- Par Thierry Duclairoir
Les parasites externes des bovins en stabulation
Ces affections parasitaires sont fréquentes l’hiver chez les bovins en bâtiment. Elles sont sources d’inconfort pour les animaux et de baisse des performances zootechniques.
Les poux
Ces insectes qui sont des parasites permanents provoquent ce que l’on appelle les phtirioses.
Ils sont de petite taille (0,5 à 8 mm), sans ailes et vivent fixés aux poils. Le cycle total prend 4 à 6 semaines ; les adultes vivent environ 1 mois ; leur survie n’est que de 2 à 3 jours dans le milieu extérieur, les facteurs favorisant leur multiplication sont l’humidité, la chaleur, l’obscurité (d’où leur fréquence en stabulation) ainsi que la malnutrition et la surpopulation.
Il existe 4 espèces parasitant les bo-vins : 1 pou broyeur (Damalinia bovis) et 3 poux piqueurs (Haematopinus eurysternus, Linognathus vituli et Solenopotes capillatus).
Les poux broyeurs sont très mobiles et se retrouvent essentiellement sur la ligne supérieure : tête, cou, épaules, dos et croupe. Ils se nourrissent de débris de peau et de sécrétions sébacées.
Les poux piqueurs sont peu mobiles car fixés à la peau pour sucer le sang ; il faut un examen attentif pour les repérer, ils séjournent en général à l’abri de la lumière et dans les zones cutanées où la température avoisine les 30°C.
Chez les bovins les infestations peuvent être mixtes :
poux broyeurs
et poux piqueurs.
La manifestation clinique principale est le prurit. Les lésions cutanées sont superficielles : alopécie, excoriations. Les démangeaisons sont la principale cause des baisses de production.
Lors d’infestation massive les animaux sont agités, se lèchent, se mordillent, se grattent et se frottent contre les murs ou contre tout support ; il s’en suit une baisse d’appétit et donc un retard de croissance. D’autre part en se léchant les animaux ingèrent des poils qui en s’agglomérant forment des boules appelées trichobézoards qui perturbent le fonctionnement des réservoirs digestifs et provoquent des ballonnements chroniques.
Le prurit est plus important avec les poux piqueurs et ces derniers sont à l’origine d’une anémie qui peut parfois être sévère notamment chez les très jeunes veaux, aggravant parfois d’autres pathologies telles une diarrhée.
L’infestation par les poux étant souvent bien tolérée par les bovins le traitement est souvent négligé. Mais le risque de multiplication des parasites est toujours possible si les conditions d’ambiance venaient à se dégrader.
Le traitement se fait avec des organophosphorés (en pulvérisation), des pyréthroides (en pulvérisation ou en pour-on) et des endectocides (en injection ou en pour-on). Le choix est fait en tenant compte du délai d’attente, du type de parasites ; en effet les endectocides injectables sont inefficaces contre les poux broyeurs, en revanche ils permettent de traiter les strongyloses. Les produits à pulvériser n’ayant pas d’action sur les lentes (larves de poux) il faudra renouveler le traitement 10 jours plus tard. Il est important de respecter les posologies afin de ne pas diminuer la rémanence du produit et de ne pas créer de résistances des parasites.
L’idéal est de traiter à l’entrée en bâtiment (au plus tard 1 mois après) afin d’éviter que les populations de poux n’explosent et n’atteignent tous les animaux. En cheptel allaitant les veaux seront traités au fur et à mesure des naissances. Bien-sûr tout animal introduit dans le cheptel fera l’objet d’un traitement car il peut être potentiellement infesté.
Toutes ces mesures seront complétées par une alimentation équilibrée, un bâtiment à l’ambiance maîtrisée et sans surpopulation animale.
Les gales
Ces maladies parasitaires cutanées sont dues à différentes espèces d’acariens.
Ces parasites de petite taille (inférieure à 1 mm) vivent soit à la surface de la peau soit dans la couche externe de la peau ; le cycle parasitaire se déroule entièrement au niveau cutané et dure de 10 à 21 jours ; la résistance du parasite dans le milieu extérieur atteint 6 à 12 semaines.
Les agents des gales provoquent une réaction allergique à l’origine des lésions cutanées et déclenchent un prurit très important avec des complications bactériennes fréquentes ; les animaux se grattent, se mordillent, se frottent à tout ce qui est en relief et ce jusqu’au sang voire à l’automutilation. Tout cela provoque des retards de croissance importants ; la mortalité est possible sur des cas très avancés avec grave surinfection bactérienne. La contagion entre bovins est très importante surtout en hiver en bâtiment quand les locaux sont sombres, humides, mal ventilés et lorsque la densité animale est importante ; une sous-alimentation et un mauvais état général favorisent le développement des gales.
La contamination se fait à partir d’un animal parasité mais aussi de manière indirecte par la litière, les supports de grattage et le matériel d’élevage.
On rencontre essentiellement 3 types de gales selon l’agent responsable :
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la gale psoroptique :
due à Psoroptes ovis c’est la plus répandue notamment dans les races à viande. Le parasite vit en surface de la peau, provoque un prurit intense ; les zones les plus atteintes sont le garrot et la base de la queue où l’on observe des croûtes jaunâtres, puis une extension au dos, aux flancs et aux membres est observée avec une surinfection bactérienne.
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la gale sarcoptique :
due à Sarcoptes scabiei qui vit dans la peau où il creuse des galeries dans la couche cornée provoquant des démangeaisons à l’origine de lésions de grattage qui débutent en général au niveau de la tête et du cou. La réduction de l’appétit, l’amaigrissement et la généralisation à tout le corps peut entraîner la mort des animaux. La transmission à l’homme est possible (zoonose).
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la gale chorioptique :
due à Chorioptes bovis qui vit en surface de la peau. Elle s’exprime le plus souvent sur les bovins adultes mais elle est moins contagieuse et moins importante que les 2 précédentes. Souvent bénigne elle se localise à la partie postérieure du corps ; les symptômes sont souvent discrets et localisés aux extrémités avec épaississement de la peau et formation de croûtes avec un prurit modéré.
Le diagnostic différentiel doit être fait avec les phtirioses. La confirmation se fait par raclages cutanés en périphérie des lésions puis observation au microscope pour mise en évidence des agents de gales.
Le traitement peut être réalisé par aspersions avec des organophosphorés ou des pyréthroides ; mais il est plus facile avec les endectocides et de préférence en forme pour-on qui permettent en plus de traiter les strongyloses. Naturellement tous les animaux seront traités en même temps et tout animal introduit dans le cheptel fera l’objet d’un traitement systématique. Sachant que certains agents de gales peuvent résister dans le milieu extérieur jusqu’à 12 semaines, une attention particulière sera portée sur l’hygiène des bâtiments : curage, désinfection, vide sanitaire de 3 semaines minimum.
La teigne
Cette affection parasitaire de la peau est due au développement d’un champignon filamenteux (appelé encore dermatophyte) Trichophyton verrucosum dont les spores sont très résistantes dans le milieu extérieur.
Les lésions que l’on appelle dartres sont des dépilations circulaires de 1 à 5 cm de diamètre à bords nets avec des squames et des croûtes et non prurigineuses . On les rencontre essentiellement sur la tête (pourtour des yeux, paupières, narines, mufle) avec extension possible sur quasiment tout le corps. Les veaux sont plus fréquemment et gravement atteints que les adultes.
La maladie, très contagieuse, se développe et se propage surtout en stabulation lorsque l’environnement est sombre, humide et avec surpopulation animale. La contamination provient des animaux atteints mais aussi de l’environnement (matériel, litière) contaminé par des spores.
Le dermatophyte confère une immunité au bovin et une guérison spontanée est possible et fréquente en 8 à 12 semaines , particulièrement lors de la mise à l’herbe.
Le seul traitement possible de la teigne consiste en l’aspersion d’enilconazole (Imaveral ND) en 4 applications à 4 jours d’intervalle. A la mise à l’herbe curage et désinfection des locaux et du matériel sont indispensables.
Il existe sur le marché un vaccin (Bovilis Ringvac ND) qui permet d’installer une immunité à vie chez le bovin.
Attention la teigne est une zoonose et la contamination des éleveurs est fréquemment observée.