Myiases à Wohlfartia. Essais et mise en place d’un protocole complet de prévention : un éleveur témoigne

Xavier Jatiault, est éleveur en sud Vienne. En Gaec avec son épouse Evelyne, le couple est aidé sur l’exploitation par un apprenti en CS ovin. Ils élèvent 700 brebis et 50 vaches sur 3 sites.      

Les premiers signes de myiases à Wohlfahrtia sont apparus les étés 2010 et 2011, prenant des proportions importantes en 2012. Le Gaec alerte le GDS en 2014 et il se porte volontaire(1) pour les premiers essais sur leur exploitation dès l’été 2015.

Myiases à Wohlfartia. Essais et mise en place d’un  protocole complet de prévention :  un éleveur témoigne


Vous avez suivi les protocoles d’essai, quels conseils donneriez-vous aux éleveurs pour lutter contre les myiases à Wohlfahrtia


“Les myiases à Wohlfahrtia ne se traitent pas comme celles de la mouche Lucilia. C’est un problème sanitaire très pointu auxquels les éleveurs ne sont pas habitués. Ça prend la tête. Bien que les protocoles que nous avons suivis soient un peu contraignants (certains éleveurs baissent les bras), les essais menés sur nos brebis prouvent que les protocoles ont une certaine efficacité. 

L’an dernier, on a eu environ 30 % d’animaux atteints sur le lot témoin, mais il n’y a eu que quelques cas sur les 2 autres lots d’essai.


Mon premier conseil serait de ne surtout pas attendre que les premiers cas de myiases arrivent. Si on attend, c’est trop tard. C’est la pire des bêtises à faire, car dans les jours qui suivent on est débordé (NDLR : ce qui s’explique par le cycle de la mouche. Quand les myiases sont là, la population de mouches est déjà bien installée et c’est plus long et plus difficile de s’en débarrasser). 


C’est important de prévenir l’arrivée des mouches par un traitement. Peu importe la prévention mise en place, l’important c’est de l’appliquer au plus tard au milieu du printemps (après la tonte) afin de réduire la population de mouches.


Il n’y a plus de problème de piétin sur l’exploitation. Nous avons pris des mesures (vaccination et réforme) car on en avait assez des myiases aux pieds des brebis. La première année de traitement, nous n’avons pas eu le miracle attendu sur la disparition du piétin, par contre, dès la deuxième année, nous en avons été débarrassés. Depuis je fais les agnelles deux fois dans l’année et un rappel annuel sur les brebis. J’essaie de faire tous les rappels en janvier / février (avant la période à risque).

Nous avons également entamé un changement dans nos habitudes d’élevage en coupant la queue moins court (de manière à avoir une queue de 5 à 10 cm à l’âge adulte). Depuis nous n’avons pas eu, ou peu, de brebis atteintes à la vulve.

Il faut également respecter les périodes de tonte et désinfecter les plaies (certains éleveurs que je connais ont eu des problèmes sur les oreilles après la pose des boucles).”


Et après cette prévention, que mettez-vous en place ?

“Il faut protéger les bêtes des attaques des mouches. Il est important de peser les brebis pour appliquer la bonne dose de traitement par rapport au poids de l’animal. Si on respecte bien la dose par rapport au poids on est tranquille pour 12 à 13 semaines. 

Dans les pâtures, on met à disposition des seaux à lécher contenant de l’ail.

Si on respecte tout ça, en pleine saison, on passe 4 à 6 fois moins de temps en traitement sur les animaux. C’est un gros gain de temps et de patience.”  


(1) Le COPIL Wohlfahrtia fait appel à des volontaires pour mettre en place des protocoles d’essai dans leurs élevages. Renseignements sur copil.wohlfahrtia@gmail.com

(2) Exemples de traitement antiparasitaire (cf p12)