- Par Laurent Saboureau
Myiases à Wohlfahrtia magnifica : Enseignements, préconisations et perspectives
Les myiases à Wohlfahrtia magnifica se développent depuis 2012 sur les départements moutonniers du nord de la région Nouvelle-Aquitaine. D’abord localisées sur le nord de la Charente et le sud de la Vienne [2, 9, 10, 11], elles touchent également depuis 2016 la partie nord du département de la Haute-Vienne [12]. A l’automne 2019, des cas ponctuels auraient également été identifiés, entre autres, dans les départements de l’Indre et des Deux-Sèvres. Ces localisations géographiques à moins de 200 m d’altitude sont une nouveauté France où Wohlfahrtia était exclusivement décrite depuis la fin des années 80 dans les massifs montagneux des Pyrénées, des Alpes ou en Corse, à plus de 800 m d’altitude [1].
Wohlfahrtia et ses conséquences
Wohlfahrtia magnifica est une mouche de 8 à 15 mm, d’une couleur métallique “magnifique” à l’origine de son nom, avec un thorax rayé noir et blanc et un abdomen à taches régulières blanches et noires (cf photo 1) [1, 3, 4, 8]. Elle est active par temps chaud et sec, principalement entre les mois de juillet et de septembre. Cependant, en 2017 et 2018, compte tenu des conditions météorologiques du printemps et de l’été, des attaques ont été recensées dans notre région dès la fin du mois de mai et se sont prolongées jusqu’à fin octobre.
Wohlfahrtia est larvipare et larvipose, c’est-à-dire qu’elle expulse directement des larves L1 en se posant obligatoirement sur un être vivant, préférentiellement un mouton, même si on retrouve des myiases sur des bovins et secondairement sur des équidés, des porcs, des caprins ou des chiens.
Elle recherche les zones délainées et humides du corps pour cette ponte :
- la vulve (cf photo 2) : les chaleurs des brebis, précédées ou non du retrait des éponges vaginales pour la synchronisation, constituent un facteur favorisant,
- l’espace interdigité (cf photo 3) : les affections du pied constituent également des facteurs favorisants pour la survenue de ces myiases,
- les plaies, et fréquemment celles de la tête des béliers consécutives à des bagarres,
- le canal auriculaire.
Le cordon ombilical, le fourreau ou les yeux sont, pour les mêmes raisons, des localisations secondaires, en particulier chez les bovins.
Le développement des larves sur le mouton est rapide : en 5 à 7 jours, les larves L1 subissent deux mues successives [1]. Les larves L3 ont une longueur dépassant 1 cm et un diamètre d’environ 2 mm et sont recouvertes d’un fin duvet. Elles se transforment en pupes qui tombent sur le sol et s’enfouissent dans le sol pour continuer leur développement vers le stade adulte, d’autant plus facilement que ce sol est meuble. La durée moyenne du cycle de développement en période favorable est de 15 à 20 jours [8].
Les larves sont « piquées » dans les chairs, fixées perpendiculairement aux tissus, serrées les unes contre les autres [9]. Elles creusent des galeries et s’implantent profondément, en particulier au niveau du pied. Le nombre de larves retrouvées dans les plaies peut être élevé, le plus souvent entre 10 et 30 [12]. Les symptômes observés sont, selon la localisation, un prurit intense au niveau de la vulve, des boiteries plus ou moins sévères dues à un pied déformé avec inflammation et surinfection possible [9]. Les animaux ont tendance à s’isoler et arrêtent de s’alimenter.
En élevage ovin, la prévalence inter-cheptel est proche de 75 %, la prévalence intra-cheptel peut être comprise entre 1 et 30% des animaux. Le taux de mortalité lié à ces myiases est faible, les conséquences négatives de la maladie étant plutôt dues à une augmentation du temps passé à soigner les animaux, aux réformes anticipées liées aux séquelles essentiellement localisées au niveau du pied et aux pertes de productions sur les animaux malades [9]. Il ne faut pas non plus négliger l’impact psychologique fort de la maladie sur les éleveurs.
Résultats bibliographiques et essais antérieurs
2017
En traitement, nos essais 2017 menés sur 73 brebis dans trois élevages ont montré une réelle efficacité de la deltaméthrine utilisée sous forme d’une solution médicamenteuse (DELTANIL® ou SPOTINOR®) et selon les préconisations de son AMM (5 ml appliqués directement sur les larves) [12]. Ces résultats sont supérieurs à ceux décrits pour des traitements avec l’ivermectine et la moxidectine [4]. 91% des plaies traitées présentaient ainsi une disparition de toute larve 24 heures après traitement, le curetage préalable d’une partie des larves avant traitement n’améliorant pas le résultat. Pour éviter les rechutes (12 % des cas dans les essais 2017), un contrôle de la plaie 24 heures après le traitement est conseillé, avec si nécessaire un retrait manuel à la pince des larves restées au fond des cavités, puis l’application d’une préparation facilitant la désinfection et la cicatrisation.
On note sur ces essais que la majorité des atteintes (52 %) sont podales, à la différence d’autres régions françaises ou étrangères touchées par Wohlfahrtia, où les localisations sont majoritairement vulvaires. Ceci est en rapport avec les affections podales fréquentes dans notre région et démontre l’effet favorisant de ces affections sur l’apparition de ces myiases.
En ce qui concerne la prévention, nos essais de l’été 2017 ont montré une protection corporelle de 7 semaines permise par une application de dicyclanil (CLIK® à 35 ml par brebis de plus de 50 kg) [12]. Cette durée de protection reste plus longue que celle décrite dans des essais réalisés avec un pyréthroïde en pour on (cyperméthrine) ou une lactone macrocyclique injectable (doramectine) [16]. Nos propres essais réalisés avec la deltaméthrine n’ont également pas permis une protection des brebis au-delà de 4 semaines [12].
Dans nos essais, l’ajout à l’application du dicyclanil d’une complémentation minéral libre-service enrichie en extraits végétaux d’ail fait sensiblement baisser la prévalence des cas de myiases. L’association supplémentaire d’un pédiluve insecticide toutes les deux semaines améliore encore un peu plus la situation [12].
2018
Essai 2018
Objectifs
La durée de protection du dicyclanil (CLIK®) constatée dans nos essais 2017 est inférieure à celle présentée dans l’AMM du médicament (16 semaines) ou dans des essais menés dans d’autres pays [14, 15]. D’après nos recherches, il est possible que la « stop-dose » à 35 ml proposée dans l’AMM pour des brebis de plus de 50 kg puisse être une des explications de ce constat. De l’avis de certains auteurs des essais présentés dans la bibliographie, les brebis traitées excédaient effectivement rarement ce poids (SOTIRAKI S., communication personnelle), alors que les brebis de notre essai étaient toutes largement plus lourdes (60 à 80 kg). Le laboratoire propriétaire de l’AMM confirme d’ailleurs que les essais pris en compte pour cette AMM n’ont concerné que des brebis dont le poids était inférieur à 50 kg. Or l’AMM du médicament précise que la posologie de base est comprise entre 2 ml (pour les animaux les plus légers) et 0,6 ml (pour les plus lourds) par kilogramme de poids vif, la « stop-dose » découlant seulement du fait que la surface corporelle des animaux ne croît plus significativement au-delà de 50 kg. Une dose plus en rapport avec les poids des brebis de notre région permettrait probablement un allongement de la durée de protection. Cette réflexion nous a conduits à un nouvel essai dans ce sens durant l’été 2018.
Matériel et méthodes
Quatre lots de 100 brebis ont été retenus comme support de notre essai, dans un élevage touché chaque année par Wohlfahrtia depuis 2012, et ayant par ailleurs éliminé les infections du pied observées depuis plusieurs années par un plan de lutte incluant la vaccination contre le piétin. La répartition prévue des lots est la suivante :
- Lot 1 : témoin négatif ne faisant l’objet d’aucune prévention,
- Lot 2 : témoin positif avec application de CLIK® à la stop-dose, c’est-à-dire 35 ml par brebis pesant plus de 50 kg,
- Lot 3 : application de CLIK® à la posologie de base de 0,6 ml / kg définie par l’AMM,
- Lot 4 : application de CLIKZIN® (médicament à base de dicyclanil à une concentration de 1,25% contre 5% dans le CLIK®) à la posologie de base de 0,6 ml / kg définie par l’AMM.
Les brebis paraissant les plus lourdes des lots 2, 3 et 4 sont pesées (voir photo 4) et la dose de CLIK et de CLIKZIN appliquée sur les lots 3 et 4 est définie sur le poids de la brebis la plus lourde enregistré dans chaque lot. Cette dose appliquée est la même pour toutes les brebis du même lot.
Ainsi :
- Lot 2 : les poids obtenus à la pesée varient de 85 à 95 kg ; l’application de 35 ml de CLIK® conduit à une posologie comprise entre 0,37 à 0,41 ml / kg, inférieure donc à la posologie préconisée de 0,6 ml / kg.
- Lot 3 : les poids obtenus varient de 75 à 80 kg, la posologie retenue de 0,6 ml / kg conduit donc à une application de 48 ml de CLIK®.
- Lot 4 : les poids obtenus varient de 75 à 85 kg, la posologie retenue de 0,6 ml / kg conduit donc à une application de 52 ml de CLIKZIN®.
L’application est réalisée sur des brebis serrées dans un parc de contention. Dans le lot 2, la préconisation de répartir la dose à part égale entre la ligne du dos et autour de la queue est respectée, avec une distance d’application à environ 45 cm du corps des animaux pour obtenir une bande de produit de 10 cm de large. Pour les lots 3 et 4 (photos 5 et 6), du fait du volume utilisé plus élevé, il est décidé d’appliquer :
- 1/4 de la dose sur la ligne du dos, des épaules vers la croupe,
- 1/4 de la dose sur la ligne du dos, de la queue en remontant vers les épaules,
- 1/4 de la dose en partant du dessus de la queue et en descendant le long du gigot droit,
- 1/4 de la dose en partant du dessus de la queue et en descendant le long du gigot gauche.
Lors de l’application, il est constaté que le temps demandé par cette application en 4 bandes n’est pas sensiblement plus élevé que l’application en 2 bandes. Elle permet en outre de mieux respecter la préconisation d’une application à 45 cm du corps des animaux, même en cas de mouvement de ceux-ci.
Les lots sont conduits sur des parcelles voisines et contigües. Pour chaque cas, sont enregistrés le numéro d’identification de la brebis, la date d’apparition de la lésion de myiase, sa localisation exacte, le nombre de larves retrouvées, le traitement réalisé et son résultat, l’existence éventuelle d’une rechute et sa date. En cas d’atteinte des animaux par Wohlfahrtia, l’éleveur traite par la méthode de son choix. La méthode préconisée est une application de 5 ml de DELTANIL® sur la lésion puis une vérification de la plaie 24 heures après le traitement et l’application d’une spécialité désinfectante et cicatrisante.
L’essai débute le 19 juin 2018, après avoir laissé passer la période des forts orages observée sur le secteur en début de mois.
- Résultats
Les premières atteintes apparaissent sur le lot témoin dans les 15 jours qui suivent le début du traitement, ce qui confirme que l’élevage est bien sujet à ce type de myiases (Cf figure 1). La différence de prévalence au 24 juillet est significative entre ce lot témoin et chaque lot essai. Les atteintes s’enchaînent ensuite régulièrement tout au long des 18 semaines de l’essai, montrant que l’élevage est bien soumis en permanence à la pression parasitaire de Wohlfahrtia. La prévalence en fin d’essai est de 29 %, similaire à celle observée sur le lot témoin dans nos essais 2017 [12].
Sur le lot 2 (CLIK® à 35 ml), le premier cas apparaît le 20 juillet, les cas suivants apparaissant et se succédant 7,5 semaines après le début de l’essai. Au 11 août, la prévalence de ce lot est significativement différente de celles des lots 1 et 4. Là encore ces résultats confirment ceux de notre essai 2017 avec le dicyclanil (CLIK®), montrant une efficacité mais une limite de rémanence de ce médicament au bout de 7 semaines.
Sur le lot 3 (CLIK® à 0,6 ml / 10 kg), on observe 7 cas en 4 jours entre le 28 et le 31 juillet, puis une phase d’accalmie (1 seul cas) jusqu’au 27 septembre, soit 14 semaines après le début de l’essai. A cette date plusieurs cas se succèdent. L’épisode de cas observé fin juillet survient une quinzaine de jours après la période des saillies des brebis du lot (8 au 14 juillet), réalisées après synchronisation par éponges, et correspond à l’arrivée à maturité des larves pondues sur cette zone lors des chaleurs de ces femelles (figure 2). Cet épisode explique qu’au 27 septembre, la différence de prévalence soit significative entre le lot 3 et les lots 1 et 4, mais pas avec le lot 2. Si l’on retire de l’étude statistique les cas liés à cet épisode, cette différence entre les deux doses d’application du dicyclanil devient en effet significative.
Sur le lot 4 (CLIKZIN®), les cas apparaissent dès 3 semaines après le début de l’essai pour s’enchaîner ensuite de façon très régulière. On retrouve le même effet favorisant des chaleurs sur ce lot dont les brebis ont été mises à la saillie, après synchronisation, en 2 fois (fin juillet puis mi-août).
Dans l’ensemble des quatre lots, les atteintes sont majoritairement situées au niveau de la vulve (Cf figure 2). Les lots 3 et 4, mis à la reproduction durant l’essai, présentent les plus forts taux d’atteintes vulvaires.
Discussion
Il existe bien un effet dose du dicyclanil, et le respect de la posologie de base du CLIK®, fixée par l’AMM pour des animaux lourds à 0,6 ml / kg, permet d’allonger la durée de protection vis-à-vis des myiases à Wohlfahrtia comparativement à une utilisation de la stop-dose de 35 ml, en dehors de la présence de facteurs de risque. Cette durée est de 14 semaines dans notre essai. Cet effet dose est confirmé par les résultats du lot traité avec le dicyclanil à 1,25% (CLIKZIN®), sur lequel la durée de protection n’excède pas 3 semaines.
En présence de facteurs de risque, représentés dans notre essai par la mise à la reproduction et les chaleurs des brebis, la protection n’est pas garantie à 100 % durant cette période de protection. A la pose des éponges vaginales ou quelques jours avant la mise à reproduction sur chaleurs naturelles, il est donc prudent de conseiller l’utilisation d’un antiparasitaire externe ou d’un produit d’hygiène insectifuge pour protéger la zone de la vulve.
Comme le montre l’atteinte quasi-exclusive de la vulve dans les lots 3 et 4, l’utilisation des éponges vaginales pour synchroniser les chaleurs des brebis constitue une pratique aggravante pour l’apparition des myiases. Toutes les brebis venant en chaleurs sur une période très courte, l’attractivité sur les mouches est de ce fait probablement accrue.
Cette atteinte préférentielle de la vulve observée dans notre essai, contrairement aux observations réalisées en 2017 sur les essais de traitement où les pieds étant majoritairement touchés [12], confirme également l’effet favorisant des affections du pied sur les myiases à Wohlfahrtia. On se rappellera en effet qu’à la différence des élevages utilisés en 2017, le troupeau support de l’essai 2018 est indemne de ces affections.
Préconisations
Une prévention efficace contre les myiases à Wohlfahrtia magnifica passe d’abord et avant tout par une maîtrise des facteurs de risque, car aucune solution ne nous a permis à ce jour d’assurer une protection totale en leur présence.
Il est donc indispensable de :
- Maîtriser les affections des pieds dans le troupeau, par la mise en place d’un protocole complet de lutte, particulièrement contre le piétin et le mal blanc,
- Assurer la cicatrisation rapide de toutes les plaies, en particulier celle de la tête des béliers, mais également les plaies d’écornage chez les bovins ; l’assèchement rapide du cordon ombilical est également important chez les jeunes naissant à la période de risque,
- Tenir compte des écoulements vaginaux à la mise à la reproduction des femelles en rentrant celles-ci en bâtiment à cette période, lorsque cela est possible, ou en appliquant un antiparasitaire externe ou un produit d’hygiène insectifuge autour de la vulve,
- Laisser une queue mi-longue à la coupe chez les ovins [5], afin qu’elle puisse servir de chasse-mouche contre Wohlfahrtia, obligée de se poser pour pondre ses larves.
A ce stade de nos connaissances et des solutions disponibles, seul un plan complet d’intervention permet ensuite de protéger efficacement les animaux à l’échelle d’un troupeau. Ce plan associe :
- Une protection corporelle, par le recours à l’une des solutions suivantes qui doivent être appliquées dans le plus grand respect de leurs modalités d’utilisation :
*Dicyclanil
- Toutes les 12 à 13 semaines (3 mois)
- 0,6 ml minimum / kg / brebis
- Application à 45 cm du corps pour obtenir 4 bandes larges de 10 cm sur la ligne du dos et à l’arrière de chaque cuisse
*Pyréthrine Pour on
- Toutes les 4 semaines
- Posologie suivant l’antiparasitaire externe utilisé
- Application au contact direct de la peau, en prenant soin de bien passer à travers la toison chez les ovins
*Pyréthrine ou organophosphoré en pulvérisation
- Toutes les 4 semaines
- Dilution selon suivant l’antiparasitaire externe utilisé
- Au moins 2 litres de solution diluée appliquée par brebis
*Solution naturelle insectifuge à base d’extraits végétaux (par exemple géraniol et eucalyptus citriodora)
- Toutes les 2 semaines
- Dosage selon solution utilisée
- Application en pulvérisation
Chez les ovins, on tiendra compte de la date de tonte et de la longueur de la laine pour utiliser la solution la plus adaptée avant et après celle-ci. (voir figure 3).
- La mise à disposition en libre-service de seaux à lécher contenant des extraits végétaux d’ail, aux propriétés insectifuges reconnues ; il convient d’être attentif à la concentration de ces extraits végétaux et à la consommation de l’aliment qui sera améliorée en période de sécheresse par l’arrosage de celui-ci,
- Dans les troupeaux présentant des affections du pied, le passage dans un pédiluve dilué d’antiparasitaire externe (dilution bain) tous les 15 jours.
Ce programme devra être mis en place dès le printemps et avant l’apparition des premiers cas de myiases à Wohlfahrtia, afin d’interrompre le plus rapidement possible les cycles de développement de la mouche.
A cette période et pour cet objectif, l’utilisation d’un antiparasitaire externe à action insecticide est recommandé afin de tuer les mouches et non pas seulement les repousser, ce qui ne casserait en rien les cycles.
A l’échelle d’une zone plus large que le seul élevage, l’application de ce programme complet doit être réalisée par l’ensemble des exploitations si l’on veut maîtriser la pathologie et limiter son extension.
Concernant le traitement, la préconisation reste celle issue de nos essais 2017 :
- Application d’une pyréthrine avec excipient huileux (voir résultats d’essai), selon les préconisations de l’AMM : 5 ml appliqués directement sur les larves,
- Contrôle de la plaie 24 heures après le traitement, avec si nécessaire un retrait manuel à la pince des larves restées au fond des cavités, puis application d’une préparation facilitant la désinfection et la cicatrisation.
Projets d’essais
Nos préconisations concernant la prévention découlent de l’analyse et de la compilation de l’ensemble de nos essais, expériences et observations réalisés depuis l’apparition de la maladie dans notre région. Ceux-ci nous ont permis de démontrer l’efficacité ou non de certaines pratiques et de l’utilisation de plusieurs produits, médicamenteux ou non. En particulier les essais 2017, associant différentes pratiques (protection corporelle, seaux enrichis en ail, pédiluve), nous ont apporté les meilleurs résultats en termes de maîtrise de la prévalence de la maladie et de durée de protection vis-à-vis des myiases [12]. Il convient aujourd’hui de confirmer ses résultats par la recherche de leur récurrence et d’affiner les protocoles afin de les rendre plus optimaux.
Ainsi, dans le cadre du COPIL WOHLFAHRTIA, les essais suivants ont été proposés par le Pôle Santé Animale pour 2019 :
- Essais « systèmes » de validation de l’intérêt des protocoles complets pour la prévention et la maîtrise des myiases à Wohlfahrtia :
Trois essais différents permettraient de confirmer l’intérêt d’associer une mise à disposition de minéraux à lécher enrichis en extraits végétaux d’ail, une protection insectifuge de la zone de la vulve en période de reproduction et une protection des pieds, à une protection corporelle obtenue respectivement par l’application de dicyclanil, de pyréthrine ou d’extraits végétaux.
Ces trois essais pourraient être reproduits autant de fois que pourront le permettre les moyens humains (éleveurs susceptibles de mener l’essai jusqu’à son terme et acceptant la mise en place d’un lot témoin, vétérinaires ou techniciens pour le suivi) et financiers disponibles.
- Essai de validation de l’intérêt du protocole complet de maîtrise des affections du pied sur la prévention des myiases à Wohlfahrtia :
Cet essai aurait pour objectif de montrer et quantifier l’intérêt sur la prévention des myiases à Wohlfahrtia de la mise en place d’un protocole complet de maîtrise des affections du pied dans un troupeau atteint par celles-ci.
- Essai d’une concentration supérieure de dicyclanil
Cet essai viserait à comparer la durée de protection assurée par le CLIK, dosé à 5% de dicyclanil, et appliqué à la posologie de 0,6 ml / 1 kg (soit 2100 mg de dicyclanil pour une brebis de 70 kg), avec une solution concentrée à 6,5% à la posologie de 36 ml / animal, soit 2340 mg de dicyclanil / animal. Ce dernier médicament n’étant pas commercialisé en France, cet essai est soumis à une autorisation d’importation par l’Agence Nationale du Médicament Vétérinaire. Cette demande d’autorisation est en cours, sans certitude de recevoir un avis positif. Le premier objectif de cet essai est de montrer si la concentration de dicyclanil a un effet sur l’efficacité et la durée de protection. Secondairement, l’utilisation d’une concentration identique dans un volume plus faible de produit permettrait une application plus aisée.
D’autres essais en recherche fondamentale sont également proposés par d’autres structures membres du COPIL WOHLFAHRTIA.
Pour conclure...
Les myiases dues à Wohlfahrtia magnifica sont devenues en quelques années une pathologie majeure de l’élevage ovin de notre région. Si les pertes par mortalité sont faibles, les incidences économiques sont importantes, liées au temps passé pour le traitement et la prévention de la maladie et aux coûts des thérapeutiques engagées. L’identification de Wohlfahrtia en 2013, par le laboratoire du Pôle Santé Animale de l’Alliance Pastorale et celui de l’unité de parasitologie de l’Ecole Nationale vétérinaire d’Alfort, a ouvert la voie à une meilleure connaissance de la maladie et de son vecteur, et à la mise en place d’essais en vue de sa maîtrise dans le cadre du COPIL WOHLFAHRTIA créé à cette intention. Les connaissances issues de ces essais permettent aujourd’hui des préconisations en termes de traitement et de prévention. Cette dernière ne peut être efficace que si elle comprend un programme complet qui, à l’échelle de la région, doit être mis en place par l’ensemble des éleveurs. C’est l’objet du programme collectif de lutte proposé aujourd’hui. Dès ce printemps, la mise en place de ce programme doit s’accompagner de la poursuite d’essais visant à consolider et à affiner les stratégies de prévention proposées.
BIBLIOGRAPHIE
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