacrifié n’ayant pas reçu de traitement. Attention, les mycoplasmes nécessitent des milieux de culture particuliers ; il faut donc prévenir le laboratoire en cas de suspicion de ce germe.

Les arthrites sont à différencier des boiteries d’origine traumatique, musculaire («raide» ou myopathie nutritionnelle ou maladie du muscle blanc),  podale (piétin, dermatites, fourbures...), osseuse ou nerveuse.

  •  Il est toujours important de connaître le statut sanitaire des troupeaux d’origine des animaux que l’on introduit dans son exploitation et de pratiquer une quarantaine.
  •  La lutte contre les parasites externes, en particulier contre les tiques ne doit pas être négligée.
  •  Il peut être utile de recourir à la vaccination : Contre le rouget en vaccinant les femelles en fin de gestation - Contre les avortements à chlamydia.

Bien traiter les arthrites

Le traitement sera d’autant plus efficace qu’il sera PRECOCE et suffisamment LONG. L’administration d’anti-inflammatoire permet de soulager les animaux et de limiter un peu l’étendue des lésions articulaires. L’antibiotique est à choisir en fonction de la bactérie la plus probablement en cause dans votre élevage : 

  • Pénicilline pour le rouget
  • Tétracyclines  pour les chlamydia
  • Tétracyclines, spiramycine, florfénicol ou tylosine pour les mycoplasmes
  • Un antibiotique à large spectre pour les polyarthrites des jeunes agneaux

Les arthrites purulentes sont les plus difficiles à soigner.

Mais le plus important est d’assurer une bonne prévention de ces arthrites !!!

Importance de l’hygiène autour des jeunes agneaux

Hygiène de la bergerie et des cases d’agnelage : curage, nettoyage et désinfection de la bergerie avec un vide sanitaire ; paillage correct en quantité et qualité. Assurer une surface suffisante par portée avec la mère dans les cases.

Hygiène du nouveau-né : 

Antisepsie du cordon ombilical, avec des solutions iodées ou à bases de chlorhexidrine et de plantes ( 0110058 ) pour assécher le plus rapidement possible le cordon, de préférence en pulvérisation, ou en trempage mais en changeant régulièrement la solution de trempage ou en utilisant des flacons avec un anti-retour.

Hygiène des interventions avec plaies : 

Avoir les mains et du matériel propres, désinfecter le matériel, appliquer un antiseptique ou une pommade cicatrisante sur les plaies de boucle et de caudectomie.