Sevrage des agneaux à l’aliment d’allaitement

L’intérêt d’un sevrage à l’aliment d’allaitement

Quelle que soit la structure de l’exploitation, atelier lait ou viande, qu’il s’agisse de sevrage ou d’engraissement, l’utilisation d’un aliment d’allaitement reste une très bonne solution technique et économique pour l’élevage des jeunes agneaux.

Sevrage des agneaux  à l’aliment d’allaitement

Zootechnique :

Les aliments d’allaitement sont constitués pour apporter les besoins journaliers aux nourrissons, à une concentration donnée et un volume donné. L’utilisation d’aliment d’allaitement permet des sevrages de courte durée en fonction du mode de distribution (seau ou machine d’allaitement).

Economique :

Dans le cadre d’une exploitation laitière, l’éleveur pourra valoriser plus tôt son lait auprès de son organisme collecteur ; dans le cadre d’une transformation à la ferme, produire plus de produits finis (fromage, yaourt...). Dans le cadre d’un atelier viande, l’utilisation d’un aliment d’allaitement permettra de sauver et d’élever les agneaux surnuméraires afin d’accroitre ainsi le revenu de l’exploitation.

Réussir le démarrage des agneaux

La désinfection du cordon ombilical

A la mise-bas, le cordon est étiré et rompu. Il reste alors une voie d’entrée majeure pour les germes de la litière. Pour cette raison, il doit être asséché au plus vite pour que l’artère et la veine ombilicales se collapsent. Le produit d’hygiène utilisé doit donc être à la fois asséchant et désinfectant. La meilleure technique d’application reste la pulvérisation large du produit, sur et autour du cordon.

La phase colostrale

La phase colostrale se prépare en aval, lors de la préparation à la mise-bas des mères, avec une alimentation et une complémentation alimentaire adaptées. Cette phase est primordiale pour la survie et le futur développement du jeune animal et sa résistance aux diverses infections. Elle ne dure que 24 heures. Lors de la distribution, une vérification de la qualité du colostrum à l’aide d’un pèse colostrum ou d’un refractomètre est conseillée afin de pouvoir apporter les corrections si nécessaire avec un colostrum de remplacement. Pour les agneaux les plus faibles, une administration directe des premières doses par sondage gastrique est recommandée.

La bonne hygiène du bâtiment

Chaque changement est un stress pour l’animal, donc un risque… Il est important de prendre en compte le logement. Le bâtiment doit être sain, propre, désinfecté entre chaque lot de mise-bas et d’allaitement artificiel. Il est nécessaire de faire quotidiennement la litière afin de limiter les problèmes sanitaires (voir l’article sur l’hygiène de la litière dans la même rubrique du bulletin du mois prochain).

Il faut aussi penser à nettoyer et désinfecter le matériel de préparation et de distribution afin de limiter le développement des germes pathogènes.

Quels agneaux doit-on élever à l’aliment d’allaitement ?

Dans les exploitations laitières et en fonction du cahier des charges du collecteur de lait, les jeunes agneaux devront être mis le plus rapidement possible à l’aliment d’allaitement afin de bénéficier de la vente de la production laitière.

Dans les exploitations viande, le choix des agneaux à élever à l’aliment d’allaitement sur une exploitation reste un sujet complexe. Il dépend du fonctionnement de l’entreprise, de la main d’œuvre, du temps que l’éleveur a à allouer à l’élevage des surnuméraires, etc… Différentes études montrent malgré tout que l’élevage des surnuméraires est un gain financier pour l’exploitation.

3 cas s’imposent à nous dans le choix :

 1er cas : la mère n’a pas assez de lait

Dans le cas de triplés, 2 petits et 1 gros, il est préférable de mettre le gros à l’aliment d’allaitement ; plus fort, il s’adaptera mieux et sera sevré à moindre coût.

Dans le cas de quadruplés, 3 gros et 1 petit, mettre 1 gros et 1 petit à l’allaitement artificiel. Dans ce cas précis, l’intérêt est d’avoir un couple d’agneaux homogène sous la mère afin de réduire les effets de dominance.

2ème cas : la mère ne reconnaît pas une partie ou l’ensemble des nouveau-nés

Dans ce cas, l’utilisation d’un aliment d’allaitement prend sa fonction essentielle.

3ème cas : Le troupeau présente un niveau élevé de risque de transfert de maladie brebis-agneau


Il est conseillé de ne pas laisser téter les agneaux. Le colostrum devra être apporté par une mère saine ou par un substitut de colostrum. Ensuite l’aliment d’allaitement remplacera le lait maternel.

L’alimentation solide

La phase de sevrage est une phase de transition qui doit permettre un développement harmonieux des réservoirs gastriques et assurer un passage harmonieux à l’aliment de croissance ou d’engraissement. Ainsi, même si pendant la phase d’allaitement 80% des besoins alimentaires du jeune animal concernent la protéine laitière, il est nécessaire de mettre à disposition un aliment solide, ainsi que de la fibre (fourrage) et de l’eau propre. Ces aliments doivent être distribués au départ en petites quantités renouvelées régulièrement.

Quel aliment d’allaitement choisir pour les agneaux ?

Il existe 2 grandes familles d’aliment d’allaitement : à base de Poudre de Lait Ecrémé (PLE) et à base de lactosérum.

Les aliments à base de PLE

L’utilisation de ces aliments permet un processus de digestion similaire à celui du lait maternel. La présence de caséine fait que l’aliment coagule dans la caillette. Ensuite il est progressivement digéré dans le tube digestif. Pour une bonne coagulation, il faut des aliments d’allaitement avec une base de 40 à 60 % de PLE.

Les aliments à base de lactosérum

Avec ces aliments sans poudre de lait, la protéine est apportée par les dérivés de lactosérum. L’absence de caséine et donc de coagulation fait que la digestion est plus rapide. L’apport rapide de fibre (paille) et d’un aliment solide, ainsi que de l’eau, est d’autant plus important pour ralentir le transit.

PLE ou Lactosérum, quel choix ?

Il n’y a pas de réponse tranchée. Le choix se fait en fonction des objectifs et du mode de gestion de l’élevage : recherche de performances zootechniques ou de prix, qualité des suivis technique et sanitaire etc… De manière très générale, les produits à base de PLE sont hautement sécurisants mais plus chers que les produits à base de lactosérum.


Pascal LYS (SERVAL),

Laurent SABOUREAU (PSA ALLIANCE PASTORALE)