Monieziose des ovins. Rappels et bonnes pratiques

La maladie provoquée par le ténia des ovins, Moniezia, est une parasitose majeure des jeunes agneaux à l’herbe. Les pertes de croissance et les mortalités engendrées peuvent être importantes.

Au printemps, la prévention de cette parasitose est incontournable pour la plupart des élevages de plein air ou semi plein-air. Une bonne connaissance du cycle de développement de ce parasite et le respect de quelques bonnes pratiques permettent de rendre cette prévention vraiment efficace.


Monieziose des ovins. Rappels  et bonnes pratiques

• Les ténias sont des vers plats segmentés. Moniezia expansa mesure 3 à 5 m de long sur 1 à 2 cm de large. Il vit dans l’intestin grêle des ovins, accroché au niveau de sa partie antérieure par quatre ventouses. Il se développe en s’allongeant et en se segmentant. C’est un ver hermaphrodite (mâle et femelle) ce qui lui permet de se reproduire seul. Les derniers segments contiennent des œufs embryonnés. Ils sont éliminés dans les matières fécales tels quels et donc visibles à l’œil nu. Ils peuvent aussi se rompre dans l’intestin et libérer les œufs qui seront eux aussi éliminés dans les matières fécales. Ces œufs résistent bien en milieu humide mais sont sensibles aux UV, au gel mais surtout à la chaleur.


Cycle de développement 

Les oribates (acariens < 1 mm) sont coprophages et vivent sur les pâtures avec une préférence pour les pâtures humides, acides, riches en humus.  Ils sont coprophages et ingèrent donc les oeufs de ténia en consommant des crottes de mouton parasité. Les œufs embryonnés se développent en larves infestantes qui persistent dans l’oribate aussi longtemps que celui-ci est en vie à savoir jusqu’à 18 mois. Chaque acarien peut renfermer 3 à 4 larves. On peut avoir de 10 000 à 25 000 acariens au m² sur une parcelle pâturée (beaucoup moins sur une parcelle cultivée). Ils craignent la sécheresse mais peu le froid. Ils constituent le réservoir de ténia sur les pâtures.


Les moutons s’infestent au pâturage toute l’année, y compris en fin d’hiver en consommant les végétaux porteurs d’oribates. Les pics d’infestation se situent au printemps et en automne mais la ré-infestation est permanente en période favorable surtout si l’herbe consommée est rase. La digestion de l’oribate libère une larve qui va se fixer dans l’intestin grêle puis se développer en s’allongeant et en se segmentant. Le ténia adulte est formé en environ 6 semaines dans l’intestin. Les segments commencent alors à être visibles dans les excréments.


La clinique apparaît 6 à 8 semaines après la contamination ; les agneaux sont plus sensibles, surtout avant 6 mois (immunité après 2/3 mois de contact). Les symptômes sont dus aux actions irritatives et obstructives (entérite), spoliatrice (méthionine, vitamine B12, minéraux dont calcium : dénutrition) et toxique (déchets) sur l’intestin de l’hôte et parfois le système nerveux.


• Forme chronique 

- Anémie de dénutrition à évolution lente (peau et muqueuses pâles) et amaigrissement avec une laine qui pousse peu, sèche, cassante et rude.

- Signes digestifs tardifs avec diarrhée seule ou diarrhée alternée avec une constipation.

- Parfois troubles locomoteurs.


• Forme subaiguë 

- Pas de signes mais contamination des champs.


• Forme aiguë

- Signes nerveux avec une démarche ébrieuse, tremblements, convulsions et mastication à vide.

- Signes digestifs avec une diarrhée abondante et d’odeur fétide si éclatement des segments (grains de riz) 

- Évolution rapide avec mort possible. 

      

Entérotoxines induites : la présence des ténias dans l’intestin perturbe sa motricité et favorise le développement des clostridies.

      

 

Le diagnostic est souvent tardif


Les signes cliniques, retards de croissance, laine sèche, cassante et « frisotée », segments dans les crottes et autour de l’anus, troubles du transit digestif n’apparaissent qu’au bout de quelques semaines.

Les examens coproscopiques ne sont positifs que si l’infestation date de plus de 6 semaines et si les segments ont éclaté : un résultat négatif n’exclut pas une infestation.



Les autopsies donnent un diagnostic de certitude avec la présence de ténias dans l’intestin et une inflammation marquée et très étendue de l’intestin grêle. On peut également observer des lésions d’entérotoxémie.


Traitement et prévention


Trois familles d’anthelmintiques peuvent être utilisés pour traiter les agneaux infestés de ténia : le PRAZIQUANTEL est une molécule spécifique active sur les vers immatures et adultes ; les benzimidazoles (febendazole, oxfendazole, albendazole et mébendazole) à dose spécifique ; l’oxyclosanide permet l’élimination des segments ovigères. Aucune de ces molécules ne tue les œufs de ténia.


Les bonnes pratiques à adopter : 

TOUJOURS :

- Vérifier son matériel : propreté, réglage

- Peser les agneaux : traiter par poids homogènes ou traiter en fonction du poids du plus lourd

- Agiter le bidon pour homogénéiser le produit

- Marquer les animaux traités pour ne pas en oublier

- S’assurer que le traitement n’a pas été recraché


TRAITER :

- Les agneaux 4 à 6 semaines après la mise à l’herbe ou à 4/6 semaines d’âge si nés dehors, puis tous les mois ; faire un traitement en fin d’automne, si nécessaire, aux agnelles de renouvellement 

- Maintenir les agneaux en bergerie au moins 24 h pour ne pas réinfester les pâtures ; n’utiliser le fumier contaminé que sur des surfaces cultivées qui seront labourées.



Les autres mesures de prévention consistent à :

  • AU NIVEAU DES PÂTURES

- Faire pâturer par les jeunes agneaux des prairies récentes,

- Défavoriser l’installation des oribates par hersage ou labour (limiter la formation d’humus et la destruction des mousses), 

- Diminuer l’acidité du sol (chaux, cyanamide calcique).


  • AU NIVEAU DES ANIMAUX    

- Utiliser la phytothérapie pour défavoriser l’installation des ténias dans l’intestin et limiter son développement.

- Vacciner les agneaux contres les entérotoxémies


Devant une pathologie coûteuse pour les élevages, il est important de mettre en place des mesures de préventions efficaces en tenant compte de la biologie du parasite.

Le calendrier des traitements est à discuter avec votre vétérinaire en fonction du système de conduite de votre troupeau, de la gestion de vos parcelles et de l’historique de la moniéziose dans votre exploitation. L’observation des animaux ainsi que l’utilisation des examens coproscopiques  sont des outils à utiliser quand l’historique des parcelles est mal connu et pour le suivi des lots avec de jeunes agneaux. Les examens coproscopiques permettent également un suivi du parasitisme associé (strongles digestifs en toute saison, petite douve à l’automne).